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L'IDENTITÉ CULTURELLE DE L'EUROPE:
L'IDENTITÉ JUIVE ET LA CULTURE EUORPÉENNE
CONFÉRENCE
de *Maurice-Ruben Hayoun
LUNDI 19 SEPTEMBRE 2005
*MAIRIE DU XVIè
20h 30
MOÏSE MENDELSSOHN ET LE SIÈCLE DES LUMIÈRES
Voici comment Mendelssohn se présentait lui-même:
“Je naquis à Dessau d'un père qui exerçait sur place les fonctions de maître d'école et de sofer [copiste des rouleaux de la loi]. Sous la férule du grand rabbin de la ville, rabbi David Fränkel, j'ai étudié le talmud. Rendu célèbre au sein de sa Nation par son grand commentaire du talmud de Jérusalem, il fut invité, dès 1743, à occuper des fonctions rabbiniques à Berlin où je le rejoignis en cette même année. Sous la houlette du docteur en médecine Aron Gumperz, qui s'est éteint à Hambourg il y a peu d'années, je m'initiais aux sciences. Par la suite, je devins précepteur des enfants d'un juif aisé qui me confia la comptabilité et enfin la gérance de sa manufacture de soieries. J'occupe ce même poste à ce jour. A l'âge de trente-trois ans je me suis marié et ai conçu sept enfants dont cinq sont encore vivants. Je n'ai jamais fréquenté une université, ni même suivi le moindre cours. C'est là l'une des plus grandes difficultés auxquelles j'ai été confronté: il m'a fallu tout rattraper, tout apprendre par mes propres moyens. En vérité, j'ai poussé si loin mes efforts pour m'instruire que je suis accablé, depuis bientôt trois ans, par une maladie nerveuse qui m'interdit toute recherche approfondie.” Et enfin, en 1782, alors qu'il ne lui restait que quatre années à vivre:“Je suis trop éloigné des cabinets des grands et de tout ce qui exerce sur eux une influence pour pouvoir prendre part à cette oeuvre ou simplement m'y associer. J'ai le privilège de vivre dans un état régi par un gouvernant parmi les plus sages que la terre ait jamais portés, qui développe les arts et les sciences et qui a tant généralisé la liberté de penser que son action touche jusqu'au plus petit de ses sujets. A l'ombre de son sceptre glorieux j'ai eu l'opportunité et la chance d'acquérir une formation, de méditer sur ma destination et sur celle de mes congénères et de considérer, suivant mes forces, le destin, les hommes et la Providence. Mais j'ai toujours été à l'écart des grands et de leur milieu. J'ai toujours vécu dans l'ombre, sans avoir le goût ni la compétence de me mêler des affaires publiques; toutes mes relations se limitent à un cercle d'amis qui ont suivi la même voie que moi. Dans cet obscur lointain je demeure encore, attendant avec la nostalgie d'un enfant, ce que la Providence universelle et sage voudra bien faire de tout cela.” Ces deux passages comptent autant par ce qu'ils mentionnent que par ce qu'ils taisent soigneusement; dans le dernier cité, Mendelssohn eut la délicatesse ou la prudence de ne pas rappeler que ce même monarque auquel il tresse des couronnes lui avait, d'un trait de plume, interdit l'accès à l'Académie dont les membres l'avaient pourtant choisi. Leur décision, bien que non suivie d'effet, se justifiait pourtant amplement: l'homme qui allait vivre à Berlin près de quarante-cinq ans (1743-1786), qui respirait le même air que Condillac, Diderot, d'Alembert, Montesquieu, Voltaire, Rousseau et Kant, occupa une place de choix dans l'essor des Belles Lettres en Prusse et en Europe. Il échangea des lettres avec des correspondants du nord de notre continent (Londres et Copenhague), du sud (Rome) et de l'est (Riga et Köngisberg). Les autres Etats allemands ne l'ignoraient guère (Braunschweig, Breslau, Dessau, Dresde, Dusseldorf, Göttingen, Halle, Hambourg, Mannheim et Weimar): la Suisse ( Genève, Lausanne, Zurich) et l'Autriche suivirent leur exemple (Vienne). Tout bien considéré, le roi Frédéric II n'avait fait que rappeler à Moïse Mendelssohn la précarité fondamentale de sa situation: négociant le jour et philosophe la nuit, l'auteur de la Jérusalem ou pouvoir religieux et judaïsme avait parfaitement conscience de vivre une vie à part. Voici ce qu'il écrivit à ce sujet:“Il m'arrive parfois de me laisser aller, le soir, en compagnie de mon épouse et de mes enfants. Papa! me demandent-ils dans leur innocence, pourquoi donc ce ruffian hurle-t-il à notre passage? Pourquoi nous jette-t-on des pierres? Mais que leur avons-nous fait? Oui, renchérissent-ils, ils nous pourchassent dans les rues en criant: Juif! Juif!
*Philosophe, écrivain
*Mairie du XVIè
71, Avenue Henri Martin
75 016 Paris
Tél : 01 40 72 16 16
M° Rue de la Pompe
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