SAVANTS
Diasporablogj. ouvre une nouvelle rubrique, Champs Savants, en donnant la parole et en prêtant la plume aux scientifiques, historiens, sociologues, philosophes qui auront une thèse nouvelle, enrichissant notre savoir, une étude à défendre, des recherches abouties, capables de nous surprendre, et prêtes à être rendues publiques.
Place à la recherche "scientifique", au sens large du terme, celle qui permet à l'homme de mieux évoluer dans l'univers et qui l'aide à sortir de ses trop confortables certitudes.
Premier invité à présenter le fruit de ses recherches,
IDRISSA BA
Doctorant en histoire, d'origine sénégalaise
Il a soutenu un mémoire de maîtrise et un mémoire deDEA à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, respectivement sur "la représentation des pouvoirs ouest-africains à travers les sources arabes (IXe -XIe siècles)" et sur "la question de l'esclavage dans le Soudan occidental et central d'après les Ajwiba 'alâ as'irat al Askya Muhammad (réponses auxquestions de l'Askya Muhammad" d'al-Maghîlî et le Mi'râj al-Su'ud d'Ahmad Bâbâ. Il termine actuellement une thèse de doctorat à l'Université de Paris intitulée : "Présence juive au Sahara et au Soudan au Moyen-Age : perceptions et réalités." En Mai 2003, il a fait une communication au colloque organisé par l'EHESS sur Jean Léon l'Africain. Elle a été publiée en 2005 par la revue Lagoshistorical review sous le titre "La problématique de la présence juive au Saharaet au Soudan s'après l'oeuvre de Jean Léon l'Africain."
DIASPORABLOGJ. est heureux de faire découvrir à nos fidèles internautes, les travaux de ce chercheur, dont la thèse définitive, qui comporte plus de mille pages, sera soutenue avant cet été. Elle est jugée, dans le domaine qu'elle développe, comme l' étude la plus affinée à ce jour, la plus exhaustive. Un travail d'une précision méticuleuse.
Elle est publiée pour la première fois, sous forme de synthèse, dans un seul média : le notre! Nous en sommes très fières. .
Cette étude sera publiée sur notre blog en plusieurs chapitres, compte-tenu, même s'il s'agit d'une synthèse, d'une oeuvre étendue, à plusieurs articulations.
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Avertissement :
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Le texte que nous mettons en ligne est interdit de reproduction, sous toutes ses formes. Il est protégé à la SACD. Toute contrevenance constatée serait aussitôt sanctionnée.
copyright
IDRISSA BA
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LA PROBLEMATIQUE
DE LA JUDEITE DES PEULS
Présentation des Peuls
De nos jours les Peuls occupent les savanes sahélo – soudanaises. Après d’importantes migrations, ils ont fini par s’installer dans ces régions, dont l’écologie est celle qui se prête le mieux à leur principale activité économique qu’est l’élevage. Ces migrations sont spécifiées par les spécialistes des Peuls en deux mouvements. Le premier est celui qui les conduisit de leur pays d’origine jusque dans le sud mauritanien et les rives du fleuve Sénégal. Le second mouvement ou dispersion historique est celui qui du fleuve Sénégal les mena vers l’intérieur du continent.
Thèses sur les origines des Peuls
Nul n’a suscité autant de thèses passionnées et contradictoires sur ses origines, sa « race », ses relations avec sa vache ou ses voisins, surtout de la part de l’Europe, que le Peul. Les thèses en présence sont au nombre de quatre : les thèses fantaisistes, les thèses orientales, la thèse saharienne et la thèse nilotique. La question des origines n’étant pas au cœur de notre problématique nous nous contenterons de rappeler à grands traits les thèses qui rattachent les Peuls à des populations blanches en général et juives en particulier.
Les thèses fantaisistes et les thèses orientales
Ces thèses sont filles de la colonisation. Elles en charrient les préjugés et les avatars. Aussi bien les explorateurs que les colonisateurs ont été frappés par les Peuls, la finesse de leurs traits, la clarté de leur teint, la beauté de leurs femmes, la bravoure, la fierté et l’orgueil de leurs guerriers, l’organisation sociale et politique des hégémonies qu’ils mirent en place, la qualité de leurs productions littéraires, leur esprit vif fait de malice et de roublardise et surtout la résistance opiniâtre qu’ils opposèrent aux colonisateurs. Aux yeux de l’Europe dominante et conquérante, autant de qualités ne peuvent être prêtées à des nègres. On fait alors des Peuls des blancs ou des métis venus d’ailleurs pour civiliser les nègres, les vrais ceux-là, qui les entourent partout en Afrique et dont ils seraient supérieurs à tout point de vue. Les thèses en vogue à l’époque en Europe sur la hiérarchisation des peuples en fonction de leur race, sur la mission civilisatrice des grandes puissances et sur la nécessité pour l’Eglise de sauver les âmes en perdition des peuples indigènes et sauvages croient trouver dans les Peuls des auxiliaires sûrs pour passer à l’acte, sur le terrain de l’anthropologie africaine. Mais le Peul se jouera de ce rôle qu’on voulait lui prêter et se fera un farouche résistant à la colonisation et un parfait réfractaire à l’ordre colonial, une fois celui-ci établi. L’exemple qui reflète le mieux l’esprit de ces thèses est celui qui fait des Peuls les descendants d’une légion gauloise qui se serait perdue quelque part dans le désert saharien.
la thèse judéo - syrienne de Maurice Delafosse
Parmi les thèses orientales, la thèse judéo - syrienne de M. Delafosse est celle qui s’attache le plus à improviser aux Peuls des origines juives. Selon cet auteur les Peuls sont les descendants de la tribu des Foudh, Fouth ou Foul qui sont mentionnés dans le Pentateuque et dans les écrits de plusieurs prophètes bibliques, en l’occurrence Ezéchiel, Jérémie, Isaïe et Nahum. Au départ, les Fouth vivaient en Mésopotamie, en Syrie et en Palestine. Ces Fouth qui sont des « populations sémitiques étaient en majorité de descendance israélite, mais non en totalité. » C’est la raison pour laquelle M. Delafosse préfère pour qualifier ces populations et les différentes migrations qu’elles effectuèrent de « judéo - syriennes » plutôt que de « juives ». En différentes vagues, ces populations migrèrent de leur région d’origine vers l’Egypte et les contrées africaines voisines. L’exode qui conduisit au IIIe millénaire Joseph, ses frères et son père Jacob sur les rives du Nil en ferait partie. Les différentes vagues d’invasions hyksôs aussi. Aux pays des Pharaons, les Judéo - Syriens se multiplièrent et prospérèrent au fil du temps, développant un fort sentiment nationaliste qui aboutit à leur expulsion. La vague la plus importante de Judéo - Syriens retourna vers sa terre d’origine, la Palestine, sous la houlette de Moïse. D’autres ne le suivirent pas. Ils se dirigèrent plutôt vers l’Ethiopie et la Cyrénaïque. Vers 320, la communauté judéo - syrienne de Cyrénaïque s’enrichit de nouveaux venus. Il s’agit de Juifs déportés là par Ptolémée Soter après qu’il ait fini de conquérir Jérusalem. Cette communauté s’enrichit aussi de quelques éléments berbères. De processus en processus et de migrations en migrations, les Judéo - Syriens finirent par aboutir sur les rives du fleuve Sénégal, entre la fin du VIIIe siècle et le début du IXe siècle, en passant entre autres par l’Aïr, le Macina et l’Awker. C’est une fois dans la vallée du fleuve Sénégal que les Judéo - Syriens devinrent, comme par enchantement, des Peuls.
Maurice Delafosse précise que dans l’Awker, les Judéo – Syriens furent rejoints par des compatriotes qui quittèrent la Cyrénaïque suite à la pacification romaine de 115. Avant d’accéder à l’Awker, ces derniers passèrent par la Tripolitaine et le Touât, où un certain nombre d’entre eux demeura, tandis que d’autres se dirigeaient vers le sud marocain.
Parmi les thèses orientales, la thèse judéo - syrienne de M. Delafosse est celle qui s’attache le plus à improviser aux Peuls des origines juives. Selon cet auteur les Peuls sont les descendants de la tribu des Foudh, Fouth ou Foul qui sont mentionnés dans le Pentateuque et dans les écrits de plusieurs prophètes bibliques, en l’occurrence Ezéchiel, Jérémie, Isaïe et Nahum. Au départ, les Fouth vivaient en Mésopotamie, en Syrie et en Palestine. Ces Fouth qui sont des « populations sémitiques étaient en majorité de descendance israélite, mais non en totalité. » C’est la raison pour laquelle M. Delafosse préfère pour qualifier ces populations et les différentes migrations qu’elles effectuèrent de « judéo - syriennes » plutôt que de « juives ». En différentes vagues, ces populations migrèrent de leur région d’origine vers l’Egypte et les contrées africaines voisines. L’exode qui conduisit au IIIe millénaire Joseph, ses frères et son père Jacob sur les rives du Nil en ferait partie. Les différentes vagues d’invasions hyksôs aussi. Aux pays des Pharaons, les Judéo - Syriens se multiplièrent et prospérèrent au fil du temps, développant un fort sentiment nationaliste qui aboutit à leur expulsion. La vague la plus importante de Judéo - Syriens retourna vers sa terre d’origine, la Palestine, sous la houlette de Moïse. D’autres ne le suivirent pas. Ils se dirigèrent plutôt vers l’Ethiopie et la Cyrénaïque. Vers 320, la communauté judéo - syrienne de Cyrénaïque s’enrichit de nouveaux venus. Il s’agit de Juifs déportés là par Ptolémée Soter après qu’il ait fini de conquérir Jérusalem. Cette communauté s’enrichit aussi de quelques éléments berbères. De processus en processus et de migrations en migrations, les Judéo - Syriens finirent par aboutir sur les rives du fleuve Sénégal, entre la fin du VIIIe siècle et le début du IXe siècle, en passant entre autres par l’Aïr, le Macina et l’Awker. C’est une fois dans la vallée du fleuve Sénégal que les Judéo - Syriens devinrent, comme par enchantement, des Peuls.
Maurice Delafosse précise que dans l’Awker, les Judéo – Syriens furent rejoints par des compatriotes qui quittèrent la Cyrénaïque suite à la pacification romaine de 115. Avant d’accéder à l’Awker, ces derniers passèrent par la Tripolitaine et le Touât, où un certain nombre d’entre eux demeura, tandis que d’autres se dirigeaient vers le sud marocain.
Critiques de la thèse de Maurice Delafosse
Pour des raisons évidentes liées à une question de logique, la critique historique n’a pas manqué de relever les nombreuses contradictions et insuffisances qui émaillent la thèse de M. Delafosse. Nous pouvons en résumer les plus notables :
- L’intention de M. Delafosse affirmée dès le départ est de faire des Peuls une population sémitique, pour expliquer à la fois leurs traits physiques si caractéristiques et leur supposée supériorité sur les autres peuples d’Afrique. Mais la logique de son postulat et de son analyse l’amène à en faire des descendants de Cham. On est donc au cœur d’une contradiction dont il prend conscience et contourne par une pirouette peu convaincante :
« Il n’y a pas à s’appesantir sur cette indication, la Bible – comme les auteurs arabes – confondent les descendants de Ham avec ceux de Sem. »
- Les Peuls ne peuvent pas naître au VIIIe siècle pour la bonne et simple raison qu’on retrouve un peu partout dans le Sahara des traces de leur passage dans ces régions, aussi bien dans des peintures rupestres que dans l’onomastique : coiffure en cimier, cérémonie du lootoori, types peuls, bovidés peuls, caamaba, … Au moment où M. Delafosse fait arriver les Judéo - Syriens dans la vallée du fleuve Sénégal, cette région contenait déjà un fond pulaar, si l’on s’en tient aux indications de la tradition orale. Différentes dynasties se sont succédées dans la vallée du fleuve Sénégal: Dya Oogo, Tondyon, Manna, Lam Taaga, Lam Termès, Satiguis, Almaamis. Chez la première par exemple l’onomastique est pulaar : Gallo, Jaa, Oogo.
- Selon Maurice Delafosse, les Peuls trouvèrent sur place, à leur arrivée dans la vallée du fleuve Sénégal les Toucouleurs. En réalité, il convient de considérer les Toucouleurs soit comme des Peuls qui, avec la sédentarisation, s’en sont un peu différenciés par la spécialisation économique dans l’agriculture, soit comme le fruit d’un métissage entre les Peuls et d’autres populations soudanaises dans le cadre de la vallée du fleuve Sénégal.
Problématique
Ce qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est que la vallée du Nil, l’Ethiopie, le Proche et le Moyen Orient procèdent d’une même région, celle-là même qui dans la géopolitique antique a été unifiée par les Pharaons. Il s’y ajoute que depuis le néolithique des migrations et des échanges de tous ordres ont participé à la création d’une unité culturelle certaine entre la vallée du Nil et le Sahara. Ces données objectives expliquent que toutes les thèses sur les origines des Peuls finissent par rejoindre. Cela étant, la démarche que nous adoptons ici consiste, dans un premier temps, à recenser et à étudier les éléments probants de judaïté qu’on retrouve dans la Pulaagu (culture peule, savoir-vivre peul, art d’être peul) et dans un second temps à expliquer le pourquoi de cette présence.
A SUIVRE... A SUIVRE... A SUIVRE... A SUIVRE...
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