"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma  Ed Universlam


CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

mardi, mai 03, 2011

REVOLTE
DUPEUPLE
SYRIEN
UNEINTERVENTION
INTERNATIONALE
EST-ELLEENVISAGEABLE?
Source : lemonde.fr en ligne le 3 mai


Une intervention de l'ONU
s'impose en Syrie



La propagation du printemps arabe jusqu'à la Syrie remet en cause la mainmise du clan alaouite sur le pays, bien qu'il ne représente que 15 % de la population. Depuis son accession à la tête de l'Etat en juillet 2000, Bachar Al-Assad n'a pas eu les mains libres. Déjà mal préparé à cette succession dynastique puisque ce poste était réservé à son frère aîné Bassel, décédé en janvier 1994. Bachar, second fils, devient candidat naturel.


Bachar voit dès le départ son pouvoir bridé par la vieille garde baassiste qui ne veut pas entendre parler de transparence économique, et par l'appareil sécuritaro-militaire qui dispose d'une grande liberté de manoeuvre. Bachar reprend le discours nationaliste de son père afin de maintenir un consensus autour de lui, renonce à lutter contre la corruption, car ses proches sont des orfèvres en la matière, modernise son économie en l'ouvrant surtout à un pan de la bourgeoisie sunnite d'où son épouse Asma est originaire.

Il n'est pas seul à décider, contrairement à son père. L'assassinat de l'ex-premier ministre libanais, Rafik Hariri, le 14 février 2005, en est l'illustration. Le département de la sécurité et de la reconnaissance, appendice des services syriens au Liban, est devenu un pouvoir puissant et autonome du siège central. Dirigé pendant plus de vingt ans par le général Ghazi Kanaan, puis par le général Rostom Ghazalé, ce département est en réalité chargé de la politique libanaise avec les prérogatives classiques : torture, répression, contrôle de tous les trafics, y compris celui de la drogue. A tel point que Kanaan est surnommé "le vice-roi". Il quitte ce poste pour devenir ministre de l'intérieur.

L'enquête sur la mort de Rafik Hariri entraîne le suicide de ce général dans son ministère en décembre 2005. Avec le retrait des forces syriennes du Liban, Bachar Al-Assad est libéré de ce pouvoir occulte et trop indépendant basé au Liban. Se termine une situation de bicéphalisme, désavantageuse pour le président. La mise à la retraite de nombreux généraux, compagnons d'armes de son père, ne lui permet cependant pas de reprendre les rênes du pays puisqu'un transfert du pouvoir s'opère au bénéfice d'officiers de sa génération et de son clan, à l'instar de son frère Maher, général de la garde présidentielle, et de son beau-frère Assef Chawkat, patron de la sécurité militaire. L'armée syrienne est plus que jamais axée sur le groupe des alaouites.

Avec l'insurrection de Deraa, puis de toutes les villes du pays, la solidarité alaouite s'organise autour du tout répressif sur le terrain, de concessions et de promesses dans le discours. L'état d'urgence est levé, décision très symbolique mais qui ne modifie pas grand-chose puisque des lois dites anti-terroristes sont attendues. Par ailleurs, les forces de sécurité ne sont pas comptables devant la justice pour les actions menées dans le cadre de leur fonction. Le droit de manifester est accordé, mais les protestations publiques restent interdites.

Nuances que la population ne comprend pas. L'évocation par le pouvoir d'un complot étranger est une explication partielle, tout comme la menace d'un retour des Frères musulmans qui n'est pas encore à l'ordre du jour. Il suffit de rappeler que le premier appel à manifester lancé sur Facebook a fixé la date du 3 février. Ce fut un échec, car ce rendez-vous coïncidait avec la commémoration des événements de Hama en 1982. Il ne faut cependant pas rejeter trop vite les possibles infiltrations étrangères ou islamistes. Peut-être les deux.

L'exécution récente d'officiers syriens, y compris un général alaouite, n'est pas sans rappeler les méthodes des Frères musulmans des années 1980 qui ont exécuté des responsables alaouites. Le parallèle n'est pas anachronique. L'appel à manifester de nouveau le vendredi saint est une volonté de désislamiser la contestation en lui donnant une assise pluriconfessionnelle, car la liberté n'a pas de religion, selon les mots d'ordre lancés sur Facebook. Mais les chrétiens de Syrie, seconde minorité après les alaouites, ont toujours été courtisés par le pouvoir.

Ils constituent, avec les Druzes (700 000 environ en Syrie), les principaux soutiens du régime auxquels il faudrait ajouter la bourgeoisie sunnite qui préfère cette présidence au chaos apparu en Tunisie et en Egypte. Cette bourgeoisie issue des bazars de Damas et Alep est aussi hantée par l'antécédent irakien puisque les deux pays ont les mêmes facteurs de fragmentation confessionnelle. De ce fait, le régime d'Al-Assad dispose d'un filet de sécurité.

Avec plus de 400 morts, le bilan répressif tend à voisiner celui d'un Hosni Moubarak finissant, dont le seul soutien était les Baltaguia (hommes de main enrôlés par le parti présidentiel), puisque l'armée régulière s'est déployée pour protéger les manifestants de ses agissements, notamment ceux de la place Tahrir. Les forces terrestres ont fait face au raïs. Il en est autrement en Syrie où les forces de l'ordre dirigées par les alaouites font front commun avec leur président.

Le pilonnage intensif de la ville de Deraa, le jour de Pâques, et le déploiement de milliers de soldats soutenus par des blindés montrent que les jeunes généraux alaouites renouent avec les pratiques sanguinaires antérieures. Officiellement, l'armée est intervenue à la demande de la population pour neutraliser les terroristes qui sévissent dans les rues de Deraa. Pour preuve, Damas ferme sa frontière avec la Jordanie puisque les turbulences viennent de l'extérieur. Complot étranger, refus de dialogue et de réformes, les éléments d'un scénario sanglant sont en place, d'autant qu'il y va de la survie du régime alaouite.

Les dénonciations des massacres et les menaces de sanctions de la communauté occidentale sont un premier pas, mais insuffisant. Une nouvelle résolution de l'ONU pour une intervention internationale est nécessaire et improbable à la fois, car l'exemple libyen risque de pousser la Chine ou la Russie à opposer leur droit de veto. De plus, le départ de Kadhafi est une avancée vers la solution alors qu'en Syrie le dénouement passera par l'éviction des alaouites des postes stratégiques. Le nombre de morts est trop important pour envisager une formule d'union nationale.


Naoufel Brahimi El-Mili,
consultant international,
docteur en sciences politiques de l'IEP de Paris


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