"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

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de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

lundi, janvier 26, 2009

GAZA,
ETAPRES?
Source : lefigaro.fr en ligne le 26 janvier


Souleiman, l'homme qui sait parler
à Israël et au Hamas


Georges Malbrunot


La longévité d'Omar Souleiman à la tête du contre-espionnage égyptien lui a permis de bâtir un des meilleurs réseaux d'agents dans le monde arabo-musulman. Crédits photo : AP
Habitué des missions spéciales, le chef des services de renseignements égyptiens cherche à arracher un cessez-le-feu durable entre l'État hébreu et les islamistes palestiniens.

Il est «le prince de l'ombre». L'œil et les oreilles du président Hosni Moubarak. Celui auquel le journaliste doit impérativement faxer son entretien avec le raïs pour qu'il vérifie qu'aucune allusion n'ait été faite à sa bête noire intégriste, les Frères musulmans. «Ses cheveux tirés en arrière, son maintien très droit, et son élégance raffinée qui cache une certaine cruauté me font penser à l'acteur qui joue aux côtés de Leonardo DiCaprio le rôle du chef d'un service arabe dans le film Mensonges d'État», note un de ses anciens interlocuteurs à la DGSE, qui se dit volontiers «fasciné» par l'homme.

Depuis plus de trois semaines, de son bureau d'Héliopolis, aux portes du Caire, Omar Souleiman tente de nouer les fils d'un impossible dialogue entre les ennemis, israéliens d'un côté, et islamistes palestiniens du Hamas, de l'autre, qui se sont affrontés dans la bande de Gaza. Deux ennemis qui ne se parlent que par l'entremise du maître espion égyptien. Début janvier, il n'a pas réussi à imposer un cessez-le-feu concerté, mais il n'a pas renoncé, pour autant. L'homme sait qu'en Orient «la patience est belle», comme le dit le proverbe. Les armes s'étant tues, Souleiman a repris sa médiation entre le négociateur israélien, Amos Gilad, et des représentants du principal parti islamiste palestinien. Objectif : ciseler les contours d'une trêve, la plus longue possible, et trouver les moyens de freiner la contrebande à destination de la bande de Gaza - via l'Égypte - un dossier particulièrement sensible au Caire, qui a sa part de responsabilité dans ces

Si Omar Souleiman est accepté par les deux parties, c'est d'abord en raison de sa double casquette : homme du renseignement réputé, mais aussi conseiller politique écouté, et pas seulement en Égypte. «Il est de loin le plus performant de tous les chefs de services de renseignements arabes», relève le général Philippe Rondot, qui les connaît tous. «Un grand travailleur, à la fois redouté et admiré dans son service, qui séduit par son esprit d'ouverture», ajoute le Gal Rondot.
Sa naissance à Qena dans la Haute-Égypte en 1934 lui donne ce teint basané qui rappelle celui d'Anouar el-Sadate. Le jeune militaire participera à deux guerres contre Israël, celle des Six jours en 1967, puis au conflit du Kippour en 1973, qui faillit prendre de court l'État hébreu. « Quarante ans après, il peste encore quand il raconte des anecdotes sur les conseillers militaires russes qui ne voulaient surtout pas risquer leur vie pour défendre l'Égypte», se souvient un diplomate de son pays. Si le jeune Souleiman a été formé dans l'ex-URSS communiste, plus tard, son camp sera clairement celui de l'Occident. «Il est revenu farouchement anticommuniste de Moscou» , se rappelle un de ses vieux compagnons d'armes.

Dans les années 1980, Souleiman troque le kaki pour les costumes rayés, d'abord comme patron des renseignements militaires, puis à partir de 1993, comme chef de la toute puissante police secrète du régime égyptien. Avec ce serviteur de l'État à leur tête, les services rentrent dans le rang : finis les coups tordus, comme dans les années 1960 où les agents de Nasser complotaient dans son dos.
Le 21 juin 1995, il sauve la vie à Moubarak, en lui conseillant de faire acheminer une Mercedes blindée pour son déplacement le lendemain à Addis-Abeba, à un sommet panafricain. En embuscade, des terroristes islamistes, venus du Soudan, tirent sur le véhicule. Le chauffeur est tué sur le coup, mais le raïs s'en sort indemne. Souleiman sollicitera les services français qui convaincront Khartoum de lui livrer les assaillants. Juste renvoi d'ascenseur : quatre ans plus tôt, c'est grâce à lui que Paris avait arraché la libération d'otages retenus par le terroriste Abou Nidal en Libye. «Souleiman nous a également beaucoup aidés dans l'attentat libyen contre le DC 10 d'UTA, et l'islamisme radical en Algérie», ajoute un expert français.

Souleiman a un atout précieux : sa longévité à la tête du contre-espionnage égyptien lui a permis de bâtir un des meilleurs réseaux d'agents dans le monde arabo-musulman. Ses limiers sont à Gaza, alors que la plupart des services occidentaux ou arabes ont déserté le territoire. Ils sont également présents dans le Golfe, ou en Irak, alors que les diplomates égyptiens ne peuvent s'y rendre, après la chute de Saddam Hussein en 2003. Mais ses longues mains plongent encore au Pakistan, où Souleiman traque le numéro 2 d'al-Qaida, son compatriote Ayman Zawahiri, qui a juré la perte du Caire, «allié de l'Occident impie».

Car son «sens aigu des intérêts de l'Égypte» lui fait partager les mêmes ennemis que ses homologues occidentaux : l'Iran nucléaire et la pénétration chiite dans les sociétés arabes sunnites ; les filières des Frères musulmans à travers le monde ; et bien sûr la mouvance al-Qaida, avec de nombreux Égyptiens dans ses rangs, qui a déjà frappé dans le Sinaï. Une liste noire à laquelle Souleiman ajoute volontiers la Syrie et le Qatar, pays dont le «double jeu» l'agace.

Jusqu'en 2000, personne, sur les bords du Nil, ne savait qu'il dirigeait les services égyptiens. Comme pendant longtemps chez son ancien ennemi israélien, l'identité du titulaire du poste était tenue secrète. Mais en juin aux obsèques du président syrien Hafez el-Assad, Moubarak le propulse sur le devant de la scène. Avant de lui confier, quelques mois plus tard, la gestion du dossier israélo-palestinien, dans l'impasse pour cause de deuxième Intifada. Sans en avoir le titre, Souleiman devient alors conseiller politique du raïs. Tel Aviv-Ramallah-Gaza : Souleiman multiplie les navettes auprès d'Ariel Sharon et de Yasser Arafat, qui se livrent une ultime bataille. Objectif : arracher, déjà, une trêve aux belligérants. Il y parviendra en 2001, en 2003 puis en 2005. Mais en 2006, il échouera à faire libérer le soldat israélien, Gilad Shalit, prisonnier du Hamas - un autre dossier dont il a la charge. Tout comme il échouera à réconcilier l'Autorité palestinienne et le Hamas, après que les islamistes ont évincé par la force leurs rivaux nationalistes de la bande de Gaza en juin 2007.

Depuis, personne ou presque en Occident ne voulant parler au Hamas, Souleiman voit son rôle d'incontournable médiateur renforcé.
Crédible, donc respecté de tous. Y compris du Hamas. Pourtant, «Souleiman est un libéral qui affiche des positions ouvertement anti-islamistes», affirme le diplomate égyptien. Mais tous ses interlocuteurs le reconnaissent : «il parle clairement, il est très structuré, et avec lui, on n'a pas l'impression de perdre son temps», raconte l'un d'entre eux.

Ces dernières années, Hosni Moubarak l'envoya en mission secrète en Libye, au Maroc, en Arabie saoudite ou en Israël. Pour s'entretenir, non pas avec ses homologues des services de sécurité, mais avec les dirigeants de ces pays. Si Omar Souleiman est devenu le vrai numéro deux du régime, «son atout, poursuit le diplomate, c'est de n'avoir jamais donné l'impression qu'il voulait faire de la politique» , même si la presse internationale a parlé de lui, à un moment, pour succéder au président Moubarak. Bref, un homme de l'ombre qui sait ne pas faire d'ombre à son chef.

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