"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

jeudi, août 07, 2008

CAMPAGNE
ELECTORALE
AMERICAINE
Source : courrierinternational.com en ligne le 7 août




ÉLECTIONS AMÉRICAINES
• L'incontournable question raciale




Qu'on le veuille ou non, la couleur de peau de Barack Obama sera un élément clé de la campagne électorale américaine. Comme le sera son bagage typique d'intellectuel politique. Deux éléments qui seront un fardeau pour le candidat démocrate, affirme The Washington Post.

La prise de bec, la semaine dernière, entre John McCain et Barack Obama sur la question raciale s'est avérée fort décevante. Obama a commencé par évoquer la manière dont ses adversaires s'efforceraient d'"effrayer" les électeurs en faisant remarquer qu'il "ne ressembl[ait] pas à tous les autres présidents" qui ornent nos devises. Il avait raison, mais il a commis une erreur tactique en laissant entendre que McCain se rendait complice d'une politique ouvertement raciste. Ce qui a fourni à Rick Davis, le directeur de campagne de McCain, un prétexte pour lancer une accusation absurde : Obama aurait "joué la carte raciale, et il l'a jouée en essayant de tricher". Face à ce cliché odieux, on se souvient de George Orwell, qui disait qu'il existe "tout un tas de métaphores usées qui ont perdu toute puissance d'évocation et ne sont plus utilisées que parce qu'elles évitent aux gens le souci d'inventer des phrases par eux-mêmes".

Quoi qu'il en soit, le camp Obama a été pris de court, et le candidat s'est abstenu de critiquer McCain sur la question raciale. Quant à McCain, il a pour l'essentiel laissé l'affaire à ses subordonnés. Les deux hommes se méfient de la politique raciale. Obama sait qu'en novembre les Blancs et les Latinos représenteront la grande majorité de l'électorat, et McCain sait qu'un racisme explicite risque de dissuader beaucoup d'indécis. Mais cet incident montre bien à quel point le discours politique peut être indirect et trompeur. Qu'on le veuille ou non, les origines raciales d'Obama font débat, tout comme la confession de John Kennedy en 1960. Et dans notre pays, le racisme est plus ancré que l'anticatholicisme. Il est clair que cette élection s'articule autour de deux questions essentielles : combien de votes des Blancs et des Latinos Obama perdra-t-il à cause de ses origines, des voix qu'un démocrate blanc aurait emportées ? Et dans quelle mesure la participation des Africains-Américains sera-t-elle plus importante puisqu'il leur est donné la possibilité d'élire le premier président noir de notre pays ?

Réglons son compte à l'idée fausse selon laquelle il ne serait pas normal que les Noirs votent en masse pour un candidat noir. Aux Etats-Unis, les minorités ont toujours vigoureusement soutenu les candidats qui surmontaient les différences en leur nom. Kennedy en est l'exemple le plus parlant, lui qui décrocha environ 80 % du vote catholique en 1960, soit trente points de plus que ce qu'avait obtenu le démocrate Adlai Stevenson quatre ans plus tôt. Proportionnellement, le succès que remporta Kennedy auprès des catholiques est nettement plus important que celui qu'Obama a des chances de recueillir auprès des Africains-Américains qui ont voté pour John Kerry en 2004, à en croire les sondages. De manière plus générale, la question raciale est utilisée moins ouvertement de nos jours. Quand les démocrates étaient le parti de la ségrégation, dans les années qui suivirent la guerre de Sécession, beaucoup d'entre eux menèrent des campagnes scandaleuses et délibérément racistes. A partir de 1968, avec la mise en place de la stratégie sudiste de Richard Nixon, les républicains ont été beaucoup plus habiles dans leur façon d'exploiter la réaction des Blancs à ce sujet. Souvent, quand ils tentent de jouer sur le malaise des Blancs, ils le dissimulent derrière une rhétorique populiste contre les "élitistes de gauche" qui prennent le parti des Noirs et ne comprennent pas les difficultés de la classe ouvrière blanche. En 1981, William Connolly, théoricien de la politique de centre gauche, écrivit un brillant essai expliquant pourquoi tant d'électeurs de la classe laborieuse blanche ont fini par rejeter les programmes de gauche. Selon lui, ces électeurs avaient le sentiment que l'Etat-providence se retournait contre eux, sapait les valeurs qu'ils défendaient et méprisaient leurs efforts pour assurer leur indépendance financière. A leurs yeux, les services de bus scolaires obligatoires les privaient de la possibilité d'assurer une meilleure éducation à leurs enfants en s'installant dans des circonscriptions scolaires plus cotées. La discrimination positive leur donnait le sentiment, surtout aux hommes de la classe ouvrière blanche, que "tous les autres" étaient traités "soit comme méritants, soit comme injustement exclus des rangs des méritants". Quand la gauche ne vit dans ces inquiétudes que l'expression du racisme, soulignait Connolly, "il ne fallut que peu d'incitation politique pour que cet électorat vulnérable en vienne à mordre la main qui l'avait giflé".

Cette année, les stratèges républicains, moins scrupuleux, ont une occasion en or, à savoir qu'Obama est en même temps noir ET ancien professeur formé à Columbia et Harvard, qui a vécu dans les quartiers intellectuellement raffinés de Hyde Park à Chicago et de l'Upper West Side à Manhattan, ainsi qu'à Cambridge, dans le Massachusetts. Ils peuvent s'en prendre à lui subtilement sur la question raciale, et ouvertement sur l'élitisme. Ils peuvent transformer les faits qui constituent sa vie en des défauts qui se renforcent mutuellement. C'est injuste ? Certes. Mais si l'on veut que notre nation se défasse des entraves raciales cette année, Obama devra s'attaquer plus qu'il ne le souhaiterait aux fardeaux que notre histoire et les affres passées de la gauche l'ont contraint à porter.



E.J. Dionne Jr.
The Washington Post

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