BONNES FEUILLES
Nous sommes heureux de vous présenter, en avant-première, sur diasporablogj, des extraits de la première publication de notre collaborateur, Philippe Meyer : "SANS CONCESSION" avec le soutien du Jerusalem Post et Guysen News.
Et recommandé par diasporablogj.
Depuis trois ans, qu'il écoule ses chroniques dans les différents médias de la communauté juive ou sur des sites francophones israéliens (Jérusalem Post dans sa version fraçaise, Guysen News,..), Philippe Meyer, par ailleurs économiste apprécié, a su, peu à peu, se glisser dans la peau d'un observateur averti dans les domaines complexes que sont le conflit israélo-palestinien, l'antisémistisme, l'antisionisme. Il s'est fait l'un des chantres de la désinfrmation. Pour se faire entendre, Philippe Meyer emploie une plume brillantissime, très affinée. Ses commentaires sont, comme le rappelle le titre de son livre, sans concession,sans langue de bois, mais aussi, contrairement à ce qui se lit sur certains sites ou revues juives, sans animosité, sans esprit de revanche.
En gros, lire Philippe Meyer, c'est comme voir un torrent qui coule de source. Limpide, authentique, naturelle.
Bernard Koch
16 octobre 2003
La France est-elle antisémite ? Parlons vrai !
Autant le dire tout de suite, l’émission diffusée par ARTE mardi 14 octobre 2003 et intitulée « La France est-elle antisémite ? » était courageuse, équilibrée et professionnelle. Une situation suffisamment rare dans ce type de questions traitées par les médias français pour être soulignée. Indépendamment des reproches que certains pourront lui faire de part et d’autre des protagonistes, inévitables dans le cas de sujets aussi sensibles et passionnels que le conflit au Proche-Orient et la place du judaïsme dans la société française, cette émission aura eu deux mérites majeurs : poser une question suffisamment provocante pour susciter un débat que peu osent ouvrir ; apporter des éléments de réponses justes et qui méritent d’être approfondis pour tenter de juguler le mal.
Intituler de la sorte une émission diffusée en première partie de soirée et qui plus est sur une chaîne nationale ne peut laisser indifférent. Il est évident que strictement parlant, la France de 2003 en tant que telle n’est pas antisémite. Les mots ont un sens, et le souvenir de ce qu’était réellement l’antisémitisme il y a plus de 50 ans de cela nécessite de relativiser un tel jugement. Que ce soit dans la presse, dans la classe politique (exceptés des cas extrêmes), au sommet de l’Etat ou dans l’opinion publique, l’antisémitisme au sens premier du terme reste farouchement combattu, sans compromis et sans relâche. La France antisémite des années 30-40, avec ses campagnes de haine et de persécutions officiellement menées par les pouvoirs public avec le soutien actif d’une partie de l’élite du pays et de la population civile, n’est en rien comparable avec la France d’aujourd’hui. Les juifs français sont libres de leur destin et quelque soient les craintes ou les ressentiments que certains peuvent légitimement ressentir de temps à autres, ils vivent en parfaite harmonie avec la société française. Il faut être très clair là-dessus. La mémoire et le respect des drames passés nécessitent l’objectivité sur la situation présente.
Mais si on ne peut qualifier la France d’antisémite, trois faits restent incontestables. D’une part, un regain d’actes et de propos antisémites a surgi depuis quelques années dans notre pays. D’autre part, le visage et la forme de ce nouvel antisémitisme ont radicalement changé. Enfin, une partie (même très minoritaire) de la classe politique semble fermer les yeux, voire accepter, voire alimenter la résurgence de ce monstre d’un autre âge aux habits renouvelés. Une grande partie de la communauté juive de France est consciente de cette situation nouvelle, d’où ce sentiment mêlé d’incompréhension, de crainte, de révolte et finalement de coupure. Et c’est précisément en cela que l’émission d’ARTE a apporté des éléments de réponses justifiés à une question qui était il est vrai excessive. Ces éléments, il nous appartient à tous, juifs et non juifs, d’oser les mettre en avant et les développer sans complexes ni prudence. Ce n’est que comme cela que la « bête immonde » sera terrassée avant même qu’elle n’ai eu le temps de propager son mal, que soit bien sûr chez les juifs eux-même mais également dans l’ensemble de la société française. Un parler vrai salutaire pour l’avenir.
Même si l’antisémitisme historique reste évidemment une composante indissociable de l’idéologie de l’extrême droite, sa forme moderne trouve d’abord son terreau dans le conflit israelo-palestinien. Il en résulte à la fois une expression nouvelle de cette haine du juif et des porte-paroles nouveaux pour l’exprimer. En clair, antisémitisme et antisionisme sont les deux revers d’une même médaille. Ceux qui diront le contraire font appel à une dialectique dangereuse qui dans le meilleur des cas révèle une certaine naïveté, et dans le pire des cas s’apparente à un piège destiné à masquer leurs intentions réelles . La shoah avait rendu l’antisémitisme impossible, la défense des palestiniens lui offre l’occasion d’une renaissance à peine voilée. Et plus la ficelle est grosse, plus elle passe. C’est ainsi qu’en poussant l’ignominie vers de nouvelles limites, sionisme et fascisme deviennent les facettes d’une même idéologie, dirigeants israéliens et nazis les adeptes d’une même politique. Ce n’est finalement que la victime qui a changé. Et quand la victime d’hier devient le bourreau d’aujourd’hui, son acte en devient encore plus ignoble. Une seule solution s’offre alors, l’éradiquer comme cela avait été fait avec son prédécesseur. La boucle est bouclée. La volonté d’expulser les juifs d’Israël pour des raisons humanitaires rend ainsi plus légitime la volonté de lutter contre les juifs en général. Et l’antisémitisme est de retour. Ce tour de passe-passe est d’abord le fait d’une très grande majorité des dirigeants politiques et culturels de nombreux pays arabes, avec comme conséquence la propagation dans une partie de la population arabe (et non musulmane) vivant dans nos société occidentales. Il n’est pas question ici d’ignorer des conditions de vie parfois difficiles pour une partie d’entre eux. Mais rien n’excuse les paroles prononcés et les gestes commis. Car à la différence de l’antisémitisme d’extrême droite qui demeure très théorique, celui-ci passe à l’acte. L’ampleur de la communauté arabe en France en amplifie alors les effets, et les dangers. Les témoignages présentés à visages ouverts dans l’émission d’ARTE et les actes de violence répertoriés depuis plus de deux ans en France contre la communauté juive sont très clairs. Oui, l’antisémitisme en France aujourd’hui est d’abord celui qui se développe dans les banlieues et les quartiers dits « difficiles ». Mais difficiles pour qui ?
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