SYRIE
LETYRANDEDAMAS
MASSACREENSILENCE
Source : le site l'orient/le jour en ligne le 18 octobre 2012
Syrie :
plus de 40 tués dans un raid aérien
sur Maaret al-Noomane
Des avions de combat ont bombardé intensément jeudi une ville clé du nord syrien aux mains des rebelles, tuant 44 personnes, dernier épisode en date de la guerre qui ensanglante la Syrie depuis plus d'un an et demi.
Dès l'aube, les chasseurs-bombardiers ont entamé leur ballet au-dessus de Maaret al-Noomane, en grande partie désertée par ses 125.000 habitants. L'un des raids a détruit deux immeubles et une mosquée où étaient réfugiés des femmes et des enfants, selon des secouristes.
"Nous avons retiré au total 44 morts des décombres, dont de nombreux enfants", a affirmé l'un d'eux. Dans un hôpital de fortune, un journaliste de l'AFP a vu une dizaine de dépouilles enveloppées dans des linceuls blancs et des sacs en plastique avec l'inscription "parties de corps".
Deux enfants qui jouaient dans la rue dont l'un avec son vélo, figurent parmi les victimes. L'un a été décapité et l'autre déchiqueté.
Les rebelles ont tenté d'abattre ces avions avec des mitrailleuses lourdes, sans succès. Mercredi, un hélicoptère survolant la ville a été abattu.
Les rebelles ont par ailleurs lancé l'"assaut final" sur la base militaire de Wadi Deif, à deux kilomètres de la ville stratégique de Maaret al-Noomane dont la prise le 9 octobre a permis aux insurgés de couper l'autoroute principale utilisée par l'armée pour acheminer des renforts.
Près de 250 soldats sont retranchés dans cette base qui abrite une importante quantité de matériel militaire et de munitions et contrôle un pipe-line approvisionnant Alep en carburants, selon les insurgés.
Six soldats de la base ont été tués, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), précisant qu'"au moins 2.500 insurgés" étaient engagés dans la bataille.
Dans la capitale, un homme à bord d'une moto s'est fait exploser près du siège du ministère de l'Intérieur sans faire de victime, a indiqué un responsable des services de sécurité à Damas où les attentats contre la Sécurité se sont multipliés dans la capitale syrienne.
Ailleurs dans le pays, les violences n'ont pas non plus connu de répit. Dans la région centrale de Homs et la métropole du Nord Alep, théâtre de combats acharnés depuis trois mois, l'armée a pilonné plusieurs quartiers, a précisé l'OSDH, faisant état de 141 morts à travers le pays (53 civils, 57 soldats, 21 rebelles).
Cette escalade survient à la veille de l'arrivée à Damas de l'émissaire international Lakhdar Brahimi qui a dit avoir bon espoir d'obtenir une trêve pour l'Aïd al-Adha du 26 au 28 octobre, après l'accueil favorable du pouvoir et de l'opposition.
En visite à Amman dans le cadre d'une tournée régionale, l'émissaire international a estimé que le cessez-le-feu qu'il avait proposé pourrait servir de base au lancement d'un "processus politique".
A Damas, M. Brahimi rencontrera samedi matin le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a indiqué à l'AFP le porte-parole du ministère, Jihad Makdissi.
"Attendons de savoir ce que Lakhdar Brahimi a à dire", a-t-il répondu à une question sur la possibilité d'une trêve en Syrie, où le conflit a fait plus de 34.000 morts depuis le début de la révolte en mars 2011 qui s'est muée en conflit armé.
Le porte-parole de M. Brahimi a précisé à l'AFP que l'émissaire allait rencontrer également "très, très bientôt" le président Bachar el-Assad "mais pas samedi".
La presse syrienne a salué l'approche prudente du diplomate chevronné, estimant qu'il "déploie des efforts diplomatiques difficiles et prudents pour surmonter les obstacles (en menant) une diplomatie des petits pas", selon al-Baas, journal du parti au pouvoir en Syrie.
Plusieurs pays ont relayé son appel à un arrêt des combats. Fidèle allié du régime, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad s'est dit favorable à une trêve mais contre la proposition de la Turquie, qui soutient le rébellion, d'un départ du président Bachar el-Assad.
"La poursuite des combats et des tueries d'innocents et de citoyens syriens sans armes (...) est inacceptable. Un cessez-le-feu doit être décrété et ensuite il faut engager un dialogue", a affirmé M. Ahmadinejad à la presse koweïtienne. Paris avait jugé mercredi que la proposition M. Brahimi était "un très bon objectif", à condition d'être assorti de moyens pour le superviser.
Des experts doutent pour leur part de la pérennité de la trêve, en raison de la complexité du conflit.
"Une trêve temporaire est possible, mais elle n'aura pas d'importance stratégique ni de caractère permanent. Je doute que la trêve initiera un processus politique car le contexte en Syrie et au niveau international ne s'y prête pas", estime Paul Salem, directeur du Centre Carnegie pour le Moyen-Orient. "Brahimi essaie de faire ce qu'avait tenté son prédéceseur Kofi Annan, à savoir une trêve puis une approche politique, mais il rencontre les mêmes difficultés et la situation est même plus difficile", a-t-il ajouté.
Le président de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, est aussi sceptique."La trêve sera difficile à appliquer (...) Je ne sais pas si au plus haut niveau ils se mettront d'accord, mais sur le terrain, il y a des forces pro et anti régime qui ne répondent à aucune autorité".
L'opposition s'était dite prête à accepter la trêve mais à condition que le régime cesse en premier ses bombardements quotidiens.
La Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Navi Pillay a pour sa part exhorté le Conseil de sécurité de l'ONU à "parler d'une seule voix", évoquant une "situation tout simplement désespérée".
Malgré les violences, les militants ont appelé, comme tous les vendredis depuis mars 2011, à manifester contre le régime avec comme slogan cette fois "Etats-Unis, votre silence suspect a contribué à la mort de milliers de victimes".
Parallèlement, le gouvernement syrien a accusé jeudi Riyad et Ankara, qui soutiennent la rébellion, d'avoir signé un "pacte" avec el-Qaëda pour organiser le transfert de combattants du réseau extrémiste vers la Syrie.
"Nous avons des informations confirmées selon lesquelles des parties liées à el-Qaëda ont conclu un pacte entre le réseau et des parties turques et saoudiennes prévoyant le transfert de combattants d'el-Qaëda vers la Syrie à partir de la Turquie", indique le ministère des Affaires étrangères cité par l'agence officielle Sana.
Dans des lettres adressées au chef de l'ONU Ban Ki-moon et à la présidence du Conseil de sécurité, le ministère note qu'il y a de plus en plus de "preuves de l'implication de pays dont l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie, dans le soutien et l'armement des groupes terroristes en Syrie, contribuant ainsi à ruiner les perspectives de dialogue et de solutions pacifiques".
Le ministère a appelé le Conseil de sécurité à "œuvrer sérieusement pour neutraliser les terroristes et épuiser leurs sources de financement".
En plein conflit, le président syrien a pour sa part promulgué jeudi une loi sur les Organismes génétiquement modifiés (OGM) pour "préserver la santé de l'être humain", rapporte l'agence officielle Sana.
"Le président Bachar el-Assad a promulgué une loi sur la sécurité sanitaire des OGM et de leurs produits (...) en vue de réglementer leur utilisation et leur production (...) et préserver ainsi la santé de l'être humain, des animaux, des végétaux et l'environnement", note l'agence.
Le roi du Maroc Mohammed VI s'est quant à lui rendu jeudi dans un camp de réfugiés syriens dans le nord de la Jordanie, où il a visité un hôpital de campagne marocain, selon un journaliste de l'AFP sur place.
Il s'agit de la première visite d'un chef d'Etat arabe dans le camp de Zaatari, qui accueille quelque 36.000 Syriens ayant fui la guerre dans leur pays.
Enfin, l'ONG Reporter sans frontières (RSF) a condamné jeudi l'enlèvement d'une journaliste ukrainienne détenue par des rebelles syriens depuis le 9 octobre, exigeant sa libération.
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