"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

mardi, février 17, 2009

LESANTILLES
SOUS
HAUTETENSION
Source : lefigaro.fr en ligne le 17 février


Guadeloupe, Martinique,la possibilité des îles



Par Yves Jégo




Yves Jégo, le secrétaire d'État chargé de l'Outre-Mer commente la crise qui secoue la Guadeloupe et la Martinique et explique leur importance dans la République française, notamment sur le plan écologique et maritime.

La crise qui secoue la Guadeloupe depuis le 20 janvier 2009 est trop sérieuse pour que nous en restions aux effets de manche de ceux qui cherchent à l'instrumentaliser à des fins partisanes. Ceux qui, en métropole, tentent de la présenter comme le symbole d'une contestation dirigée contre la politique du gouvernement, méprisent le message des Guadeloupéens et trahissent les attentes de nos compatriotes ultramarins. La vérité, c'est qu'il ne s'agit pas d'un mouvement de protestation sporadique, mais bien d'une triple crise. Une crise économique qui frappe toute la planète et atteint plus vite les économies fragiles, une crise structurelle liée aux dérives ultimes mais encore observables de l'héritage d'une économie « de comptoir » et enfin, et peut-être surtout, une crise existentielle, en tout cas une crise sociétale.

Après plus de vingt-cinq jours de grève générale en Guadeloupe et dix jours en Martinique alors que la tension croît, alors que les risques de violences se multiplient, chacun doit admettre qu'il est temps qu'une vie économique normale reprenne son cours. Mais ne nous méprenons pas : finir la grève, ce n'est pas en finir avec la crise. Notre politique n'est pas d'acheter, comme ce fut tant de fois le cas auparavant, une illusoire paix provisoire. Notre ambition, c'est de mobiliser toutes les énergies pour que la Guadeloupe sorte de l'impasse d'une société bloquée. Et si la société guadeloupéenne est bloquée, c'est d'abord parce que son économie est faussée. La fin de la grève doit ouvrir le temps d'une refondation à la fois économique et sociale.

Ma conviction, c'est que la crise guadeloupéenne traduit l'essoufflement du modèle de développement antillais issu de l'après-guerre. Ce modèle, celui du rattrapage économique et l'égalisation des conditions avec la métropole, a été fondé essentiellement sur les transferts financiers venant de la métropole. Au fil du temps, d'une logique d'investissement, nous sommes passés à une logique de rente. La Guadeloupe, plus encore sans doute que les autres départements d'outre-mer, est devenue une société de consommation produisant trop peu. Un de mes interlocuteurs me disait la semaine passée à Basse-Terre « nous sommes passés de la plantation à la consommation puis à l'hyperconsommation ».

Ce que révèle la crise guadeloupéenne, c'est la limite d'un modèle de développement économique qui a vu croître la dépendance vis-à-vis des importations depuis quarante ans. Ce que révèle la crise guadeloupéenne, c'est la nécessité de mettre en œuvre une nouvelle stratégie économique non plus exogène mais endogène, en réorientant les investissements vers des secteurs clés. Cette nouvelle stratégie est au cœur du projet de loi pour le développement économique de l'outre-mer (Lodéom), voulu par Nicolas Sarkozy, que je défendrai au nom du gouvernement devant le Parlement, et dont le premier ministre m'a demandé, dans les jours qui viennent, de renforcer la cohérence avec les acteurs économiques ultramarins.

Le défi que nous avons à relever est considérable. Si notre lien avec l'outre-mer venait à se relâcher, c'est le tissu même de la France et l'idéal de la République qui se déferaient. La France des trois océans est une chance pour notre pays. Cette chance, non seulement certains, en métropole, refusent de la voir, mais trop d'ultramarins n'osent y croire et s'en saisir.
Il suffit d'élargir son champ de vision pour voir la réalité. Les territoires d'outre-mer sont autant de relais d'influence et des postes avancés pour l'Europe. La mondialisation n'est pas seulement un flux de marchandises : c'est avant tout un enjeu de civilisation qui met en relation les populations et implique la recherche de nouveaux équilibres entre les territoires. Les territoires d'outre-mer placent la France aux avant-postes des grands défis du XXIe siècle, le défi écologique, le défi maritime et le défi de la diversité. Le défi écologique, d'abord, parce que ces territoires, qui détiennent 80 % du patrimoine national en matière de biodiversité, peuvent et doivent devenir des lieux d'innovation et des exemples en matière de développement durable.

C'est la volonté de la France, comme l'a indiqué le président de la République qui entend, par exemple, faire du programme « Réunion 2030 », visant à rendre l'île autonome sur le plan énergétique, un projet phare du quinquennat. Je prendrai l'initiative, dès les semaines à venir, de proposer, pour chaque département d'outre-mer, d'entreprendre une concertation approfondie destinée à mettre en œuvre des stratégies territoriales de même nature.
Le défi maritime, également, parce que le sort de l'humanité se joue dans la capacité à préserver et à mettre en valeur les ressources des mers. L'enjeu est stratégique pour la France qui, par l'outre-mer, est la deuxième puissance maritime au monde, derrière les États-Unis. Détenir près de 12 millions de km² de zone économique exclusive, dont 97 % se trouvent outre-mer, c'est un potentiel considérable en raison de l'importance des ressources halieutiques, mais également une responsabilité considérable pour l'équilibre planétaire.

Le défi de la diversité, enfin, pour notre République qui doit sans cesse réapprendre à lier l'idéal de liberté et d'égalité avec le respect des différences. Nous avons beaucoup à apprendre des sociétés ultramarines, qui sont autant de creusets d'une France diverse par nature et autant d'expressions de l'ouverture au monde et de l'universalisme français. Or la France a eu trop tendance, ces dernières années, à négliger sa propre diversité…
Pour relever tous ces défis, le gouvernement ne renonce pas à l'indispensable politique de compensation des handicaps liés à la situation d'éloignement et d'isolement de ces territoires insulaires. Les écarts économiques ou sociaux avec la métropole doivent être comblés. Ceux qui crient aujourd'hui au désengagement de l'État ne font en réalité que jouer sur les peurs : la réalité, c'est que le budget 2009 consacre 16,7 milliards à l'outre-mer contre 15 milliards en 2008 !

Oui, l'outre-mer a besoin d'amour. Mais d'un amour sincère qui suppose un regard lucide et un discours de vérité. Pour tous les ultramarins, et pour la France, le gouvernement de François Fillon a fait le choix raisonné d'une stratégie de développement pour générer de la croissance plutôt que celui d'une croissance sans développement. Cette stratégie n'est pas une vision imposée d'en haut. C'est la réponse concrète et chiffrée de l'État à l'attente des ultramarins, et notamment des plus jeunes, de voir la France changer de regard sur les outre-mers. C'est aussi un message de fierté. Et l'affirmation d'une conviction commune : l'avenir de la France et de l'Europe passe par l'outre-mer.

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