"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

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de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

dimanche, juillet 17, 2011

DIASPORABLOG
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"UN MONDE A PART
LES JUIFS ULTRA-ORTHODOXES"
Documentaire de Itay Ken-Tor et Yohai Hakak

DIFFUSION
SUR ARTE
DIMANCHE 17 JUILLET 2011

THEMA :
"LE JUDAÏSME ENTRE
TRADITION ET MODERNITE"

à partir

de 20h




Un monde à part ?

La vie des femmes dans une communauté ultra-orthoxe : Une interview des réalisateurs Itay Ken-Tor et Yohai Hakak avec des extraits du film "Un monde à part"




Dans votre film, Adina Bar-Shalom, la fille d’un rabbin bien connu à Mea Shearim, raconte que son père avait organisé son mariage, et que son père et son époux désapprouvaient son désir de faire des études de psychologie. Les parents et les maris décident-ils toujours de l’avenir professionnel des femmes de la famille, comme c’est le cas pour Adina ?

Itay Ken-Tor : Les mariages arrangés sont quelque chose de très commun dans les communautés ultra-orthodoxes. Les maris trouvent normal d’avoir leur mot à dire au sujet du choix des études et du métier de leurs épouses. Qui plus est, certaines filières sont problématiques à leurs yeux, notamment la psychologie qui a la réputation d’interférer avec la volonté de Dieu. Voilà pourquoi le père et l’époux d’Adina sont très réticents à la laisser faire ces études précisément.
Yohai Hakak : Aux yeux des juifs occidentaux ultra-orthodoxes, la psychologie est généralement fondée sur des valeurs très séculaires, ainsi que sur des postulats qui placent l’individu au centre du monde, et non Dieu et la communauté. D’une certaine manière, les jeunes originaires de familles ultra-orthodoxes n’optent pas pour des études en sciences sociales, parce qu’elles reposent sur d’autres valeurs et sur une autre vision du monde. Ils se dirigent plutôt vers des filières techniques comme l’informatique, l’ingénierie, la finance et le droit.

Les jeunes filles et les femmes orthodoxes sont-elles désavantagées à l’école et à l’université ?

Yohai Hakak : Les filles vont beaucoup plus loin dans les études et embrassent des professions profanes. Elles ont la possibilité de terminer leur scolarité tandis que les garçons doivent s’arrêter à l’âge de 13 ans pour étudier la Torah. Elles sont donc bien mieux préparées à entrer sur le marché du travail ou à aller à l’université.

Soixante-dix pour cent des hommes ultra-orthodoxes renoncent à exercer un métier pour se consacrer corps et âme à l’étude de la Torah. Pourquoi en est-il ainsi ?

Itay Ken-Tor : Cela remonte aux débuts de l’Etat d’Israël. A l’époque, Ben Gurion avait permis aux juifs ultra-orthodoxes d’étudier la Torah au lieu de servir dans l’armée. Après l’horreur de la Shoah, et la destruction des yeshivahs, il fallait reconstruire un univers traditionnel, ce qui comprenait aussi les études religieuses. Sauf que depuis un certain temps, on constate une forte progression du nombre d’ultra-orthodoxes qui ne travaillent pas et vivent des aides sociales. C’est devenu une des principales sources de tensions dans la société israélienne. Notre film s’attache à montrer le mode de pensée des juifs ultra-orthodoxes, sans les juger avec des critères du monde séculier. Le seul but dans leur vie est de faire venir le Messie...
Yohai Hakak : …et de prier, car les ultra-orthodoxes affirment que sans leurs prières, l’armée israélienne ne pourrait survivre.

Les femmes sont censées aider leurs maris à se consacrer à leurs études religieuses. Elles se chargent de l’éducation des enfants – elles ont en moyenne sept enfants – et gagnent un peu d’argent. Comment les jeunes femmes acceptent-elles cette situation ? N’ont-elles pas envie de s’évader du système ?

Itay Ken-Tor : Elles acceptent assez bien d’avoir des enfants et de permettre à leurs maris de se consacrer à des études religieuses. Elles voient les choses d’un œil positif lorsqu’elles arrivent à élever une famille. Mais bien sûr, certaines femmes s’insurgent – elles ne sont pas très nombreuses – contre les études religieuses qui occupent un temps plein. C’est notamment le cas de Bambi, la sage-femme ultra-orthodoxe, et d’Adina. Ces deux personnages de notre film essaient de sensibiliser les jeunes travailleurs sociaux qu’elles rencontrent à l’université, et elles encouragent les gens à aller travailler.
Yohai Hakak : C’est à elles qu’il échoit de gagner de l’argent, mais d’une manière générale, les femmes orthodoxes sont satisfaites de cette division des rôles.


L’un des hommes interviewé dans votre film, le rabbin Micha Rothschild, est fier que son épouse ne s’intéresse pas à ce qui se passe dans le reste du monde. Quelles qualités doit avoir la femme idéale ? On entend souvent des juifs ultra-orthodoxes dire qu’ils veulent se conformer à ce que Dieu leur demande. Est-ce que cela concerne aussi les femmes ? Que dit la Torah au sujet des femmes ?

Yohai Hakak : Elles n’ont pas le droit d’étudier la Torah, elles ne doivent pas être aguichantes et doivent adopter un comportement modeste. Dans le judaïsme, on constate à l’instar de beaucoup de religions une séparation entre la sphère publique et la sphère privée, les femmes étant plutôt confinées dans la sphère privée. Pourtant, de nos jours, ce sont les femmes qui font vivre la famille !

Dans les familles orthodoxes, la télévision et Internet sont bannis, et le monde extérieur est tenu à l’écart. Et pourtant, vous avez été autorisé à suivre avec votre caméra les habitants de Mea Shearim dans des situations très intimes – vous avez même filmé un accouchement. Comment avez-vous réussi à pénétrer dans ce milieu ?

Itay Ken-Tor : Yohai Hakak, qui est anthropologue, et Ron Ofer, un des coréalisateurs de ce film, ont étudié cette société pendant assez longtemps. Grâce à leurs contacts, nous avons trouvé les six personnages principaux. Les Haredi n’accordent pas de place aux nouveaux médias dans leur univers mais ils sont conscients malgré tout du pouvoir des médias dans la société séculaire en Israël. Ils nous ont donc permis de faire ce film, qui s’efforce de montrer leur univers, leur mode de pensée et ce qui les anime.
Yohai Hakak : Notre objectif était de montrer leur communauté telle qu’elle est, sans nous arrêter aux rituels « exotiques » ou aux personnages excentriques. Ce qui explique pourquoi les six protagonistes ont aimé le film et ont assisté à plusieurs projections données en Israël.

Qu’est-ce qui vous a le plus surpris pendant le tournage à Mea Shearim ?

Itay Ken-Tor
: J’ignorais qu’il y avait une telle diversité au sein de la communauté ultra-orthodoxe et que les conflits intérieurs étaient si intenses. Nous avons eu envie de montrer que cette communauté n’est pas un bloc monolithique, mais qu’elle se compose de gens qui débattent de l’opportunité de rabaisser ou d’élever le mur qui les sépare du monde moderne.
D’une certaine manière, notre film est une étude de cas sur le mode de vie d’un groupe fondamentaliste, qui pourrait être n’importe lequel.

Que pensent les orthodoxes des colons ?
Yohai Hakak : La proportion d’ultra-orthodoxes chez les colons est très faible parce qu’à la différence des sionistes et des sionistes religieux, ils pensent que le Messie viendra sur Terre sans l’aide de l’homme. La seule chose qu’ils puissent faire pour aider à sa venue est de se conformer aux commandements, ce qui passe essentiellement par l’étude de la Torah.
Itay Ken-Tor : Il existe quelques villes ultra-orthodoxes derrière la ligne verte mais ces colons s’installent là-bas pour des raisons principalement économiques.

Que redoutent le plus les juifs ultra-orthodoxes confrontés au monde séculier ?

Itay Ken-Tor : Les tentations, les jeunes qui tournent le dos à la religion, ceux qui passent à l’autre bord. Ce qui arrive beaucoup plus facilement en Israël que dans les communautés ultra-orthodoxes de la diaspora. Car à l’étranger, quitter sa communauté équivaut à abandonner le judaïsme. Tandis qu’en Israël, les jeunes peuvent rester juifs et garder leur religion. Ce qui explique pourquoi tant de jeunes passent la frontière.
Yohai Hakak : Ces toutes dernières années, les communautés ultra-orthodoxes ont subi d’immenses changements : des milliers de jeunes hommes quittent leur univers confiné et les séminaires religieux pour investir d’autres pans d’activité de la société israélienne, qui est un espace bien plus vaste. Ils sont de plus en plus nombreux à rejoindre l’armée qui propose d’ailleurs des programmes taillés sur mesure pour les ultra-orthodoxes. Des avantages sont offerts à ceux qui font leur service militaire, et a contrario, il existe des « punitions ». A titre d’exemple, beaucoup d’emplois de la fonction publique sont fermés aux hommes qui ne font pas l’armée. Comme vous le voyez, la société ultra-orthodoxe est aujourd’hui encline à assouplir progressivement ses règles de conduite jusque là très strictes.

Propos recueillis par Angelika Schindler, 11.7.2011


Pour en savoir plus contactez le réalisateur du film Itay Ken-Tor :

http://www.belfilms.co.il/

http://www.haredimfilm.com/

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