"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

samedi, janvier 26, 2008

PASSERELLE
Source : lemonde.fr en ligne le 26 janvier


Georges Habache,
le fondateur du Front populaire
de libération de la Palestine, est mort




Georges Habache, le fondateur du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) est décédé samedi 26 janvier à Amman, où il résidait depuis 1992. Il avait 81 ans. Georges Habache avait abandonné son poste de secrétaire général du FPLP, mouvement radical nationaliste, en juillet 2000 après avoir dirigé l'organisation pendant plus de trente ans.

Personnage charismatique, il a longtemps été le plus populaire des dirigeants historiques du mouvement de libération nationale palestinien. Sa popularité a rejailli sur l'ensemble de son mouvement, et ce malgré ses dérives terroristes dans les années 1970. Médecin chrétien palestinien, formé à l'Université américaine de Beyrouth, il avait abandonné sa profession d'origine pour se consacrer à une lutte sans merci contre l'Etat d'Israël et les pays occidentaux, marquée notamment par plusieurs détournements d'avions.
Victime en janvier 1992 d'une hémorragie cérébrale, il avait été hospitalisé quelques jours en France, ce qui avait provoqué un important scandale à l'époque. Nous republions le portrait qu'avait alors dressé de lui "Le Monde".


Georges Habache, le chef du "front du refus"

Convaincu de la nécessité de mener jusqu'au bout la lutte pour récupérer la patrie perdue, Georges Habache a toujours personnifié le " front du refus " au sein du mouvement palestinien. Toute son action politique a été caractérisée par le rejet du compromis. Il a su, à l'occasion, faire des concessions, mais elles étaient le plus souvent de pure forme. Désabusé par la défaite arabe de juin 1967, il s'est déclaré en faveur du marxisme, de la "guerre populaire" contre Israël et de la révolution dans le monde arabe, attribuant à ses origines bourgeoises et à sa culture anglo-saxonne son anti-communisme antérieur.
Issu d'une famille de commerçants chrétiens grecs orthodoxes, Georges Habache est né à Lydda en 1926. Il a vingt-deux ans au moment de la création de l'Etat d'Israël. Il assiste alors à l'expulsion des habitants arabes de Lydda, parmi lesquels les membres de sa famille. Profondément marqué, il entame une activité militante à l'Université américaine de Beyrouth où il est étudiant en médecine. Participant à des manifestations où plusieurs de ses camarades sont tués, il est déjà un meneur d'hommes. Ce qui ne l'empêche pas d'être premier de sa promotion lorsqu'il obtient en 1951 son diplôme de docteur en médecine.
Avec d'autres étudiants Hani Al Hindi (syrien), Ahmed El Khatib (koweïtien) et Wadih Haddad (palestinien), il fonde le Mouvement des nationalistes arabes (MNA). Les membres-fondateurs du MNA se dispersent pour fonder des branches en Irak, en Syrie, en Jordanie, au Koweït et à Aden. Ainsi se retrouve-t-il, en 1952, à Amman. Il y crée une école pour les réfugiés et un "dispensaire du peuple" où il exerce comme pédiatre jusqu'en 1957. Il essaie de mener une activité politique légale en se présentant aux élections législatives jordaniennes de 1956. Il est battu. La proclamation de la loi martiale en Jordanie en avril 1957 l'oblige à entrer dans la clandestinité : plusieurs attentats à la bombe ayant été attribués au MNA, il est condamné à trente-trois ans de prison par contumace.


DÉTERMINATION ET RIGIDITÉ

La proclamation de l'union syro-égyptienne, en février 1958, lui procure un refuge, et il séjourne durant cinq ans à Damas, se réclamant du nassérisme, comme tout bon unioniste arabe de l'époque. Les relations s'étant détériorées en 1963 entre nassériens et baassistes, ces derniers ayant dans l'intervalle pris le pouvoir à Damas, Georges Habache se rend à Beyrouth. C'est en décembre 1967 seulement que son activité prend un caractère exclusivement palestinien. De retour à Damas, il fonde le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP) issu de la fusion de trois organisations : les Héros du retour, les Jeunesses de la vengeance et le Front de libération de la Palestine d'Ahmed Jibril.
Le FPLP, dont Georges Habache est le secrétaire général, va subir plusieurs scissions, les principales étant celles décidées par Ahmed Jibril et Nayef Hawatmeh. Dans quelle mesure l'autoritarisme d'un Habache a-t-il été à l'origine de ces brouilles ? Sa détermination farouche et sa rigidité lui ont, en tout cas, valu beaucoup d'ennemis. La création du FPLP a de toute façon marqué pour Georges Habache le passage du combat politique, orienté vers l'unité arabe, à l'action violente pour libérer la Palestine. Son hostilité aux régimes arabes leur quasi-totalité, puisqu'il se détachera même de Nasser après que celui-ci eut accepté le plan Rogers de désengagement, en juillet 1970 est accentuée par son arrestation à Damas, en mars 1968.


"LE DOIGT SUR LA GÂCHETTE"

C'est à ce moment qu'il dénonce la coopération avec les gouvernements arabes, lançant ses fameux slogans : "La route de Tel-Aviv passe par Amman et Beyrouth" ; "La lutte palestinienne a besoin, pour triompher, d'un Hanoï arabe". Aussi ne trouvera-t-il d'autres soutiens qu'en Irak et en Libye. Les pays communistes, bien qu'ils l'aient accueilli à plusieurs reprises, ne lui étaient pas non plus très favorables. Les Soviétiques avaient lancé en 1974 une campagne contre lui le traitant de "pseudo-révolutionnaire", mais ils avaient modifié leur attitude à son égard après son ralliement en 1979 au principe des deux Etats, l'un juif, l'autre arabe, en Palestine.
En 1969, Georges Habache s'installe de nouveau à Amman ; la résistance palestinienne y est toute puissante et lance sa tactique controversée au sein de l'OLP des détournements d'avions et des commandos suicides contre des objectifs, même étrangers, pour peu qu'ils soient liés à Israël. Ce type d'opérations culmine avec le triple détournement vers Amman, en septembre 1970, qui provoque la riposte du roi Hussein. Celui-ci lance son armée à l'assaut des fedayins. La résistance est liquidée en Jordanie et se replie sur Beyrouth. Et c'est en 1972 que Habache annonce qu'il renonce aux détournements d'avions, expliquant que ces opérations ayant atteint leur objectif, elles n'ont plus de raison d'être. Mais il demeure, au sein de l'OLP, l'homme intransigeant qui dénonce toutes les "capitulations", s'opposant avec acharnement tant à une participation palestinienne à une solution négociée de la crise du Proche-Orient qu'à la création d'un mini-Etat palestinien. Après la guerre d'octobre 1973, il se retire du comité exécutif de l'OLP (juin 1974) et menace de s'en séparer si la centrale palestinienne doit approuver une conférence de paix à Genève. Cinq ans plus tard, cependant, il se rallie aux thèses de Yasser Arafat pour une " solution transitoire " et autorise ses représentants à siéger au sein du comité exécutif.

La guerre du Liban, qui aboutit à un contrôle du pays par l'armée syrienne, réduit la marge de manoeuvre de M. Habache au sein de l'OLP et ses possibilités d'action hors de celle-ci. Au cours des années 80, sous la houlette de Yasser Arafat, l'OLP va modérer peu à peu sa position jusqu'à ce qu'en 1988 les Etats-Unis acceptent de nouer officiellement un dialogue avec la centrale palestinienne. Georges Habache proteste vivement, mais évite la rupture, de même lorsque l'OLP avalisera la participation d'une délégation palestinienne à la conférence de paix de Madrid. Durant la crise du Golfe, il consent à se rendre à Amman, pour la première fois depuis le " septembre noir " de 1970, et à rencontrer son vieil ennemi, le roi Hussein. Mais il n'a rien perdu de sa virulence. Alors, dénonçant la coalition anti-irakienne, il déclare notamment : "Nous avons le doigt sur la gâchette pour ouvrir le feu sur les intérêts américains et occidentaux..."
Entre autres méfaits, les Israéliens accusent le FPLP d'avoir commandité l'attentat à l'aéroport de Lod-Tel Aviv, commis en 1972 par trois terroristes japonais (vingt-six morts), d'avoir ordonné l'attaque contre des passagers d'El Al à Orly en 1978 (deux morts, dont un policier français), puis l'attentat contre la synagogue de la rue Copernic, à Paris en 1980 (deux morts, soixante-dix blessés). Sans parler de l'assassinat de nombreux "collaborateurs" des Palestiniens modérés dans les territoires occupés, notamment Zafer el Masri, maire de Naplouse, en 1986 ("liquidation" revendiquée par le FPLP).
Les services secrets israéliens ont été jusqu'à détourner un avion deligne Beyrouth-Bagdad, en 1973, croyant le trouver à bord. Les gouvernements arabes n'étaient pas moins hostiles à son égard. Aussi la vie de Georges Habache, compliquée par un état de santé précaire depuis 1972, était-elle entourée d'un grand mystère et ses lieux de résidence inconnus. Basé à Damas ces dernières années, sa position est devenue d'autant plus délicate que son hôte, le président Assad, a rallié la coalition anti-irakienne aux côtés des Etats-Unis.

(article publié le 1er février 1992)


George Lucien

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