"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

jeudi, février 17, 2011

LISLAM
ENFRANCE
SARKOZY
LEBRASDEFER

Source : marianne.fr en ligne le 17 janvier



Sarkozy et l’Islam :
César veut se mêler
des affaires de Dieu



Tefy Andriamanana


Le chef de l’Etat a dénoncé « l’échec » du multiculturalisme. Dans la foulée, l’UMP se mêle de religion et lance un débat pour organiser « l’Islam de France ». Un paradoxe et une belle atteinte à la laïcité.


La fin du « multiculturalisme », le nouveau chantier de Nicolas Sarkozy ?
« C’est un échec. La vérité c’est que dans toutes nos démocraties, on s’est trop préoccupé de l’identité de celui qui arrivait et pas assez de l’identité du pays qui accueillait », disait-il lors de l’émission « Paroles de Français », la semaine dernière sur TF1. « Si on vient en France, on accepte de se fondre dans une seule communauté, qui est la communauté nationale », a-t-il encore dit. Ces critiques font suite à celles de David Cameron, premier ministre anglais, et Angela Merkel, chancelière allemande. Bien évidemment, l’histoire migratoire et les politiques d’intégration sont différentes d’un pays à l’autre. Mais l’Europe est confrontée à ce même problème : comment intégrer une population d’origine non-européenne et ayant vocation à s’installer durablement sur le continent ?

Pour répondre à cette question, le chef de l’Etat pense bien sûr à la place de l’Islam (deuxième culte de France), comme si on ne pouvait aborder les immigrés que sous l'angle de la religion. Des propos répétés mardi lors du petit déjeuner de la majorité à l’Elysée. « Si certains pensent que les prières dans la rue ne sont pas un problème, que des imams ne parlent pas français, ce n'est pas un problème, ce n'est pas mon avis », a-t-il lancé. En cela, il a défendu sa théorie d’un « Islam de France » plutôt qu’un « Islam en France ». Une conception qui préfère organiser les relations d’une religion avec le pouvoir au lieu de l’ignorer, quitte à piétiner un peu la laïcité. Cet Islam de France avait déjà été initié avec la création du CFCM en 2003. Nicolas Sarkozy, en tant que ministre de l’Intérieur, a été un grand artisan du projet. Il veut désormais aller plus loin et a demandé à l’UMP de lancer un débat sur ce sujet.

Une convention devrait alors lieu en avril sous la houlette notamment de François Baroin, ministre du Budget, mais aussi conseiller politique de l’UMP chargé du « Pacte Républicain ». Ce débat devrait également concerner le rapport à la religion en général. Et l'implication de Baroin n'est pas anodine. Si le ministre fut un fort partisan, avec Jean-François Copé, d’une loi d’interdiction du voile intégral, il a en revanche fortement critiqué, dans Le Monde en décembre 2009, la tenue du débat sur l’identité nationale (avant d’entrer au gouvernement en mars 2010) : « J'ajoute que, d'un point de vue strictement électoral, la ficelle est trop grosse, et les gens ne s'y trompent pas. Ce que j'observe sur le terrain, c'est que c'est compris et vu comme tel. Il y a désormais un risque de remontée du Front national favorisé par la crise, d'une part, et par ce débat qui, au fond, ne peut que le servir ».


Communautarisme rampant

Pourtant, on pourrait croire que ce débat sur l’Islam est un nouvel « enfumage » destiné à masquer des sujets plus sensibles. Pas pour Jean-François Copé. « Il n'y a pas un repas de famille, aujourd'hui, sans qu'on ne parle de ces questions », a-t-il dit mercredi sur RTL. C’est le même dilemme qui avait traversé la classe politique lors du débat avorté sur l’identité nationale ou la loi contre le voile intégral. Faut-il accepter un débat sur les principes de la République au risque de se faire piéger par la droite ou au contraire le boycotter au risque de passer pour aveugles aux dérives communautaristes ? A l’UMP, on dément toute manœuvre. « A chaque fois, on nous fait ce coup-là (…) Mais la question avait été posée bien avant tout cela », répond à Marianne2 Marc-Philippe Daubresse, secrétaire général adjoint. Il renvoie en cela au « Dîner de la République » organisé par son ami Jean-Louis Borloo en décembre dernier.

Cela dit, le projet de Nicolas Sarkozy est-il réellement républicain ? Car paradoxalement, cette remise en cause du multiculturalisme pourrait bien cacher une démarche… communautariste. Comment d’un côté défendre l’unité de la communauté nationale et de l’autre, participer à l’organisation d’une communauté distincte sur des bases religieuses ? Cette démarche est typique du chef de l’Etat. De son concept de « laïcité positive » à sa volonté de nommer un « préfet musulman », du ministère de l’Intérieur, il n’a eu de cesse de segmenter la population selon des critères ethniques ou religieux. Son conseiller à l’intégration Abderrahmane Dahmane a fait plus fort et a proposé de créer un « Conseil de la diversité » où seraient représentés les représentants des communautés étrangères. Ce débat sur l’Islam risque donc d’entrer dans la même logique.

Mais Marc-Philippe Daubresse refuse toute « caricature » du débat. S'il dit vouloir « garder les équilibres de la loi de 1905 », il admet que le texte n’est pas parfait : « Est-ce que la loi permet d’appliquer la neutralité religieuse dans l’espace public et le respect des croyances dans l’espace privé ? (…) Notre réponse est non », déclare-t-il. Les discussions à l’UMP pourrait aboutir à des « amendements à la loi » et au vote d’une résolution au Parlement. Cela ira-t-il jusqu'à concrétiser la fameuse « laïcité positive » de Nicolas Sarkozy ?


Vieux débats
Car ce débat va très vite amener l'Etat à s'ingérer dans les affaires religieuses. Dans cette optique, un des points de débat sera la formation des imams. Sur TF1, Nicolas Sarkozy avait exclu toute formation par l’Etat au nom de la laïcité. Pourtant en juin dernier, Eric Besson, alors ministre de l’Immigration, avait proposé, en vain, que des universités publiques proposent un cursus pour les imams. L’Université… catholique de Paris (privée) propose déjà un diplôme en partenariat avec le ministère de l'Intérieur. Mais cette formation ne concerne pas la théologie musulmane pure, étant axée sur l'étude des institutions françaises et des religions en général. Mais la question du rôle de l'Etat dans la formation des imams n'est pas nouvelle. On en parlait déjà en 2003 lors de la création du CFCM.

Pour autant, sans passer par un diplôme reconnu pour les imams, Nicolas Sarkozy tient à se mêler de ce qui se passe dans les mosquées. Il souhaite notamment que les imams parlent français. Un autre vieux débat qui a déjà été lancé en 2004 par Dominique de Villepin, alors ministre de l'Intérieur. Pour lui, il n'était « pas acceptable » que « sur les quelque 1200 imams » de France, « un tiers ne parle pas notre langue », citant les propres chiffres de son ministère. En 2006, Nicolas Sarkozy, comme locataire de la place Beauvau, avait lui aussi évoqué le problème, s'interrogeant sur les moyens pour « ne pas subir des imams qui viennent de l'extérieur et ne parlent pas français » et également « débarrasser les religions de France d'influence étrangère et de l'argent de l'étranger ». La définition parfaite de « l'Islam de France ».

Ce qui amène au deuxième point de débat : le financement public de l’entretien et la construction de mosquées. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’état actuel du droit n’interdit pas vraiment le financement public des bâtiments religieux. Il faut alors passer par l’intermédiaire d’une association cultuelle (comme c’est le cas pour la grande mosquée de Paris) ou que la commune soit propriétaire des murs. Ou alors louer un terrain via un bail emphytéorique (à très très longue durée) pour un prix rès modique afin de construire un édifice religieux. Le débat est houleux. « Personnellement », le secrétaire général adjoint de l’UMP est « contre » tout financement public préférant se pencher sur « la transparence du financement privé » notamment via des fondations.


Le rôle du CFCM consacré
Multiculturalisme: Sarkozy 2011 s'attaque à Sarkozy 2007
Lampedusa illustre la désunion européenne sur l'immmigration
Mélenchon-Le Pen: les deux fronts en rodage Et l’affirmation d’un Islam de France aura un autre effet très politique : la consécration du rôle du CFCM (Conseil français du culte musulman) comme instance de dialogue politique entre les musulmans et le pouvoir (voir encadré). Et si Marc-Philippe Daubresse est prêt à inviter le CFCM à la convention UMP (avec d’autres organisations comme la Mosquée de Paris), il pose le problème de la « représentativité » de ces instances. Une interrogation qui renvoie à la difficulté de compter les musulmans en France (face à la distinction entre croyants et pratiquants).

Ce dialogue avec le CFCM amène surtout à se questionner sur la pertinence de considérer une partie de la population dans un Etat laïc avant tout comme des musulmans et non comme citoyens. Le dirigeant UMP réfute pourtant tout détricotage de la République indivisible : «Vous aurez toujours des gens qui vont nous faire des procès d’intention mais quand vous avez un débat équilibré, vous obtenez des solutions équilibrées». Il est vrai qu'entre clientélisme communautaire, volonté de contrer le FN et respect de valeurs laïques, l’exercice d’équilibre risque d’être très ardu.

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