"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma  Ed Universlam


CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

mercredi, janvier 25, 2006

CHRONIC

de Philippe Meyer



La compassion plutôt que l’admiration


N’ayons pas la mémoire trop courte. Il n’y a pas encore si longtemps, quiconque aurait osé dire du bien d’Ariel Sharon était voué à la condamnation du jury moral occidental (en général) et français (en particulier). Journalistes, politiques et simples citoyens, nombreux étaient alors ceux qui attendaient uniquement qu’un défenseur du Premier ministre israélien ne s’exprime pour déverser leur venin de haine et de violence. Fasciste, dictateur, boucher sanguinaire, criminel. Rarement, ou plutôt jamais, un chef de gouvernement démocratiquement élu n’aura été la cible de tant de qualificatifs ignobles et injurieux. Pas un journal, pas une enquête, pas un reportage, pas un commentaire qui ne pouvait s’offrir le luxe de ne pas sombrer dans cette chasse à l’homme d’un autre âge. Ariel Sharon, responsable de tous les maux de la terre, représentait pour ces nouveaux croisés de la morale bien-pensante tout ce qu’il fallait combattre. Et ils ne s’en sont pas privés. Quitte à tomber dans un antisionisme, anti-chambre d’un nouvel antisémitisme, qui ne les dérangeait guère. Avec les conséquences que l’on sait.

Puis est venu le temps du désengagement de Gaza et avec lui, celui des premières fissures dans cette armada anti-sharon. Le démon avait fait un geste. Se serait-on trompé sur lui ? Mais bon, il fallait aller tellement plus loin pour éliminer l’ « injustice » que la création de l’Etat d’Israël avait crée, que ces quelques états d’âme ne pesaient finalement pas lourd. On accorderait éventuellement à Ariel Sharon un quitus d’homme de paix, une fois qu’il aurait cédé sur toutes les exigences des ennemis d’Israël. Le risque d’en arriver là était finalement bien faible et les accusateurs pouvaient reprendre leur sinistre tâche.

Enfin est venu l’accident du 4 janvier dernier. Ariel Sharon dans le coma, luttant pour sa survie, si proche de tourner une page définitive. A la brutalité de l’attaque cérébrale a répondu celle du changement d’opinion sur le Premier ministre israélien. En quelques instants, ceux là même, en France ou ailleurs, qui avaient été les plus grands pourfendeurs d’Ariel Sharon pendant de si longues années, se sont transformées en ses plus virulents avocats. Au delà même de la compassion liée à l’événement, c’est à une reconnaissance générale des mérites du Premier ministre israélien à laquelle on a assisté. Les éloges étaient alors aussi unanime que n’étaient jusque là les injures. Talents militaires, intelligence politique, clairvoyance diplomatique, courage humain. Mais parlait-on alors du même Ariel Sharon que celui qu’on avait traîné dans la boue si longtemps ?

Comment expliquer un tel renversement, presque inédit ? Deux facteurs peuvent être avancés.
D’une part, les nouveaux défenseurs de Sharon, ayant si subitement jetés leurs habits de procureurs, savent très bien que leurs attaques d’hier étaient basées sur le mensonge. Criminel, dictateur, bourreau. Ceux là qui portaient de telles accusations étaient parfaitement conscients de l’énormité de leurs calomnies. Mais, au nom d’une idéologie et d’un combat politique, il fallait pour ces militants d’une certaine cause y avoir recours. Et plus le mensonge est gros, plus il est facile de faire volte face par la suite. Imagine-t-on un tel renversement d’opinion pour un Pinochet, Saddam Hussein ou autre Milosevic auxquels on avait pourtant associé le nom de Sharon dans le club très fermé des assassins internationaux ? Bien sur que non. Quand on sait que les attaques lancées n’étaient pas fondées, on arrive plus facilement à les oublier.

D’autre part, Ariel Sharon représentait pour certains ce que le peuple juif ne doit pas être : fier de lui, se dotant des moyens de sa survie, prenant son destin entre ses mains et se refusant à baisser la tête. Combattre un Ariel Sharon debout, fort et poursuivant son chemin malgré tout, équivalait à combattre à travers lui le juif que l’on aime pas. Une certaine intelligentsia n’a en réalité jamais pardonné à Ariel Sharon d’avoir redonné sa fierté au peuple juif et de lui avoir fait comprendre que c’est à lui seul de décider de son avenir. D’où la déferlante de haine sans pareil qui a traversé la planète contre le vieux fermier du Néguev, bien au-delà de toute autre considération. En revanche, couvrir d’éloges un Ariel Sharon terrassé et faible était justifié puisque c’est comme cela qu’on aime le peuple juif. Dans la souffrance et dépendant d’autrui. La compassion plutôt que l’admiration. Jusqu’au bout, Ariel Sharon aura symbolisé à la fois le regard malsain et dangereux du monde sur le juif tel qu’il existe depuis toujours, mais aussi la réaction salutaire que le juif doit afficher pour s’en défendre. Sachons en tirer les leçons pour l’avenir. C’est rendre à ce grand Premier ministre de l’Etat d’Israël l’hommage qu’il mérite.

Philippe Meyer

Aucun commentaire: