CONSTRUCTIONS
SURLAPARTIEEST
DEJERUSALEM
ETLALOIMUSULMANE
Source : israelvalley.com en ligne
le 22 novembre
SHEIKH JARRAH EN EXEMPLE
DE LA PROBLEMATIQUE POSEE PAR
LA CONSTRUCTION ISRAELIENNE
DANS LE SECTEUR ORIENTAL
DE LA CAPITALE.
Par
Mati Ben-Avraham
Après la victoire de juin 1967, à l’ampleur inattendue, à la mesure de la hantise de se voir rayer de la carte, la politique d’occupation des sols s’est mise progressivement en place, sauf à Jérusalem proclamée immédiatement « capitale réunifiée de l’Etat d’Israël ». Depuis, son développement est allé bon train. Les quartiers israéliens se sont multipliés, enserrant la ville moderne, celle sortie des murailles à partir de 1870 : de Ramat Eshkol à Har Homa, de Nevé Yakov à Guilo, en passant par Ramot, Harmon Hanatziv, Ramat Shlomo… Mais pourquoi donc, après des décennies d’accord tacite, de protestations pour la forme, la communauté internationale, Etats-Unis en tête, prend-t-elle la mouche à la moindre unité d’habitation ajoutée ici ou là, dans ces quartiers ? C’est cette question qui amené deux chercheurs (1) du The Jerusalem Institute for Israël Studies (2) a cerner le phénomène de plus près. A l’arrivée, un document extrêmement fouillé, de 83 pages, y compris des annexes (3) permettant à tout-un-chacun de se faire sa propre idée sur l’enchaînement des faits.
Découpé en quatre chapitres, cette étude portant sur le quartier de Shaikh Jarrah se veut un paradigme de la complexité de la situation à Jérusalem. Le choix ne doit rien au hasard, dans la mesure où, tous les vendredis que le Bon Dieu fait, des centaines, parfois des milliers de manifestants, israéliens et palestiniens au coude-à-coude, manifestent leur courroux, face à un service d’ordre souvent impassible, usant parfois de la matraque.
Dans un premier temps, les auteurs du document posent les fondements historiques de la problématique actuelle, soit à la deuxième partie du 19ème siècle, qui a vu divers facteurs se conjuguer pour donner naissance à la Jérusalem moderne, celle qui s’est créée et développée hors des murailles, à partir de la seconde moitié du 19ème siècle. Tout le monde s’y est mis : juifs, chrétiens, musulmans. Et si les juifs et les musulmans s’installèrent majoritairement, les premiers à l’ouest, les seconds à l’est, l’interpénétration n’était pas délaissée.
Ainsi à Sheikh Djarrah, exemple de ce qui fût et de ce qu’il en est advenu. Les grandes familles musulmanes, et plus particulièrement les El Husseini ont construit leurs superbes villas ou demeures sur les hauteurs de ce plateau rocheux, avec des décrochages pentus. Des familles juives pauvres, d’origine orientale, ont construit, elles, un quartier dans le creux, attirées par la présence du tombeau présumé de l’un des sages de la période pré-talmudique, Shimon Hatzadik, Shimon le juste. Un autre quartier de familles juives pauvres s’est édifié par la suite, un peu plus à l’ouest, le long de la toute Jérusalem-Naplouse.
En 1948, la cohabitation explose : la Légion arabe du roi de Jordanie Abdallah 1er, s’empare de Sheikh Djarrah. Les familles juives sont expulsées vers l’ouest, où elles seront relogées dans des maisons ayant appartenu à des palestiniens, dans la partie ouest de la ville. Et à l’inverse, 28 familles palestiniennes, venues de l’ouest, seront relogées à Cheikh Djarrah, dans les maisons ayant appartenues à des familles juives. Un échange qui, finalement, satisfaisait les uns et les autres.
Tout va changer après juin 1967. Se crée alors une situation bizarre que les auteurs pointent du doigt : les actes de propriété des familles juives de Sheikh Djarrah sont confirmés par la Loi, alors que les familles palestiniennes se voient refuser d’ester en justice pour faire valoir leurs droits sur leurs maisons, à l’ouest. Du coup, les familles juives exigent des familles arabes relogées à Sheikh Djarrah le versement d’un loyer. Refus des locataires. Une bataille juridique s’engage qui tourne en faveur des propriétaires juifs.
Mais voilà qu’entrent en scène de nouveaux acteurs, soit des associations reliées à la droite extrémiste israélienne, celles qui font de la récupération des sols une condition préalable à la venue du messie. Les droits de propriété sont rachetés. La suite est connue : fin 2008 intervient la première expulsion d’une famille palestinienne, la seconde suit six mois plus tard. Depuis, le quartier vit sous tension. Et chaque vendredi marque le temps des manifestations, parfois des affrontements.
A partir de là, les deux chercheurs sortent des sentiers battus. D’une part, ils énoncent cinq dommages stratégiques causés à Israël par le traitement de cette affaire : 1) création d’un précédent fâcheux, qui pourrait inciter les palestiniens à saisir les instances internationales pour récupérer leurs biens situés à Jérusalem-est (une éventualité qui a été maintes fois évoquée ici même par l’auteur de ces lignes) ; 2) limiter la marge de manœuvre de tout gouvernement israélien optant pour des pourparlers de paix ; 3)action de de légitimation d’Israël sur la scène internationale ; 4) remise en cause du bien-fondé de la construction des quartiers édifiés depuis 1970 ; 5) création d’un état de tension permanent dans partie orientale de la ville, avec des manifestations en cascades, couvertes par tous les médias.
Autre innovation d’importance : les deux chercheurs ne se contentent pas d’aligner des faits, de décrire une évolution, mais proposent des solutions pratiques pour calmer le jeu, solutions qui peuvent être appliquées également à l’ensemble des quartiers arabes de Jérusalem, visés par une pénétration juive, à caractère purement idéologique.
Leur conclusion : Il n’est pas raisonnable que des actions de groupes privés influent sur la politique du gouvernement, sans que celui-ci n’ait analysé les conséquences possibles et leur signification au plan politique. Il serait bon que e gouvernement adopte une politique exempte d’ambiguïté face au phénomène d’implantation juive au cœur des quartiers arabes, en prenant en compte les conséquences décrites dans cette recherche. Comme nous l’avons souligné, le gouvernement dispose de tous les outils juridiques nécessaires pour y faire face.
Un document exceptionnel, donc, qui a été transmis à aux principaux décisionnaires israéliens. Ce qui constitue également une première. Il permet de cerner au plus près les raisons de l’évolution des réactions internationales. Le document est disponible à l’adresse suivante :
http://www.jiis.org.il/index.php?cmd=publication.155&act=read&id=620
(1) Le professeur Yitzhak Reiter, de l’université hébraïque, est un spécialiste du droit musulman, du Proche-Orient et des conflits autour des lieux saints. Lior Laresse est chercheur émérite au Jérusalem Institue for Israël Studies ainsi qu’à l’Institut Van Leer. Spécialiste de relations internationales, et plus particulièrement des initiatives privées dans les processus de résolution de conflits.
(2) The Jerusalem Institute for Israël Studies a été fondé voici une trentaine d’année, à l’initiative du Prof. David Amiran et de Mme Ora Ahimeir. Etablissement universitaire indépendant, il s’est centralisé sur Jérusalem, son histoire, son développement et, partant, les multiples aspects du conflit israélo-arabe. La qualité de ses travaux lui assure une renommée internationale. Il est aujourd’hui dirigé par le professeur Yakov Ben Siman-Tov
(3) C’est ce qui fait son intérêt. Le lecteur dispose d’annexes (documents d’archives et des cartes) qui lui permettent de se faire une idée précise de la situation et en quoi Sheikh Djarrah constitue un paradigme.
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