LAFFAIRE
MADOFF
Source : lefigaro.fr en ligne le 7 septembre
Les failles de l'enquête sur Madoff
Un rapport du gendarme de la Bourse américaine révèle comment l'escroc s'est joué pendant seize ans des inspecteurs chargés de le contrôler.
« Je m'en suis tiré par miracle », a déclaré Bernard Madoff de sa prison à David Kotz, l'inspecteur général de la SEC (Securities and Exchange Commission), le gendarme de la Bourse américaine, chargé d'enquêter sur l'incapacité de l'organisme de contrôle à déjouer l'escroquerie du siècle, évaluée à 65 milliards de dollars. Condamné à 150 ans de réclusion en juillet, le financier semble jubiler de la façon dont il a réussi à réchapper de seize ans d'enquêtes successives. Un échec pour la SEC comparable à celui de la CIA et du FBI à anticiper le 11 Septembre.
Le rapport de 477 pages de David Kotz a été dévoilé vendredi. Il ne manque pas de détails sur les bourdes des auditeurs chargés d'enquêter sur Madoff, et qui en sortent comme une sacrée équipe d'inspecteurs la Bavure. À l'image de ce dialogue téléphonique de décembre 2003 entre Bernard Madoff et Lori Richards, alors directrice du bureau d'inspection de la SEC. Cette dernière interroge le financier sur le fait qu'il aurait créé en secret un fonds d'investissement spéculatif. Et se contente de la réponse négative de son interlocuteur, s'excusant presque pour le dérangement…
Selon les 122 personnes interrogées durant les huit mois d'enquête interne de David Kotz, Madoff usait régulièrement de son aura et de ses relations haut placées à la SEC pour intimider les enquêteurs. Il était « charismatique » et « charmant », témoigne l'un d'entre eux, « sauf quand il se fâchait contre nous ».
Un autre, Eric Swanson - qui a épousé en 2007 Shana Madoff, la nièce du financier - a écarté les avertissements de ses collègues en 2005, après un e-mail anonyme reçu par la SEC dénonçant une fraude « ultrasophistiquée » à grande échelle chez Madoff. « Je ne connaissais rien, très peu de choses en tout cas, au fonctionnement des hedge funds et des fonds de pension », a-t-il avoué à David Kotz. Il a reconnu qu'il aurait dû approfondir ses investigations s'il avait prêté plus d'attention aux plaintes reçues. L'enquête avait alors été laissée en jachère. L'inspecteur conclut néanmoins que rien ne prouve une influence du lien familial entre Madoff et Swanson.
Dysfonctionnements
Six plaintes se sont succédé dès 1992. Cinq procédures ont été ouvertes à leur suite mais aucune n'a décelé l'escroquerie. En 2006, Madoff croit pourtant bien y passer. « J'ai cru que c'était la fin de la partie », a-t-il avoué à Kotz, alors que les enquêteurs lui demandaient de spécifier des numéros de comptes bancaires qu'il utilisait pour dénouer certaines opérations. Par chance, aucune relance ne suit son absence de réponse…
Le rapport déplore le manque, durant toutes ces années, d'une enquête « compétente et approfondie ». Il dénonce les dysfonctionnements internes à la SEC entre les dirigeants et les employés mais écarte la responsabilité des anciens présidents de l'institution qui n'étaient « en général » pas au courant des enquêtes en cours. Il n'empêche que cet échec majeur est considéré comme un scandale ; le rapport va être étudié au Congrès.
« C'est un échec que nous continuons à regretter et qui nous a conduits à réformer la façon dont nous régulons les marchés et protégeons les investisseurs », a réagi vendredi la présidente de la SEC, Mary Schapiro, nommée par Obama en janvier.
Florentin Collomb
DIASPORABLOG vous conseille la lecture de l'excellente enquète menée sur cette escroquerie la plus tentaculaire de toute l'histoire de l'économie mondiale par un spécialiste israélien de la finance, Amir Weitmann, publiée aux Editions Plon "L'AFFAIRE MADOFF, Les secrets de l'anarque du siècle"
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