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Source : rue89.com en ligne le 13 août 2012
Des extrémistes sionistes traquent
les maisons palestiniennes à raser
Jillian Kestler-d’Amours
(De Cisjordanie)
Un travail feutré : arriver sans préavis dans une ville ou un village palestinien, prendre des photos, boire un café avec les familles, et partir presque aussi vite qu’arrivé.
« Je ne mens pas. Quand ils me demandent ce que je fais, je leur explique que je mène une recherche dans la région. J’essaie de ne pas aller trop dans les détails. Je finis et je suis loin », résume Ovad Arad, assis dans sa voiture climatisée, le long de la Route 60, en plein cœur de la Cisjordanie. Toutefois, il ne révèle jamais pour qui il opère et les vraies raisons de ses prises de vue.
Ovad Arad est à la tête de la division Judée-Samarie (Cisjordanie) de l’organisation d’extrême droite israélienne Regavim, dont le travail se concentre sur l’utilisation de moyens légaux pour obtenir des ordres de démolition des bâtisses palestiniennes. Des remords sur son travail ? « Pas du tout », rétorque le résident de la colonie de Mevo Horon.
Tout autre réaction quand on aborde la destruction de maisons de colons israéliens :
« Cela me fait du mal de voir des juifs être jetés hors de chez eux. Mais c’est vrai que je n’ai jamais vu des Palestiniens être expulsés de leur maison, que des juifs pour l’instant. »
La traque numérique de Regavim
L’ONG de surveillance officie principalement dans le désert du Néguev, au sud d’Israël, et dans la zone C. Une zone qui couvre près de 60% de la Cisjordanie, sous contrôle total d’Israël selon les accords d’Oslo de 1993. Environ 150 000 Palestiniens et 300 000 colons israéliens y résident actuellement.
Selon la Quatrième Convention de Genève, les colonies israéliennes sont illégales et, même en vertu des propres lois d’Israël, les colonies de peuplement sont illicites. Ari Briggs, directeur du département international de l’organisation, explique :
« Pour nous, il n’y a pas d’occupation israélienne. Nous nous appuyons sur le cadre légal des accords d’Oslo pour faire notre travail en Cisjordanie. »
L’organisation obtient la plupart de ses données grâce à la liberté d’information, en demandant simplement à l’administration civile de fournir des informations. A l’aide de photographies aériennes et du logiciel informatique SIG (Système d’information géographique), le groupe de colons quadrille au centimètre près Israël et la zone C à la recherche de bâtiments palestiniens illicites. Ari Briggs ajoute :
« 100% des constructions juives illégales vont recevoir un ordre de démolition, mais seulement un tiers des constructions arabes illégales vont en recevoir un. »
Accélérateur d’expulsions
« Nous sommes très inquiets des agissements de Regavim, car nous les considérons comme une organisation ultrapolitisée », s’inquiète l’avocat Tamar Feldman, directeur de l’Association pour les droits civils en Israël (Acri). « Ils ne sont pas soucieux des droits humains, ni du droit international. »
Une vision démentie par Briggs : « Nous n’utilisons pas la loi à des fins politiques. Nous utilisons la loi pour essayer de faire respecter le droit », se défend le natif d’Australie qui vit en Israël depuis dix-huit ans.
Pour Feldman, les actions de Regavim ont accéléré les processus juridiques de destruction, en particulier dans les collines du sud d’Hébron, l’une des régions les plus pauvres et les plus défavorisées de Cisjordanie. Mais pour l’avocat, impossible de fournir des données exactes sur le nombre de démolitions qui résultent du travail de l’ONG. Encore récemment toutefois, Regavim a fait appel à la Cour suprême israélienne pour maintenir la suspension de 162 constructions palestiniennes, gelées depuis 2008.
Fin juin, Richard Falk, rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés, dénonçait :
« Les colons israéliens développent leurs implantations illégales à proximité de Susiya, sans aucun effort du gouvernement d’Israël pour les en empêcher. En même temps, la Cour suprême israélienne facilite la démolition de maisons palestiniennes dans la zone. »
Un des coups de force de l’organisation : suite à un appel de Regavim, la Cour avait donné l’ordre de démolir 52 bâtiments palestiniennes dans les collines du sud d’Hébron.
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