"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma  Ed Universlam


CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

mercredi, octobre 06, 2010

LESJUIFS
ETLACOMMUNAUTEROM
PREMIEREREACTION
DUNECOMMUNAUTEJUIVE

Source : la newsletter du Centre
Communautaire Laïc Juif de Belgique
diffusée le 6 otobre



Ne nous détournons pas des Roms


La circulaire du Ministre français de l’Intérieur exigeant l’évacuation systématique des campements illicites des gens du voyage, « en priorité ceux des Roms », traduit administrativement une volonté de ciblage ethnique. Pour certains, l’analogie entre cette politique et celle menée à la fin des années 30 et sous Vichy ne relève plus de l’anachronisme. Il ne s’agit pas de comparer les expulsions des Roms aux déportations des Juifs vers les centres d’extermination, cela n’a pas de sens d’ailleurs, mais de rappeler que la désignation d’un groupe dans son ensemble comme bouc-émissaire participe à un processus de stigmatisation d’une population étrangère analogue à celui qui existait avant 1945. C’est ce qu’a tenté d’exprimer, certes avec maladresse, la commissaire européenne Viviane Reding.

S’il est évident qu’un Etat démocratique doit résoudre des problèmes de délinquance et de sécurité, il est également indispensable de ne pas stigmatiser une population en particulier en lui attribuant la responsabilité exclusive de ces problèmes : les Roms ne sont pas responsables de tous les délits en France, même s’il existe parmi eux des délinquants. Cette nuance est importante. A défaut, on transforme les Roms en groupe criminogène. Cette transformation consiste à manipuler la réalité à des fins politiciennes.

Le gouvernement français a atteint un seuil d’intolérance que les autorités catholiques et protestantes de ce pays ont condamné avec fermeté. Comment les responsables communautaires juifs ont-ils réagi ? On a pu lire des déclarations dans lesquelles le président du CRIF insiste avec vigueur sur la nécessité de ne pas comparer les expulsions des Roms avec la déportation des Juifs pendant la Shoah. S’il rappelle avec beaucoup de précautions qu’il ne faut pas stigmatiser les Roms dans leur globalité, on a l’impression qu’il ne cherche pas à se montrer trop critique à l’égard du gouvernement français. Comme si la volonté d’exprimer sa solidarité à l’égard des Roms dérangeait. On a même entendu sur les ondes d’Europe 1 le Grand rabbin de France, Gilles Bernheim, rappeler que « l’affaire des Roms exige fermeté et mesure pour ne pas tomber dans l’excès ni l’empathie ». Il est rare de voir un représentant de culte tenir un langage aussi administratif, voire technocratique. Le rabbin Bernheim ne se range pas du côté de l’éthique de la conviction si chère à Max Weber et ne s’indigne pas que le projet national français soit entaché par une politique xénophobe dont les Juifs ont été les victimes par le passé. Les Juifs ne sont-ils pas les héritiers d’une histoire particulière qui les pousse à s’indigner plus que quiconque face à la mise en œuvre de mesures injustes ? Si c’est le cas, les autorités communautaires juives de France auraient dû rappeler à l’ordre le Ministre de l’Intérieur et lui signifier qu’on ne joue pas avec la boîte d’allumettes de la xénophobie et du racisme.

Heureusement, un homme a sauvé l’honneur dans cette affaire. Boris Cyrulnik, enfant caché pendant la guerre devenu bien des années plus tard un psychiatre et un neurologue réputé, a su trouver les mots justes pour exprimer ce que beaucoup de Juifs ressentent par rapport aux mesures visant les Roms : « J’aimerais appartenir à un pays qui serait capable d’accepter ceux qui ont une manière différente d’existence. Je serais fier d’appartenir à un pays qui dirait aux Roms : “On va vous réserver des terrains si vous désirez vivre selon votre culture”. J’aimerais me sentir fier d’appartenir à un pays qui énoncerait cette loi : on vous accueille, mais vous apprenez nos rituels et la loi du pays d’accueil. Alors est-ce que j’ai honte du sort réservé aux Roms ? Disons que je ne suis pas fier. Pas fier d’appartenir à un pays qui expulse des gens à qui on pourrait tendre la main ». Comme Boris Cyrulnik, efforçons-nous de rester fidèles à notre histoire et à notre mémoire. Cela ne fait pas de nous des naïfs, encore moins des irresponsables.
Mardi 5 octobre 2010
Nicolas Zomersztajn rédacteur en chef

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