LUNION
POUR
LAMEDITERRANEE
SOMMETAPARIS
Source : lenouvelobs.com via l'Agence Reuters
en ligne le 13 juillet
La France voit dans l'UPM
une chance pour la paix
Par Yves Clarisse
PARIS (Reuters) - La France a exhorté dimanche les pays du pourtour de la Méditerranée à créer une zone de paix et de prospérité grâce à leur nouvelle Union, un appel crédibilisé par les signaux positifs lancés par la Syrie.
Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a ouvert le sommet inaugural de l'Union pour la Méditerranée (UPM) de Paris par une réunion avec ses homologues des 44 pays représentés pour aplanir les dernières divergences.
"A travers nous, près de huit cent millions d'humains se retrouvent en paix", a-t-il déclaré dans le Grand Palais de Paris. "A travers nous, un rêve est en passe de se réaliser, celui d'un projet collectif de développement économique, de paix, de droit et de solidarité: l'Union pour la Méditerranée."
La réunion a commencé sous les meilleurs augures.
Le président syrien Bachar al Assad, qui siégera pour la première fois aux côtés d'un Premier ministre israélien, a accepté samedi de normaliser ses relations avec Beyrouth lors d'une rencontre avec le président libanais Michel Souleïmane.
"Nous pouvons dire que le Liban, qui était une zone de turbulence, de guerre, est devenu une zone pacifiée où les Libanais, et seulement les Libanais, ont le droit de déterminer leur propre avenir", a expliqué Bachar al Assad, qui a longtemps été accusé par la France de vouloir déstabiliser le Liban.
Pour Kouchner, l'ouverture d'un dialogue indirect entre la Syrie et Israël sous l'égide de la Turquie et les perspectives de paix entre Palestiniens et Israéliens ouvertes par la conférence d'Annapolis sont autant de signes positifs.
"LE TEMPS EST À L'ESPOIR"
"Le temps est à l'espoir. Autour de la Méditerranée, un esprit de dialogue s'est mis à souffler", a-t-il dit.
Nicolas Sarkozy s'est d'ailleurs employé à nourrir ce dialogue en recevant dimanche à l'Elysée le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien Ehud Olmert avant l'ouverture officielle du sommet.
Quarante-quatre pays sont représentés : les Vingt-Sept de l'Union européenne, les 13 membres du processus de Barcelone lancé en 1995 pour rassembler les deux rives de la Méditerranée ainsi que la Bosnie, la Croatie, Monaco et le Montenegro.
Même le Premier ministre turc Tayyip Erdogan, qui se méfie d'une initiative proposée par un pays qui ne veut pas de la Turquie dans l'Union européenne, a fait le voyage.
Le seul véritable absent sera le chef d'Etat libyen, Mouammar Kadhafi, violemment opposé au projet, qui s'est fait représenter par son ministre des Affaires étrangères, tandis que le roi Mohammed VI du Maroc est remplacé par son frère.
Le sommet de Paris lancera quelques grands projets, comme la dépollution de la Méditerranée, les "autoroutes de la mer", la coopération en matière de protection civile pour la lutte contre les catastrophes naturelles, le développement de l'énergie solaire, l'éducation et l'aide à l'installation des PME.
"Ce projet, c'est tout simplement de prendre en mains ensemble les grands défis du siècle qui s'ouvre", a expliqué Bernard Kouchner, selon lequel "ailleurs aussi sur la planète de grands blocs régionaux veulent renforcer leurs liens".
Même si ces projets étaient pour beaucoup déjà prévus, tout comme l'objectif d'une zone de libre-échange pour 2010, la nouveauté viendrait des sources de financement diversifiées, et notamment de l'implication du secteur privé, ainsi que des coopérations au cas par cas pour éviter trop de bureaucratie.
LES 27 IMPLIQUÉS
La principale innovation est d'ordre institutionnel pour que le Nord ne donne pas l'impression de dicter sa volonté au Sud, mais qu'il s'agit d'un véritable processus géré en commun.
Ainsi, l'UPM sera pilotée par deux co-présidents, un du Sud et un du Nord: le président égyptien Hosni Moubarak a déjà course gagnée pour la co-présidence réservée au Sud et, au moins dans un premier temps, Nicolas Sarkozy sera le premier président pour le Nord parce qu'il assume pour l'instant celle de l'UE.
La localisation du secrétariat qui sera chargé de piloter l'UPM ne devrait pas faire l'objet d'un accord à Paris - la France pense à Tunis mais Malte et le Maroc sont également candidats - et un "comité de direction" composé de représentants du Sud et du Nord basé à Bruxelles lui sera adjoint.
Les problèmes qui ont constamment empêché le processus de Barcelone ne disparaîtront toutefois pas par enchantement.
L'absence de progrès dans le processus de paix au Proche-Orient risque ainsi de saper la coopération et le projet de déclaration du sommet de Paris le démontre clairement.
Toutes les références à "la fin de l'occupation" des territoires par Israël, la création d'une région "libre d'armes de destruction massive", notamment nucléaires, au respect des engagements pris selon les conventions internationales de protection des droits de l'homme sont entre crochets et devraient disparaître dans la version finale.
L'appellation - "Processus de Barcelone: Union pour la Méditerranée" - qui a été retenue démontre son ambigüité.
La France qui voulait initialement limiter le périmètre de l'UPM aux seuls 22 pays strictement riverains de la Méditerranée, plus le Portugal, la Jordanie et la Mauritanie, a dû se soumettre aux exigences de l'Allemagne, principal investisseur de l'UE dans le Sud de la Méditerranée.
Les Vingt-Sept seront désormais impliqués.
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