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Source : lefigaro.fr en ligne le 25 janvier
Les jeunes Égyptiens
veulent leur révolution
Par
Tangi Sala
Lancé sur Facebook, un mot d'ordre de soulèvement à l'occasion de la Fête de la police va passer ce mardi l'épreuve de la rue. 80 000 internautes ont promis de venir manifester.
La révolution virtuelle peut-elle devenir réelle? Les Égyptiens auront un début de réponse aujourd'hui, proclamé «jour de la révolution» par les jeunes opposants au régime de Hosni Moubarak. «Nous commencerons à vivre ou à mourir le 25 janvier», proclame l'un des 80.000 internautes qui ont promis de participer aux manifestations. Si la moitié d'entre eux descend effectivement dans la rue, ce serait une mobilisation telle qu'on n'en a pas vu depuis longtemps en Égypte, où les manifestations sont interdites par la loi d'urgence, en vigueur depuis trente ans.
Comme lors de la «grève générale» du 6 avril 2008, qui avait dégénéré en émeutes meurtrières à Mahalla, dans le delta du Nil, le mot d'ordre a été lancé sur Facebook. Plus précisément sur la page «Nous sommes tous Khaled Saïd», un jeune Alexandrin battu à mort par la police alors qu'il sortait d'un cybercafé l'an dernier.
La date retenue est de ce point de vue symbolique, car c'est le jour de la Fête… de la police: le 25 janvier 1952, la police égyptienne s'était soulevée contre les forces britanniques à Ismaïlia. Un soulèvement annonciateur du coup d'État qui renversa la monarchie. «Nous espérons que cette journée va aussi marquer le début d'un mouvement de fond qui pourra balayer le système répressif et corrompu de Hosni Moubarak», explique Adel, un des organisateurs.
L'appel a été endossé par des personnalités comme l'écrivain Alaa el-Aswany, et des opposants comme le Prix Nobel de la paix Mohammed ElBaradei, qui a jugé le changement «inéluctable» en Égypte après la révolution tunisienne. Les Frères musulmans, principale force d'opposition, ont également annoncé que leurs jeunes pourraient participer aux manifestations. «Nous n'appelons pas à manifester en tant que mouvement, mais nous acceptons l'invitation de la Coalition nationale pour le changement», a précisé un porteparole, Essam el-Erian.
Le succès de la journée dépendra surtout de la capacité de la jeunesse à se mobiliser. Une génération amère et frustrée, qui forme près des deux tiers de la population, n'a connu que Moubarak comme président et fournit 90% des chômeurs. Or, depuis la chute de Ben Ali, en dehors d'une dizaine de tentatives d'immolation par le feu, la contestation n'a concerné que les jeunes éduqués et s'est essentiellement exprimée sur Internet. Les mouvements politiques peinent plus généralement à trouver des relais auprès de la population, largement analphabète et concentrée sur ses soucis du quotidien.
«Éviter un dérapage»
Rami, 25 ans, qui vit de petits boulots, assure d'ailleurs qu'il restera chez lui. Ses amis, dit-il, feront de même, bien qu'ils aspirent tous à une vie meilleure. «Ce n'est pas qu'on veut rester les bras croisés, mais on a appris depuis tout petit à avoir peur de la police», soupire-t-il. Les organisations des droits de l'homme dénoncent régulièrement les arrestations arbitraires et la torture «systématique» dans les commissariats.
Les analystes égyptiens doutent, dans ce contexte, que le grand jour se transforme en grand soir. «Mais le contexte politique, social et religieux est tellement tendu qu'une étincelle pourrait tout faire exploser», précise un diplomate occidental, rappelant que, en 1977, des émeutes provoquées par la hausse brutale du prix du pain ont fait plus de 70 morts au Caire. «Les autorités doivent faire très attention à éviter un dérapage», estime-t-il. Des milliers de policiers antiémeute seront mobilisés ce mardi face aux manifestants, qui devraient privilégier de multiples points de rassemblement à un cortège unique. Si le ministère de l'Intérieur a promis de les traiter «de manière civilisée», des magasins et des écoles qui devaient ouvrir en ce jour férié ont reçu pour consigne de fermer leurs portes.
Le parti au pouvoir a, lui, prévu d'organiser une contre-manifestation de soutien à Hosni Moubarak. Mais il a tout intérêt à éviter une confrontation qui pourrait dégénérer, alors que la Bourse du Caire a dévissé depuis la révolution tunisienne, que la livre égyptienne est chahutée et que les investisseurs étrangers et le secteur touristique, principal pourvoyeur de devises, s'inquiètent pour la stabilité du pays.
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