LEDEFIDISRAËL
LESCOLONSJUIFS
Source : rue89.com en ligne
le 13 décembre à 12h 24
sur Diasporablog à 13h 11
Proche-Orient :
le défi dangereux des colons
de Cisjordanie
Par Pierre Haski
L'incendie de la mosquée de Yassouf attise les tensions alors que Netanyahou a annoncé un gel très partiel de la colonisation.
Dans le petit village palestinien de Yassouf, en Cisjordanie, les ruines d'une mosquée ravagée par les flammes jeudi sont devenues le symbole d'un inextricable conflit autour du sort des colons juifs.
Ces derniers sont accusés d'avoir commis cet acte qui était certain d'attiser les tensions, dans l'espoir de torpiller toute velléité de négociation israélo-palestinienne ou d'initiative diplomatique américaine.
Le geste de ces colons constitue une réponse directe à l'annonce, fin novembre, par le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, d'un gel -partiel et très sélectif- de la construction de nouvelles colonies pendant dix mois. Un geste beaucoup plus adressé à Washington et à Barack Obama, plutôt qu'en direction des Palestiniens, qui l'ont d'ailleurs jugé insuffisant.
Mais ce geste modeste, puisqu'il excluait Jérusalem-Est et comportait de très nombreuses exceptions pour des raisons de « sécurité », a enflammé les colons de Cisjordanie, qui s'estiment trahis par le gouvernement le plus à droite depuis la création de l'Etat d'Israël en 1948. Ils ont bruyamment manifesté cette semaine sous les fenêtres du Premier ministre à Jérusalem, sous le mot d'ordre « stop au gel ».
Et, comme à plusieurs reprises depuis le début du processus de paix avec les Palestiniens en 1993, les plus extrémistes d'entre eux sont passés à l'acte pour saboter les décisions gouvernementales, avec l'incendie de cette mosquée. La violence appelle la violence : une Israélienne a été poignardée par un Palestinien samedi soir, et légèrement blessée.
Le président israélien Shimon Pérès, le premier ministre Benyamin Netanyahou et le ministre de la défense Ehud Barak, tentent depuis trois jours de calmer la tension en condamnant fermement ce geste « contraire à tous les principes moraux de l'Etat d'Israël », selon Péres. Netanyahou a ordonné qu'on arrête les auteurs de cet acte.
Un gouvernement israélien
à la crédibilité proche de zéro
Le problème est que la crédibilité du gouvernement est bien mince. Benny Begin, ministre sans portefeuille appartenant à l'aile droite du cabinet, mais surtout fils de son père, l'ancien chef du Likoud Menahem Begin, a semé le trouble en déclarant que malgré le « gel », il y aurait 10 000 colons de plus en 2010 en Cisjordanie.
Begin a affirmé que la construction en cours de 3 000 logements de plus dans les territoires palestiniens conquis en 1967 serait menée à son terme, et a ajouté :
« Il n'y a ni gel ni suspension. Les constructions, en Judée et Samarie [les noms bibliques de la Cisjordanie, ndlr], continueront dans les dix mois à venir. »
Embarras du gouvernement, d'autant qu'au même moment, Netanyahou doit faire approuver ce dimanche par le Conseil des ministres une carte dite de « priorités nationales », contenant des zones de « sécurité » exclues du moratoire annoncé quelques jours plus tôt.
La colonisation a progressé depuis 1967, mitant un futur Etat palestinien
Les travaillistes, pourtant membres de la coalition, ont eu la surprise d'y trouver des zones situées au coeur de la Cisjordanie et pas seulement aux frontières avec Israël, contrairement aux assurances qui leur avaient été données, et devraient voter contre ce découpage lors de la réunion du cabinet. De quoi sérieusement entamer le crédit des annonces officielles successives.
Cette confusion, doublée de la tension suscitées par l'agitation des colons, crée une nouvelle situation dangereuse, susceptible de déboucher sur une nouvelle explosion de violence.
Des colons dont le nombre continue inexorablement de croître depuis la conquête des territoires palestiniens en 1967, et qui contribuent à rendre moins viable l'hypothèse d'un Etat palestinien cohérent, comme le montre la carte très explicite de la situation élaborée par la Documentation française.
La Cisjordanie compte aujourd'hui près de 300 000 colons juifs, auxquels il faut ajouter les quelque 180 000 habitants israéliens de Jérusalem-Est, également considérés comme des résidents illégaux par la communauté internationale, comme vient de le réaffirmer une déclaration européenne qui qualifie Jérusalem de « future capitale de deux Etats ».
Les actions d'Obama au plus bas
dans la région
Situation d'autant plus préoccupante que Barack Obama, après avoir annoncé haut et fort qu'un déblocage au Proche Orient était sa priorité, s'est singulièrement dévalorisé dans cette région. Le petit tour de piste diplomatique d'Hillary Clinton, sa ministre des Affaires étrangères, et de son émissaire spécial Georges Mitchell n'a donné aucun résultat.
Cet épisode a été perçu par la partie palestinienne comme une capitulation devant l'intransigeance de Netanyahou, suscitant un peu plus de désespoir et de sentiment d'abandon.
Tout ceci n'augure rien de bon alors qu'on approche du premier anniversaire de la guerre de Gaza, le 26 décembre, et que rien n'est réglé sur ce front-là non plus.
Il n'y a pas au Proche-Orient aujourd'hui de guerre comme en Afghanistan, d'attentats à répétition comme à Bagdad ou à Peshawar, pas non plus de tension diplomatique extrême comme avec l'Iran.
Il y a une succession de symboles inquiétants, de décisions hasardeuses, de petites humiliations et d'absence de perspective qui donne envie de crier : attention, danger !
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