LEVEEDERIDEAU
COUP DE THEATRE
SUR HANOCH LEVIN A LA TEMPETE
QUE D'ESPOIR!
d’Hanoch Levin
Mise en scène Laurence Sendrowicz
MEURTRE
de Hanoch Levin *
Mise en scène de Clément Poirée
au Théâtre de la Tempête jusqu’au 23 octobre 2005
APOCALYPSE NOW
Qu’il nous invite dans l’univers débridé du cabaret ou qu’il nous conduise dans l’hyperréalisme à la Kubrick, le regard d’Hanoch Levin sur la planète homme est sans appel. C’est sa vision apocalyptique du monde qui l’emporte dans sa philosophie théâtrale. L’homme, livré à lui-même, à sa propre errance, décomposé, dépecé, en marge de la structure sociétale. Le rire est au second degré, dissimule le mal-être, la déchéance, l’absurde d’une situation. Les personnages dans l’un ou l’autre spectacle traversent la scène à la manière de marionnettes, comme suspendus à un fil, tenu, toujours au bord de la rupture dans « Que d’espoir » que met en scène Laurence Sendrowicz, comédienne et traductrice des œuvres de Hanoch Levin*, l’une des plus prestigieuses figures du théâtre israélien contemporain et l’un des auteurs les plus joués à travers le monde. Dans « Meurtre », par la magie de la mise en scène de Clément Poirée et le jeu des comédiens, parmi lesquels on n’oubliera pas de sitôt le visage émacié, plein de souffrance de Jean-Pol Dubois dans chacune de ses apparitions, Hanoch Levin nous plonge, brusquement, violemment, dans cette rupture. Rupture d’espace. Rupture de l’espèce humaine. Elle nous envoie au fond de l’horreur. L’apocalypse now de l’humanité ou plutôt de la non-humanité. L’homme de la préhistoire.. Transformé en bête sauvage. L’homme ennemi de l’homme. L’homme sans foi, ni loi. Une descente dans l'abîme, l’enfer d’Orange Mécanique. La violence dans tout son relief. Violence torride, suante, extravagante. Comme pour nous pousser au bout de notre extrême dégoût et nous faire hurler à la fin du spectacle «Non ! Plus jamais ça ! ».
Tant la mise en scène de « Que d’espoir » est élancée, mouvementée, élastique, fait de petits riens, de petits gestes, tant celle que nous propose Clément Poirée dans « Meurtre » est serrée, nerveuse, très encadrée, bien alignée. Du tissage fin. Aucun dépassement en vue. Donnant à l’atmosphère toute son intensité jusqu’au dénouement de la pièce.
Si la juxtaposition de ces deux œuvres de Hanoch Levin, l’une avec les techniques du music-hall et les ressorts de l’humour, mélange de « provoc » et d’absurde, l’autre s’appuyant sur les fondations de la tragédie classique à la grecque et le lyrisme flamboyant des grands opéras, permet de les comparer dans leurs formes, leurs mises en scènes et l’interprétation des comédiens, elles risquent aussi d’éloigner le spectateur de l’une ou de l’autre.
C’est quoiqu’il en soit deux bons moments de théâtre. Un théâtre pur et dur. Dans toute sa nudité qui prend sa source dans cette image mosaïque de la société israélienne dont Hanoch Levin photographie en gros plan ses travers.
Bernard Koch
QUE D'ESPOIR!
-Salle 2
24 septembre-23 octobre 2005
du jeudi au samedi 19 h, dimanche 15h
MEURTRE
-Salle 2
20 septembre-23 octobre 2005
du mardi au samedi 21 h, dimanche 17 h
THEATRE DE LA TEMPETE
Route du Champs de Manoeuvre
75012 Paris
Réservations : 01 43 28 36 36
WWW.LATEMPETE.FR
*Trois volumes de pièces de Hanoch Levin publié aux Editions Théâtrale.
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