"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

mercredi, septembre 09, 2009

PEAN
RWANDA
Source : nouvelobs.com en ligne
le 9 septembre


Elie Wiesel :
"Moralement déplorable
et historiquement regrettable"



L'écrivain et prix Nobel de la paix Elie Wiesel questionne : "Où commence et où s'achève la responsabilité d'un écrivain? Et condamne les propos de Pierre Péan publiés dans "Noires fureurs, blancs menteurs", ouvrage sur le génocide rwandais pour lequel il est poursuivi pour diffamation raciale et provocation à la discrimination raciale.

"Où commence et où s’achève la responsabilité d’un écrivain ? Moi j’appartiens à une génération pour qui l’acte gratuit n’est plus une option. Pour nous, l’art ne peut plus se contenter d’avoir pour seul but de divertir. Le Logos sans Ethos manque d’une dimension humaine sans laquelle tout demeure aride. Ce qui nous amène à cette conclusion : à la limite, tout écrivain est, à mon avis, responsable non seulement de ce qu’il écrit mais aussi de la manière dont d’autres interprètent ce qu’il a écrit.

Je dis cela par rapport au procès qui oppose SOS Racisme à Pierre Péan. Il s’agit de son livre sur le Rwanda. L’auteur dont je connais surtout le livre sur le passé vichyste de François Mitterrand et sur son amitié avec René Bousquet est maintenant accusé de diffamation et d’incitation à la haine. J’ai lu l’ouvrage en question ainsi que l’acte d’accusation.

Péan est-il raciste ? Je n’en sais rien. Je veux bien le croire. Est-il négationniste ? Il le nie. Je l’espère pour lui. On me dit que, lors de son procès, il avait éclaté en pleurs lorsqu’un témoin compara certaines de ses expressions contre les Tutsis aux propos antisémites du Mein Kampf. Son émotion ne peut que me toucher, au point de me demander si ces expressions furent voulues, bien réfléchies. Il s’agirait peut-être d’un coup de tête, d’un emportement, d’un dérapage : ses propos auraient, comme on dit, tout simplement dépassé sa pensée. Pourquoi ne pas pardonner à un auteur comme lui qui, dans ses autres ouvrages, fait preuve de plus de probité ? Cependant je ne peux me libérer d’un sentiment de malaise en relisant certains passages sortis de sa plume.

Déjà dans le Préambule, il insiste sur sa conclusion définitive – et un peu trop simpliste – selon laquelle les chefs tutsis auraient été responsables de leur propre catastrophe qui, en fin de compte, est appelée génocide. En fait, tout son volume progresse dans le même sens. Or, c’est exactement ce que les antisémites font si souvent : ils rendent les victimes responsables de leur malheur. Et cela me semble moralement déplorable et historiquement regrettable.

Je le sais bien : Péan ne va pas jusque là. Mais il répète beaucoup trop souvent le mot « mensonge » en parlant des Tutsis, de leur mentalité et de leur culture. Les juge-t-il tous coupables ? Ne serait-ce pas un peu trop proche d’une diffamation collective ?

Cela me semblerait moralement déplorable et historiquement regrettable.

L’écrivain qu’il est devrait savoir que les mots, avec le poids de leur passé, ne sont jamais innocents. Ils ont des conséquences. Le monde dit civilisé l’a appris un peu tard, mais il l’a quand même retenu.

Certes, nous sommes tous libres de les employer pour dire ce qu’on ne doit taire, mais cette liberté elle-même implique un devoir suprême de responsabilité.

Ce que ma génération a aussi appris c’est que, dans chaque événement tragique, c’est la vérité des victimes qui mérite d’être privilégiée. Cela était vrai autrefois, au temps des ténèbres et de la malédiction, et cela l’est toujours pour le Rwanda où les victimes sont les Tutsis.

Qui le nie ou le diminue ne fait que, consciemment ou non, porter atteinte à leur honneur ainsi qu’à leur mémoire blessée."



(Elie Wiesel, écrivain, prix Nobel de la paix)

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