PASSERELLE
Source : lefigaro.fr
LES TENANTS D'UN ISLAM MODERE
VEULENT SE FAIRE ENTENDRE
Les partisans de la modernité
s'organisent pour contrer
les fondamentalistes et donner
une autre image de leur foi.
MUSULMANS, ils veulent faire entendre une autre voix en France. Scientifiques, intellectuels, responsables associatifs, ils exposent désormais «leur» islam, celui des Lumières. Beaucoup se sont déjà brûlés face aux fondamentalistes. Certains se sont épuisés dans des duels de sourates, avant de comprendre qu'il valait mieux séduire les autres.
«Avant, nous étions sur la défensive. Mais le climat a changé», reconnaît l'anthropologue Malek Chebel, auteur d'un récent Kama Sutra arabe (1) qui lui aurait valu en d'autres temps les foudres des radicaux. Cet érudit annonce l'avènement du «postfondamentalisme». «Dans le monde musulman comme en Europe, les gens constatent que les sectaires échouent.» De plus en plus de jeunes musulmans fréquentent ses conférences. «Ils savent que je ne conteste pas leur foi. En revanche, je cherche à faire émerger l'individu en eux, un musulman qui fait ses propres choix.»
L'identité enfouie
Depuis le 11 Septembre, l'islam est un sujet d'étude planétaire. «Il y a quinze ans, celui qui voulait connaître l'islam ne trouvait que des manuels wahhabites», raconte Yacine Demaison, qui dirige les Scouts musulmans. Désormais, chacun peut l'aborder par divers chemins, de la sociologie aux livres de spiritualité. Ce savoir diversifié change la donne. Les prêcheurs ne sont plus les seuls à réveiller l'identité enfouie de certains enfants d'immigrés. Par le biais des Scouts musulmans, le mouvement spirituel soufi s'investit dans les quartiers pour proposer d'éclairer les jeunes. Un livre, L'Islam dans la cité (2), des assises, du dialogue : les initiatives se multiplient pour sortir les musulmans du «ghetto communautaire». «Si nous laissons l'islam aux fondamentalistes, le conflit est inéluctable et les jeunes s'en rendent compte», assure encore Yacine Demaison.
Avec d'autres mots, Mustafa Cherif, islamologue, ancien ministre algérien de l'Enseignement supérieur, professeur à l'université d'Alger, dit la même chose dans L'Islam, tolérant ou intolérant ? (3). L'islam est ouverture, affirme-t-il, mais le dénigrement d'un côté et la «faiblesse des musulmans d'aujourd'hui à renouveler l'interprétation» de l'autre brouillent son image.
Des intellectuels diffusent cette version éclairée jusque dans les écoles (voir ci-dessous). Et de nouvelles figures veulent incarner cet islam ouvert. L'ancien champion de karaté Mohamed Qatiri est devenu, le mois dernier, président de la mosquée d'Argenteuil, longtemps un fief salafiste. «La foi doit s'exprimer par le comportement plus que par la tenue vestimentaire», estime celui qui va ouvrir un centre culturel pour accueillir des non-musulmans dans sa mosquée. C'est encore Saliha Brahimi, aumônière formée à la mosquée de Paris, qui s'active pour créer une association culturelle. «Parce qu'il faut d'abord du savoir : la religion mêlée à l'ignorance conduit à l'obscurantisme.»
(1) Le Kama Sutra arabe, Pauvert
(2) L'Islam dans la cité, Albin Michel
(3) L'Islam tolérant ou intolérant ?, Odile Jacob
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