de Sarah Coronel
Dans un peu plus de quinze jours, elle franchira, pour la première année, les portes de la section Sciences Po de la Sorbonne. Dans quelques semaines, elle atteindra l’age de ces « ados », « presque adultes », appelés à accomplir une tâche particulièrement délicate qu’ils ne « seront pas prêts d’oublier » : déloger de force, à la suite d’une décision politique lourde de conséquence, des amis, des membres de la famille ou tout simplement, ceux qu’ils ont « protégés » depuis une trentaine d’années, d’une terre qu’ils ont façonnée à la force du poignée et de leur foi.
C’est sur ce comportement, loyal, civique et fortement imprégné d’affectivité que s’attarde le regard d’ « ado, presque adulte » de Sarah Coronel, une façon aussi de répondre à ceux qui cherchent, parfois, à minimiser la responsabilité et la respectabilité de ces jeunes qui ont su
TSAHAL : UNE ARMEE, DES ADOS
Ils ne sont encore que des « ados ». Presque des adultes, mais pas tout à fait. Et pourtant, ils vont vite grandir. Service militaire obligatoire, c’est ce qui fait la force d’Israël. Mais derrière le nom de Tsahal, ces soldats, présentés comme sanguinaires et sans cœur par certains médias, n’ont qu’entre dix huit et vingt trois ans pour la plupart. On entend souvent des horreurs comme « L’armée israélienne a bouclé les territoires TUANT ainsi deux palestiniens… ». Les médias juifs français, quant à eux, ne parlent jamais vraiment de ces jeunes soldats qui se fondent alors dans une masse appelée « armée », ne cherchant pas à les faire connaître en tant qu’êtres humains avant tout, ce qui donne comme commentaire : « Tsahal a fait preuve d’une grande délicatesse face aux familles désespérées et agitées des colonies de Gaza. En effet, le retrait s’est effectué en un temps record d’une semaine !». C’est vrai, une grande délicatesse et beaucoup de sang-froid. Mais « les soldats », qui sont-ils ? On ne se rend pas compte de leur jeunesse et de leur courage. Les articles, les reportages n’en font jamais part. On s’attarde sur Gaza, le désengagement et ses enjeux, mais pas des « gamins » qui n’ont pas le choix et doivent obéir aux ordres. L’actualité permettrait, pourtant, d’en parler, de les défendre face aux accusations, conséquence de l’ignorance de certains journalistes, de montrer combien ils sont courageux…
Quoi qu’il en soit, le retrait de Gaza a fait parler le monde entier. On a voulu comprendre pourquoi Sharon a finalement décidé de donner ces territoires, ce qu’il va se passer ensuite. Si c’est bien , si c’est mal !… On se projette dans l’avenir…Mais certains le vivent au quotidien. Il y a d’une part les habitants des colonies, qui ont construit leur vie, qui ont tout crée de leurs mains et sont contraints de partir. Ils sont certes désespérés et les images de familles entières en pleurs sont bouleversantes, mais cela ne doit pas excuser certaines de leurs attitudes. Notamment envers le « deuxième acteur direct » de cette étape de plus qu’Israël doit surmonter. Tsahal où chaque soldat appelé, logé à la même enseigne, doit obtempérer aux ordres et assumer sa mission, tout en respectant la personnalité de chacun et en préservant les états d’âme de chacun.
Chacun d’eux a eu des émotions, chacun d’eux y a réfléchi et chacun d’eux a dû obéir. Certains étaient POUR le désengagement, d’autres CONTRE…peu importe, on ne leur a pas demandé leur avis et de toute façon tous ont assuré cette mission à contrecœur. Imaginez des ados de dix-huit ans, à bout de force et les larmes aux yeux, en train de soulever ceux qui tentent de résister jusqu’au bout. Ils ont reçu des cours pour apprendre à maîtriser le choc psychologique de leur intervention.
Il fallait, en effet, faire face, dans un premier temps, aux explications et à la force de persuasion des colons. Il ne fallait surtout pas leur donner raison, ni les contredire. Surtout, ne pas entrer dans un débat. Juste les écouter, sans rien dire, ni perdre son sang froid. Mais devant certaines vérités, un soldat qui est un être humain avant toute chose et donc une conscience, éprouve des sentiments. Alors certains ont craqué, les larmes ont coulé… Les colons leur demandaient même de « passer dans l’autre camp ». Mais ce n’était pas une guerre. Il n’y avaient pas d’ennemis…juste une décision du gouvernement qui devait être exécutée, une décision considérée pour certains comme une tentative de paix, pour d’autres comme une trahison, qu’ils soient soldats ou colons. Ensuite, il fallait se défendre des jets d’œufs, de peinture, de produits acides. C’est inexcusable de la part des colons de manquer de respect à ces « ados » qui les protègent depuis si longtemps! Mais le pire était à venir : des familles ont cousu sur leurs habits, des étoiles, traitant les soldats de nazis, promettant une vengeance de D…, mettant en scène leurs enfants, jouant de leur cœur et de leur sentiment. D’autres s’arrachent un vêtement en signe de deuil. Vouloir culpabiliser ces jeunes pour qui la tâche n’est déjà pas facile, c’est honteux !
Alors on dit que le désengagement s’est plutôt bien passé, sans débordement ni de l’armée ni des habitants des colonies. Oui, c’est vrai ! Tsahal a une fois de plus su maîtriser la situation. Mais Tsahal, c’est aussi le nom donné à des milliers d’ados sans qui Israël et les Juifs du monde entier ne seraient rien, et qui cette fois-ci n’oublieront jamais la mission qu’ils ont dû accomplir. Ils se rappelleront de ce qu’ils ont ressenti face à la violence des images et des paroles qui les accusaient. Il ne faut pas les oublier en banalisant l’armée. Il me tenait donc a cœur de rappeler leur courage avec extrême respect et admiration.
Sarah CORONEL
Copyright photo Daniel Cohen
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