LESULTRANATIONALISTES
JUIFSAHEBRON
DEFIENTLETATDISRAËL
Source : liberation.fr en ligne le 6 décembre
«Cette maison est à nous, ce pays appartient au peuple d’Israël»
A Hébron, Tsahal a été confronté à une génération de jeunes Juifs radicaux.
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JÉRUSALEM,
de notre correspondant
STEPHANE AMAR
Des policiers évacuent des colons israéliens à Hébron, en Cisjordanie. (REUTERS)
La clope au bec, Avidan et Ouriel sont assis sur un trottoir et tirent le bilan de la journée. Ils viennent d’assister, effondrés, à l’évacuation d’un immeuble d’Hébron, en Cisjordanie, où étaient retranchés depuis une semaine des dizaines de colons juifs. Malgré la nuit tombée, ils sont restés sur place pour continuer à harceler les forces de l’ordre. «Bien sûr que nos parents savent que nous sommes là. Et ils approuvent complètement ce que nous faisons», affirment les deux garçons qui viennent de fêter leurs 14 ans.
«Intifada juive».
Le premier porte un large bandeau qui retient une abondante tignasse bouclée. Le second, blond comme les blés, arbore une minuscule kippa tricotée. Les deux collégiens vivent à Maon, une implantation voisine d’Hébron. Ils font partie des «jeunes des collines», ces adolescents rebelles à l’autorité de l’Etat et prêts à tout pour empêcher le démantèlement des implantations. «Cette maison est à nous, ce pays appartient au peuple d’Israël», clament-ils à l’unisson.
Insultes, jets de pierres, barricades : une semaine durant, Avidan et Ouriel ont participé à ce que les médias israéliens nomment «l’Intifada juive», en référence aux soulèvements palestiniens. Foulard remonté jusqu’aux yeux ou visage dissimulé par une capuche, l’image de ces jeunes Israéliens renvoie immanquablement aux «chebabs» de Gaza ou de Naplouse. Sauf que ces émeutiers-là ciblent autant les soldats de Tsahal que les civils palestiniens.
«Les parents de ces jeunes ne comprennent pas à quel point ils ressemblent aux parents palestiniens. Ce sont tous des parents de l’Intifada. Une génération entière d’enfants palestiniens a été bousillée par la terreur. Une génération entière d’enfants de colons est bousillée par une lutte aveugle contre l’autorité de l’Etat», écrivait cette semaine Nahum Barnea, l’éditorialiste du Yédiot Aharonot.
En général, les jeunes colons sont rapidement maîtrisés par les forces de l’ordre. Mais leurs attaques verbales sont d’une violence inouïe. «Voilà le bétail qui débarque», s’exclame une adolescente à l’arrivée d’un renfort d’une unité antiémeute. «Des nazis, voilà ce que vous êtes, vous chassez des Juifs de chez eux, vous êtes pires que les Arabes», hurle sa voisine. Un peu en retrait, Boaz, 20 ans, originaire du plateau du Golan, observe la scène avec désolation. «Evidemment, devant l’attitude du gouvernement, on a la rage au ventre. Mais ensuite on se raisonne, et on se dit qu’agresser de cette manière nos propres soldats, cela ne sert à rien. Ces jeunes ne se servent plus de leur cerveau, ils s’expriment avec leurs tripes.»
Les événements d’Hébron inquiètent d’autant plus les Israéliens qu’ils illustrent un réel durcissement de la lutte pour le «grand Israël». Alors qu’en août 2005 le démantèlement des implantations de Gaza s’était déroulé sans incident majeur, l’évacuation, six mois plus tard, d’Amona, une petite colonie du nord de Jérusalem, avait failli tourner au drame. La vigueur de la répression policière - et les nombreuses bavures - avait scandalisé les manifestants et grossit les rangs des radicaux, estimés aujourd’hui à plusieurs milliers contre quelques centaines avant le retrait de Gaza. «Quand un soldat sort de force un Juif de sa maison, il se met du côté de nos ennemis. Même s’il applique une décision de l’Etat, cela n’a pas d’importance. Chaque être humain est maître de ses choix. C’est pourquoi nous trouvons légitime de nous en prendre aux soldats», justifie Alon, un jeune religieux présent à Hébron cette semaine.
Ambigu.
Face à cette radicalisation, le mouvement des implantations reste divisé. Si quelques hommes politiques et rabbins influents ont publiquement condamné les exactions des jeunes extrémistes, la plupart des responsables observent un silence ambigu. «Nous ne sommes pas du genre à tendre l’autre joue. Si l’armée agresse nos jeunes, je ne vois aucune raison de ne pas riposter», estime ainsi Orit Struck, une figure de l’Union nationale, un des principaux relais des colons.
Bien entendu, Avidan et Ouriel supportent mal d’être comparés aux lanceurs de pierres palestiniens, une malveillance médiatique selon eux. «C’est sûr qu’ils doivent être contents de voir ça, les Arabes, concède pourtant Ouriel. Hier, quand on se battait contre les soldats, ils nous regardaient depuis les toits et ils applaudissaient. Je crois que c’est ça qui me rendait le plus dingue.»
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