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RESPONSABLEDLEXCLUSION
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DENANCY
Source : marianne.fr en ligne
le 14 octobre à 18h 27
Affaire Pederzoli : le curieux destin d'Olivier Pétré-Grenouilleau
Elodie Emery - Marianne Jeudi 14 Octobre 2010 à 18:27 Lu 1056 fois
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Attaqué en justice en 2005 pour avoir dit que les traites négrières n'étaient pas des génocides, Olivier Pétré-Grenouilleau, historien et inspecteur général de l'Éducation Nationale, est à nouveau dans la tourmente. Son rapport d'inspection qui a conduit à la suspension de Catherine Pederzoli, professeur d'histoire géographie à Nancy, a été qualifié de «négationniste» par l'intéressée et son comité de soutien.
En 2005, un historien inconnu au bataillon du nom d’Olivier Pétré-Grenouilleau déclenchait une polémique pour avoir expliqué dans une interview au Journal du Dimanche que « les traites négrières ne sont pas des génocides » puisque « l'esclave était un bien qui avait une valeur marchande qu'on voulait faire travailler le plus possible ». Accusé de négation de crime contre l’humanité par les uns, défendu par les autres, le nom de Pétré-Grenouilleau était sur toutes les lèvres.
Cinq ans plus tard, une nouvelle affaire de racisme présumé agite les médias. Catherine Pederzoli, professeur d’histoire géographie au lycée Loritz à Nancy, a été suspendue de ses fonctions à la rentrée 2010 à la suite d’un rapport de l’inspection générale « négationniste avec de forts relents antisémites », si l’on en croit l’intéressée. L’auteur du rapport incriminé ? Olivier Pétré-Grenouilleau. Après les Noirs, les Juifs : cet homme a le chic pour heurter tous les communautarismes en fusion.
2005 : le collectif des Antillais, Guyanais et Réunionnais
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Procès Kerviel: le vrai scandale est ailleurs En 2004, Olivier Pétré-Grenouilleau, alors professeur d’histoire à l’université de Lorient en Bretagne, publie un « essai d’histoire globale » recensant et analysant les travaux de chercheurs du monde entier sur la traite négrière. Le livre est très bien reçu chez les spécialistes qui lui décernent trois prix, mais c'est la suite qui le fera connaître au-delà du cercle confidentiel des historiens. Le lundi 13 juin 2005, le collectif des Antillais, Guyanais et Réunionnais annonce qu’il « saisira les autorités compétentes afin que Olivier Pétré-Grenouilleau soit suspendu de ses fonctions universitaires pour révisionnisme ».
Son cas a provoqué l’émotion de nombreux historiens, parmi lesquels Alain Decaux, Pierre Nora, Pierre Milza, ou Mona Ozouf, qui signent en décembre 2005 la « pétition des 19 ». Dans ce texte, il est rappelé que l'histoire n’est gardienne ni de la mémoire, ni de la morale et que « l’historien n’a pas pour rôle d’exalter ou de condamner, il explique ». Le collectif des Antillais finit par retirer sa plainte.
Olivier Pétré-Grenouilleau déménage de son université de Lorient pour s’installer à Sciences Po Paris, et il est nommé en 2009 à l’Inspection Générale de l'Éducation Nationale.
2010 : Catherine Pederzoli et son comité de soutien
C’est donc en tant qu’inspecteur général qu’il rend visite à Catherine Pederzoli, professeur d’histoire géographie au lycée Henri Loritz à Nancy au printemps 2010, et qu’il « frappe » à nouveau. Le rapport qu’il remet au ministre de l’Éducation Nationale Luc Chatel au mois de juillet fait état « d’infraction au principe de laïcité », relève l’usage répété du mot « Shoah » au lieu du terme « plus neutre et juridiquement fondé de ‘génocide’ », et aboutit à la suspension de l'enseignante pour une durée de quatre mois. Pour Catherine Pederzoli, l’occasion de ne pas avoir à répondre des nombreuses autres accusations dont elle fait l’objet était trop belle : elle isole ces deux passages du dossier de 43 pages et mobilise médias et associations sur son cas.
Annette Wieviorka, spécialiste de l’histoire du génocide, refuse la thèse selon laquelle l’Éducation Nationale empêcherait d’enseigner l’historie du génocide des juifs ; mais elle se dit « ahurie » par le rapport : « Au nom de quoi on imposerait un mot pour en interdire un autre ? ». Pétré-Grenouilleau et ses « maladresses », selon les termes de Luc Chatel, ont bien déclenché une nouvelle polémique.
Si l’accusation était sans doute déplacée dans le contexte d’un rapport d’inspection, Olivier Pétré-Grenouilleau n’a fait que mettre sur la table un débat qui occupe des spécialistes tels que Sophie Ernst sur l’usage des mots « Shoah », « holocauste » ou encore « judéocide ». Quand il dit que le terme ‘génocide’ est « plus neutre et juridiquement fondé », il réaffirme sa volonté de refuser le chantage émotionnel qui consiste à mobiliser les souffrances d’un peuple pour justifier manquements et approximations historiques. Et à nouveau, il est taxé de révisionnisme.
Ce matin sur France Info, Robert Badinter s’opposait fermement aux lois mémorielles telles que la loi Gayssot : « Les lois mémorielles, que j’appelle des lois compassionnelles, sont faites pour panser des blessures et apaiser des douleurs (…) et n’ont pas leur place dans l’arsenal législatif. (…). La loi n’a pas à affirmer un fait historique, même s’il est indiscutable. Et j’ajoute que la Constitution ne le permet pas ».
Dans une manifestation organisée le 10 octobre devant le ministère de l'Éducation Nationale, le comité de soutien à Catherine Pederzoli demandait que « les verrous sautent et que les inspecteurs soient punis » ! Contacté par Marianne, Olivier Pétré-Grenouilleau, tenu par « le devoir de réserve », n'a pas souhaité s'exprimer. Espérons qu'à nouveau, d'autres le feront à sa place pour rappeler la différence entre « maladresse » et « révisionnisme ».
Lire l'enquête de Marianne sur l'affaire de Catherine Pederzoli dans notre prochain numéro de samedi 16 octobre
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