"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

vendredi, août 12, 2011

LETE
ISRAELIEN
LESULTRA-ORTHODOXES
PASSOLIDAIRES
Source : blog.lemonde.fr en ligne
le 8 juillet 2011



Pourquoi les orthodoxes
ne participent pas à la Révolte


On pourrait croire que la Révolte des tentes a accompli un miracle inespéré : réunir comme un seul homme une population sectorisée, communautarisée…, la population israélienne. Laïcs de gauche, colons, Arabes israéliens, religieux hassidiques Breslev, jeunes et moins jeunes étaient au rendez-vous. Qui manquait-il ?

Eh bien, Il manquait les Juifs ultra-orthodoxes « noirs » (couleur du chapeau et de la kippa), qui jusqu’à ce jour n’ont pas rejoint la manifestation.

Pourtant, ils ont prouvé qu’ils savaient manifester, et même avec une certaine violence. Dans le quartier « noir » de MeaShearim, à Jérusalem, les fouilles archéologiques susceptibles de profaner des lieux saints ont suscité dans le passé des manifestations où les hommes (uniquement les hommes) sont descendus en masse dans les rues, renversant les poubelles et y mettant le feu.

Mais là, parmi les tentes, pas de couvre-chef noir. Pourtant, ces « haredim », comme on les appelle, représentent l’un des secteurs les plus pauvres de la de population, et auraient de bonnes raisons de protester contre la vie chère.

Ils sont toutefois un « Etat dans l’Etat », ayant leur propre système éducatif (qui rejette à ce jour la théorie de l’évolution de Darwin). Pauvres, parce que souvent, les hommes ne travaillent pas, vu qu’il est bien vu d’ « étudier » en yechivah, laquelle leur accorde une petite allocation. Ainsi, certains essaient d’additionner les yechivot pour apporter une contribution un peu plus importante à leurs familles. Les femmes, pour leur part, ont beaucoup d’enfants à charge ET travaillent : mais pouvant difficilement faire un temps complet et touchant de maigres salaires (elles sont généralement secrétaires ou institutrices), elles voient leurs familles s’enfoncer dans la précarité. En effet, le système haredi ne juge pas bon qu’une fille fasse de hautes études : elle pourrait se corrompre à l’université. Les diplômes de fin d’études secondaires qui leur sont proposés (« bagrouiyot ») sont de bas niveau.

Dans une telle situation, comment s’en sort-on ? Le système haredi n’offre pas de solution. Il est, pour ceux qui s’y trouvent empêtrés, une véritable tragédie humaine. Erigé sur un ensemble de préjugés anti-laïcs, sur l’interdiction morale de remettre en question la loi juive, il censure la pensée. Seuls les « rabbanim » ont autorité à réfléchir et à poser les vrais problèmes ; les autres doivent se contenter d’adresser à ces autorités religieuses des questions (« sheelot ») sur tout et n’importe quoi : celui qui prendrait de lui-même une décision d’ordre religieux serait considéré comme libéral et relégué à une sous-catégorie (« soug beth »). Or il n’est pas souhaitable d’appartenir au « soug beth » car il devient alors difficile de bien marier ses enfants. Ainsi, quand une brebis galeuse se rebelle dans une famille « haredite », on fait tout son possible pour l’occulter.

Ce système, qui assoit l’autorité des rabbins, leur accordant les pleins pouvoirs dans tous les domaines de la vie (les haredim ont également leurs propres tribunaux rabbiniques), représente toutefois un piège pour ces derniers. En effet, si jamais un rabbin voulait émettre un décret religieux visant à assouplir une coutume obsolète, il se verrait immédiatement qualifié de « libéral » ou de « réformiste », injure suprême, et serait déconsidéré, ce qui le placerait, ainsi que sa famille, dans un état de précarité. J’ai ainsi eu un jour dans le bus droit à la confidence d’un rabbin qui m’a avoué être contre le couvre-chef féminin porté par les Juives religieuses (lequel ne repose sur rien de tangible selon lui), mais de ne pouvoir le déclarer haut et fort sous peine de se retrouver mis au ban de la communauté.

Voilà à quoi ressemble le cercle vicieux du système haredi, coupé du système israélien dominant. Et voilà pourquoi il est urgent de le démanteler, en faisant toutefois attention à ne pas plonger des milliers de familles, déjà pauvres, dans une précarité extrême. Car si tous les laïcs appellent à la cessation des subventions des yechivot, peu appellent à l’intégration de la population haredite, qui a pourtant besoin d’aide pour se sauver d’elle-même.

Si les haredim ne participent pas à la Révolte des tentes, c’est d’abord parce qu’ils jugent indécent de se mêler aux laïcs impudiquement vêtus, et ensuite, parce que des réformes pourraient signifier la remise en question des subventions des yechivot.

Au bureau hier, ma collègue Mme Gronchon (celle qui voulait envoyer les étudiants à Ofakim, voir plus bas) disait : « Pourquoi devrais-je participer à cette manif ? Pour que le gouvernement augmente encore mes impôts ? Qu’il pompe l’argent là où il se trouve : dans les yechivot ! »

Certes, il est temps de déconstruire ce système pourri de l’intérieur, qui censure l’esprit et n’apporte aucune issue. Mais attention, sans toucher en enfants !

Et en gardant bien en tête que la richesse du pays ne se trouve pas dans les yechivot, mais dans la Défense.


Nathalie Szerman

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