"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

jeudi, février 17, 2011

REVOLTES
DESPEUPLESARABES
LEKOWEÏT
NESTPASEPARGNE

Source : le site de Courrier International
en ligne le 16 janvier



La fin de l'exception koweïtienne



Depuis deux mois, l'émirat connaît une agitation politique importante, et des mouvements d'opposition ont appelé à une manifestation le 8 mars prochain. La moindre étincelle peut avoir des conséquences graves, prévient l'écrivain et journaliste Abdelkader Al-Jassem.


Certes, le Koweït n'est pas l'Egypte. Les Koweïtiens se distinguent même de tous les autres Arabes par les relations particulières qu'ils entretiennent avec la famille régnante de leur pays. Lors de l'occupation irakienne, ils étaient restés fidèles aux Al-Sabah [alors que l'émir et la plupart des princes avaient quitté le pays – la dynastie Al-Sabah dirige l'émirat du Koweït depuis plus de deux siècles]. Il est impossible que quelqu'un puisse penser à leur disputer leur rôle à la tête de l'Etat. Tout le peuple koweïtien aime cette famille.

Mais il faut dépasser nos inhibitions et rompre avec les discours convenus. Force est de constater que, chez nous aussi, il existe de la corruption, des tentatives de réprimer les libertés et une propension à concentrer le pouvoir. La nature humaine est la même partout, que ce soit en Tunisie, en Egypte ou au Koweït. Aucun pays n'est à l'abri d'un soudain mouvement pour demander des réformes. Personne ne peut garantir que les choses resteront toujours en l'état. Qui aurait pensé que Hosni Moubarak pouvait tomber ? Qui aurait pensé que les Etats-Unis allaient abandonner un de leurs principaux alliés dans la région ? La roue tourne, et cela ne sert à rien de parier sur une prétendue "exception koweïtienne" ou de monter sur une chaise et de crier : "Nous sommes différents, nous, ça ne va pas être pareil !"

Qui aurait cru que notre gouvernement, si "différent" des autres, allait envoyer les forces spéciales contre un rassemblement de l'opposition [le 8 décembre 2010], agresser des députés et tabasser des citoyens ? Que notre gouvernement allait emprisonner des opposants ? Que la corruption allait atteindre des sommets ? N'est-ce pas notre Premier ministre qui a libellé des chèques en faveur de certains députés ? N'est-ce pas notre gouvernement qui protège des médias pourris qui montent les Koweïtiens les uns contre les autres ? N'est-ce pas notre gouvernement qui a interdit les rassemblements publics [depuis deux mois] ? Si la sagesse de notre émir ne l'avait pas poussé à prendre des mesures d'apaisement, on aurait peut-être assisté à des événements que personne ne souhaite. Désormais, si les réformes nécessaires ne sont pas mises en œuvre rapidement, la moindre étincelle peut avoir des conséquences graves. Les jeunes parlent déjà d'organiser une grande manifestation le 8 mars pour demander la démission du Premier ministre [Nasser Al-Mohamed, membre de la famille régnante].

Sa démission est de plus en plus probable. Mais cela suffira-t-il ? Non. Il faudra changer de pratique politique. D'une part, il faudra que le gouvernement ne soit plus une simple émanation de la famille régnante, mais acquière une véritable autonomie. D'autre part, il faudra tout simplement appliquer la lettre et l'esprit de la Constitution. Premièrement, il faudra que cessent les tentatives de la vider de son contenu ou de la contourner. Deuxièmement, que la famille régnante se limite à ses prérogatives constitutionnelles. Troisièmement, que les membres de la famille régnante ne se croient plus autorisés à intervenir dans ce qui relève de la compétence du gouvernement. Quatrièmement, faire du chef de l'Etat [l'émir] une figure politiquement neutre, père de la nation et non tête de l'exécutif. Cinquièmement, arrêter d'intervenir dans les élections législatives et autres, que ce soit financièrement ou par d'autres moyens de pression. Sixièmement, ériger la compétence en seul critère de choix pour les postes gouvernementaux et mettre un terme aux guéguerres qui opposent les princes issus de différents clans. Septièmement, se débarrasser d'une cohorte de conseillers de l'ombre qui obéissent à leurs propres agendas.

Pour l'instant, il faudra surtout sacrifier le Premier ministre. Je dis cela sans aucun mépris pour sa personne. Ce qui me motive, c'est de pouvoir continuer à parler de "l'exception koweïtienne" et à dire que le Koweït, ce n'est pas l'Egypte. Autrement dit, que les relations entre le peuple et sa famille régnante restent aussi bonnes que par le passé.

Note :Ecrivain et journaliste koweïtien, Abdelkader Al-Jassem tient un blog très critique à l’égard du gouvernement. Arrêté en mai 2010, il a été libéré depuis une dizaine de jours.

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