ARTS J SHOW
LEVEEDERIDEAU
KADDISH POUR UN ENFANT
QUI NE NAÎTRA PAS
Theâtre-Récit
d'après l'oeuvre d'Imre Kertész*
avec Jean-Quentin Châtelain
Mise en scène Joël Jouanneau
QUAND LE THEATRE S'APPROPRIE
LES TEXTES LITTERAIRES
On peut s'interroger en sortant de ce récit réinterprété sur scène de la nécissité de transposer au théâtre une oeuvre littéraire qui se suffit à elle-même à la fois, en raison de la puissance du message qu'elle a à transmettre et de la complexité de sa texture. En d'autres termes, tout ce qui est strictement livresque peut-il être traduisible sur les planches. Pas si sûr, si l'on se réfère à ce KADDISH POUR UN ENFANT QUI NE NAITRA PAS que vient de programmer LE THEATRE OUVERT que dirige Lucien Attoun, la mémoire vivante du théâtre contemporain, et qui se produira en 2005 et 2006, en province.*
Sur une scène à demi-obscure, sans apparât de décor, juste une table, deux chaises, une feuille posée sur la table. Derrière et sur les côtés, le vide. Au centre de cet espace uniforme, indéfini, la chaleur d'un comédien exceptionel, Jean-Quentin Châtelain qui, très vite, se drappe dans les habits de l'auteur, Imre Kertész, Prix Nobel de littérature en 2002, et comme un passeur de mots, avec tout un enchaînement de gestes, de mouvements scéniques, parvient à rendre accessible un texte qui à sa lecture possède une charpente particulièrement complexe qui nécessite une attention sans relâche du lecteur. Si Joël Jouanneau le metteur en scène et son comédien réussisent ce pari insensé de porter ce texte à ses destinataires, les spectateurs, il n'empêche que le message qui sous-tend ce Kaddish -prière dans la tradition, en hommage aux morts et disparus-reste par moment très en retrait par rapport à l'écriture en elle-même.
Ce message est : comment vivre, survivre ou faire naître après avoir vecu et être rescapé de la plus abominable des tragédies humaines que l'homme ait réalisée contre l'homme. KADDISH POUR UN ENFANT QUI NE NAITRA PAS raconte le cheminement d'un être anéanti, à la mémoire brisée, qui tente de s'accrocher à une étoile pour qu'elle le conduise vers un univers moins hostile, plus lumineux. Mais y arrivera-t-il? Kertész est fondamentalement et royalement pessimiste sur ce sujet comme il est dubitatif sur sa judéïté "il est parfaitement égal que je sois juif ou non, écrit-il, bien que la judaïté soit ici, c'est indiscutable, un grand avantage...j'accepte d'être juif, exclusivement de cet unique point de vue je considère comme une chance, une chance particulière et même une grâce, non le fait d'être juif, parce que je me fiche, de ce que je suis, mais d'avoir pu être à Auschwitz en tant que juif stigmatisé et d'avoir, par ma judaïté, vécu quelque chose, d'avoir vécu quelque chose de mes yeux, et de savoir une fois pour toutes et irrévocablement quelque chose dont je ne démordrai jamais, jamais".Et il termine son récit littéraire par cette sombre prière : " sombrer, mon Dieu! faites que je sombre pour l'éternité. Amen".
On aimerait que ce message soit davantage entendu dans cette expérience théâtrale. Il ne l'est pas suffisamment.
Sur une scène à demi-obscure, sans apparât de décor, juste une table, deux chaises, une feuille posée sur la table. Derrière et sur les côtés, le vide. Au centre de cet espace uniforme, indéfini, la chaleur d'un comédien exceptionel, Jean-Quentin Châtelain qui, très vite, se drappe dans les habits de l'auteur, Imre Kertész, Prix Nobel de littérature en 2002, et comme un passeur de mots, avec tout un enchaînement de gestes, de mouvements scéniques, parvient à rendre accessible un texte qui à sa lecture possède une charpente particulièrement complexe qui nécessite une attention sans relâche du lecteur. Si Joël Jouanneau le metteur en scène et son comédien réussisent ce pari insensé de porter ce texte à ses destinataires, les spectateurs, il n'empêche que le message qui sous-tend ce Kaddish -prière dans la tradition, en hommage aux morts et disparus-reste par moment très en retrait par rapport à l'écriture en elle-même.
Ce message est : comment vivre, survivre ou faire naître après avoir vecu et être rescapé de la plus abominable des tragédies humaines que l'homme ait réalisée contre l'homme. KADDISH POUR UN ENFANT QUI NE NAITRA PAS raconte le cheminement d'un être anéanti, à la mémoire brisée, qui tente de s'accrocher à une étoile pour qu'elle le conduise vers un univers moins hostile, plus lumineux. Mais y arrivera-t-il? Kertész est fondamentalement et royalement pessimiste sur ce sujet comme il est dubitatif sur sa judéïté "il est parfaitement égal que je sois juif ou non, écrit-il, bien que la judaïté soit ici, c'est indiscutable, un grand avantage...j'accepte d'être juif, exclusivement de cet unique point de vue je considère comme une chance, une chance particulière et même une grâce, non le fait d'être juif, parce que je me fiche, de ce que je suis, mais d'avoir pu être à Auschwitz en tant que juif stigmatisé et d'avoir, par ma judaïté, vécu quelque chose, d'avoir vécu quelque chose de mes yeux, et de savoir une fois pour toutes et irrévocablement quelque chose dont je ne démordrai jamais, jamais".Et il termine son récit littéraire par cette sombre prière : " sombrer, mon Dieu! faites que je sombre pour l'éternité. Amen".
On aimerait que ce message soit davantage entendu dans cette expérience théâtrale. Il ne l'est pas suffisamment.
Bernard Koch
Les oeuvres d'Imre Kertész sont éditées par les Editions ACTES SUD
Quelques dates de représentations en province
2005
4 - 9 novembre Théâtre Universitaire de Nantes
15 19 novembre CDN de Lorraine Thioville
22 - 23 novembre La Passerelle St Brieuc
22 - 23 novembre La Passerelle St Brieuc
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire