"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma  Ed Universlam


CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

jeudi, septembre 16, 2010

LAFRATERNITE
DANSLESFÊTESSAINTES
EDITORIAL
DEJEANDANIEL
DANSLENOUVELOBS
Source : lenouvelobs.com en ligne
le 15 septembre


Entre Aïd et Kippour


Je ne vois pas pourquoi je serais le seul à ignorer le plus grand événement de ces jours derniers, à savoir l'apparition sur tous vos écrans de l'écrivain Michel Houellebecq. La façon dont nos principales vedettes de télévision se sont disputé le privilège de mettre à la question ce jeune homme devenu un héros national est un phénomène assez rare dans l'histoire de notre métier. On le croyait ombrageux, vindicatif, provocateur, méprisant, en tout cas aussi lointain qu'un Modiano ou qu'un Le Clézio. C'était tout le contraire. Et il a fait un numéro inégalable. Celui d'un drogué mélancolique et tendre avec au fond de l'œil une indulgence ironique et une douceur attentive. Rien ne lui paraissait plus intéressant que les questions auxquelles il répondait par des murmures étudiés, genre Sagan, des chuchotements édifiants ou des silences plus audacieux que ceux de Marguerite Duras. Pas de malentendus : moi aussi, j'aime beaucoup son livre.

J'avoue cependant que je n'aurais pas eu l'idée de le faire parler sérieusement, simplement parce qu'on doute du sérieux en sa présence. Je n'aurais pas eu l'idée par exemple de lui demander s'il souhaitait que les fêtes de Rosh Hashanah (jour de l'an) et de Kippour (grand pardon) pour les juifs et celle de l'Aïd pour les musulmans devinssent des fêtes nationales. C'est tellement prévisible que le jour prochain où cela arrivera, cela semblera normal et l'on se demandera pourquoi cela n'avait pas déjà été fait. Je ne suis ni pour ni contre, mais c'est ainsi. Après tout, la pratique cultuelle pénètre nos comportements culturels.

Je n'ai d'ailleurs rien contre les rites. Intégré dans une petite équipe tunisienne à laquelle j'enseignais mon métier, j'ai pratiqué quelques jours le Ramadan pour ne pas me sentir exclu. Pour ce qui est du judaïsme, je croyais que l'âge mettrait fin à ma mécréance, mais il n'en est rien encore. Ce qui ne veut pas dire que je ne conserve pas cher dans mon cœur le souvenir de mon patriarche de père bénissant son innombrable tribu sous les châles de prière qui ont été le ciel et le bouclier de notre enfance. Quant à être chrétien, je le suis simplement parce que je suis français. Je le suis par osmose, par imprégnation et comment dire ?, par capillarité. Tout est chrétien en France, dans la pierre et dans la culture, surtout chez les héritiers de la Révolution.

Cela dit, les monothéistes en font de belles en ce moment. Leur cible commune - qui aurait pu le prévoir ? - c'est ce président Barack Hussein (oui, Hussein !) Obama. Qu'on le voue aux gémonies après en avoir fait un rédempteur, il n'y a rien d'étonnant à cela. Mais qu'on finisse par le rendre coupable de toutes les situations désastreuses dont il a hérité, et que cette accusation vienne parfois des communautés mêmes qu'il s'acharne à sauver, me remplit d'une irrépressible indignation. Comme vous savez, New York a en ce moment un maire plutôt atypique, car il est à la fois milliardaire, juif, pro-israélien, républicain, et en même temps partisan de l'édification d'un complexe culturel musulman. Non pas sur les lieux de Ground Zero, comme on l'a effrontément affirmé, mais à deux blocs des tours détruites. Il se trouve que ce maire, Michael R. Bloomberg, qui est selon mes amis une personnalité remarquable (oui, milliardaire mais remarquable : désormais, il faut le préciser), a vécu le 11 septembre au côté d'une famille musulmane qui avait des parents dans ces tours et que ces moments ont été ceux d'une fraternité éblouie.

Entendant ce maire, qu'a fait le président Obama ? Eh bien il a dit, et peut-être a-t-il été imprudent, qu'il trouvait très américain de se comporter comme ce musulman et ce juif de New York. Et ce constat fait désormais partie de ses crimes ! Mais voici de plus qu'un pasteur intégriste promettait de brûler le Coran publiquement si jamais une mosquée se bâtissait près de Ground Zero. En un autre temps, sans internet, le temps que Houellebecq et moi regrettons, les propos de ce fou auraient été sans conséquence. Mais devant ce blasphème, on a vu aussitôt s'ébranler les pervers vindicatifs du monde islamique. Et Barack Obama ne pouvait pas y être indifférent.

L'obsession de ce président à la fois afro-américain, noir, chrétien, de culture musulmane, c'est de mettre fin à l'opposition entre l'Occident et l'Islam. Il s'est rendu compte que le conflit israélo-palestinien était l'un des principaux obstacles à ce dessein. Et il s'est mis en tête, malgré quarante ans de négociations trahies, d'arbitrages déchirés, de bonnes volontés détournées, de s'investir personnellement, parce qu'il se sentait le mieux placé pour le faire. À Chicago, à l'université, ses meilleurs amis étaient juifs. Il s'en est souvenu à la Maison Blanche, puisque que deux de ces principaux conseillers sont juifs, l'un étant même Israélien. Quant aux musulmans, il a raconté dans son autobiographie sa familiarité avec eux. Il croyait avoir toute la légitimité pour s'adresser aux Israéliens et aux Palestiniens.

Alors un jour, au Caire, il a fait un discours qui aurait dû lui valoir dans toutes les synagogues, dans toutes les mosquées et dans toutes les églises - fussent-elles intégristes - des prières à sa gloire. Que disait-il, au cœur du monde arabe ? Que des liens sacrés unissaient à jamais Israël et les Etats-Unis ! Que l'antisémitisme était un crime ; le racisme, une aberration ; le négationnisme, une horreur. Et les étudiants égyptiens applaudissaient ! Que voulait-on de plus ? Comment oublier ces propos ? Comment notre confrère Alexandre Adler peut-il évoquer « l'hostilité au sionisme » comme l'une des « erreurs » d'Obama ? C'est un crime contre la vérité, contre la conscience. Pourquoi cette surdité volontaire ? Parce que, selon le même confrère, tenez-vous bien, Obama aurait osé s'opposer aux lobbies pro-israéliens, et donc ignoré entre les mains de qui se trouve le vrai pouvoir. Incroyable retour des choses.

Il y a eu heureusement en Israël de grands romanciers, d'éminents intellectuels, pour désapprouver la guerre d'Irak, rendre hommage à Obama et être prêts à œuvrer à une paix avec les Palestiniens, comme celle que Netanyahu s'est enfin résolu à négocier. Laissons à George Bush, à Tony Blair et à notre cher confrère le soin de transformer l'histoire, de se glorifier de leurs mensonges historiques sur l'Irak, et souhaitons à nos lecteurs musulmans et juifs (avec retard pour les premiers, en avance pour les seconds) une bonne fin de Ramadan et un bon Kippour.

Jean Daniel

P.S : C'est au moment ou nous bouclons que Jean Daniel apprend la triste disparition du Grand Islamologue Monsieur Mohamed Arkoun. Voici la lettre que Jean Daniel à adresser à Madame Mohamed Arkoun :

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