"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

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de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

dimanche, février 26, 2012

SENEGAL
ELECTIONS
PRESIDENTIELS2012
JOUROUTOUT
PEUTBASCULER
Source : lepoint.fr en ligne le 25 février 2012




Présidentielle :
le Sénégal retient son souffle


À 86 ans, le président sortant Abdoulaye Wade paraît sûr de sa victoire dimanche, au risque de plonger son pays dans le chaos.
La réélection d'Abdoulaye Wade à la présidence pourrait embraser le pays.


Par Sihem Souid

La scène est surréaliste. Nous sommes vendredi 17 février dernier à la résidence de l'ambassadeur du Sénégal en France. Le ministre et fils du président Abdoulaye Wade déclare à une poignée de journalistes français triés sur le volet : "D'après plusieurs sondages sénégalais, mon père devrait être élu président au premier tour, avec un score de 53 %." Problème, les sondages sont interdits au Sénégal. Autrement dit, à 86 ans, le président sortant, qui ne peut théoriquement pas briguer un troisième mandat consécutif, compte bien s'imposer au premier tour ce dimanche, au risque de plonger son pays dans le chaos.

"L'envergure de plusieurs des quatorze candidats à la présidence indique que Wade ne peut s'imposer au premier tour", affirme le spécialiste de l'Afrique, Antoine Glaser (1). Or, le président sortant n'a pas le choix. "En cas de second tour, ses opposants, tenants du tout sauf Wade, se rassembleront contre lui", prévient le journaliste sénégalais Landing Diémé (2), correspondant à Paris de l'Agence de presse africaine (APA). Conscient de cette réalité, le président sénégalais avait tenté en juin dernier de modifier la Constitution afin de permettre l'élection au premier tour d'un président associé à un vice-président, posté nouvellement créé, avec une majorité nécessaire de 25 % des voix seulement. En vain. Face à la fronde populaire, Abdoulaye Wade n'a eu d'autre choix que de reculer.

Pour gagner dès dimanche, le président sortant compte bien sur la mobilisation de ses partisans..., mais pas seulement. Selon des témoins sur place, de nombreux "informaticiens" auraient trafiqué les cartes d'électeur, pour permettre de voter à plusieurs reprises. Autre irrégularité, près de 500 000 cartes, soit 9 % des inscrits, n'auraient pas encore été distribuées. Ce constat a amené jeudi le chef des observateurs de l'Union européenne, Thijs Berman, à déplorer "un certain manque de transparence" concernant la distribution des cartes.
Fraudes

"Abdoulaye Wade va sans doute tenter de tricher au premier tour pour passer, car il ne représente que 35 % des voix environ", affirme l'anthropologue Jean-Pierre Dozon, directeur d'études à l'EHESS. En effet, si le bilan des douze années au pouvoir d'Abdoulaye Wade n'est pas flamboyant, il est pourtant loin d'être catastrophique. Adulé par une grande partie du pays, qui a fondé en lui d'énormes espoirs pour tourner la page des deux décennies de présidence du socialiste Abdou Diouf, le libéral Wade s'est employé à moderniser les infrastructures du pays, ainsi qu'à rehausser son prestige à l'international.

S'il a pratiqué à souhait le clientélisme, notamment dans les campagnes, il n'est pas pour autant parvenu à enrayer la paupérisation de la jeunesse des villes. 50 % des jeunes seraient aujourd'hui au chômage. Et ce, dans un pays où une personne sur deux a moins de 18 ans. "Pendant ce temps, les prix des denrées alimentaires sont passés du simple au double", rappelle Landing Diémé. Symbole de l'échec social, les coupures incessantes d'électricité qui minent le pays, dépourvu de pétrole. Enfin, les Sénégalais ont très mal vécu la tentative de "monarchisation" forcée de la République, lorsque Wade a tenté d'installer son fils Karim, déjà ministre plénipotentiaire, au poste de vice-président, afin qu'il lui succède après sa réélection. Relativement effacé depuis cette déconvenue, le "ministre de la terre et du ciel" reste très influent dans la campagne de son père.

Forts de leurs traditions démocratiques - singulières en Afrique -, des milliers de jeunes sont alors descendus dans la rue. Un seul mot d'ordre : "Y'en a marre. "Y'en a marre des politiques, gouvernement comme opposition, qui ont échoué au Sénégal, s'insurgeait en juin dernier Fadel Barro, journaliste et coordinateur du collectif, interrogé par Le Point.fr. Conduit par des rappeurs pratiquant l'"urban guerilla poetry" - des mini-concerts de rap en porte-à-porte -, les "Y'en a marristes", qui s'autoproclament "sentinelles de la nation", vont alors favoriser la création du Mouvement du 23 juin. Cette coalition hétéroclite de l'opposition regroupe plus de 60 partis d'opposition et d'organisations de la société civile.
Rappeurs frondeurs

Mais ce mouvement va vite être accaparé par d'ex-ténors du régime Wade, obnubilés beaucoup plus par le pouvoir que par le destin du Sénégal. C'est le cas des deux ex-Premiers ministres, Macky Sall et Moustapha Niasse, ou du leader du Parti socialiste, Ousmane Tanor Dieng. "Recueillir 4 ou 5 % au Sénégal vous apporte beaucoup de considération politique", explique Jean-Pierre Dozon. C'est en ce sens que la candidature du chanteur Youssou N'Dour, un "homme d'en bas" très populaire dans le pays, constituait une réelle évolution. Or, à la surprise générale, celle-ci a été rejetée par le Conseil constitutionnel, dont les membres ont été désignés par Wade lui-même. Au contraire, bien sûr, de la candidature du président sortant.

Le Conseil argue que le changement de Constitution limitant à deux le nombre de mandats d'un président ayant été apporté en 2001, Abdoulaye Wade, élu en 2000 et en 2007, n'a rempli qu'un seul mandat depuis la réforme, et peut donc en briguer un second en 2012. Ce n'est pas l'avis du Y'en a marriste Fadel Barro, qui qualifie l'explication de "blague". Il n'est pas le seul. La validation, fin janvier, de la candidature de Wade a provoqué des émeutes sans précédent dans le pays, sévèrement réprimées. Au moins six manifestants ont été tués, et des dizaines blessés. Pour sa part, l'opposition évoque un autre bilan : 15 morts et 539 blessés.

Pour éviter que le pays ne s'embrase, le M23 a changé de stratégie, optant pour des sit-in pacifiques. Et faire de la place de l'Obélisque de Dakar sa nouvelle place Tahrir. Mais il en a été empêché par les forces de sécurité, suréquipées. "La révolte s'est limitée à la capitale ainsi qu'à quelques villes de province, telles Kaolak et Saint-Louis", note Jean-Pierre Dozon, qui revient du Sénégal. "Cela reste essentiellement une affaire urbaine." La tenue du scrutin risque d'être électrique.
Nouvelle page de l'histoire

D'autant plus qu'Abdoulaye Wade a exhorté, jeudi, les jeunes de son parti à veiller à ce que l'opposition ne puisse pas "saboter le scrutin". Une déclaration qui préoccupe Landing Diémé, qui craint des "affrontements". "On ne peut pas sous-traiter aux jeunes la sécurité de l'élection", s'insurge-t-il. "C'est le travail des militaires, qui ont justement pu voter le week-end dernier pour être libres ce dimanche." Pour Jean-Pierre Dozon, l'annonce de la victoire de Wade déclenchera certainement des manifestations de mécontentement, "mais elles resteront contenues", note-t-il. "La stratégie de l'opposition est de créer du désordre pour que, aux yeux de la communauté internationale, la réélection de Wade soit entachée de troubles", estime le chercheur. "Ainsi, il pourra difficilement se maintenir par la suite."

Les résultats seront connus mercredi prochain. Mais déjà, nombreux sont les Sénégalais qui considèrent sa victoire comme acquise et préfèrent miser sur l'âge déjà extrêmement avancé de "Gorgui" (le vieux en wolof). "Certains estiment que deux ou trois ans de présidence Wade supplémentaires seraient un moindre mal." Cette analyse est partagée par le chef des observateurs de l'Union africaine, Olusegun Obasanjo, qui a suggéré samedi que, en cas de réélection, Abdoulaye Wade accepte de quitter le pouvoir dans deux ans. Saluant cette médiation, le M23, visiblement dépassé par les événements, a saisi cette occasion pour proposer l'organisation d'un nouveau scrutin, sans le président sortant, "dans un délai de six à neuf mois". Quelle que soit l'issue du scrutin de ce dimanche, Antoine Glaser relève chez la jeunesse sénégalaise une "volonté profonde de changement". "Elle est en train d'écrire une nouvelle page de l'histoire du Sénégal", affirme-t-il.

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