"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

lundi, janvier 24, 2011

LAREVOLTE
DUPEUPLETUNISIEN
REACTION
DUNEETUDIANTE
Source : lemonde.fr en ligne le 23 janvier



(Ben) Ali Baba et les 40 voleurs



par
Aïcha Hanane Gaaya,
Etudiante à Sciences Po Paris

14 Janvier 2011. Défrayant la chronique et déchainant les passions, ce calme et si paisible pays qu’est la Tunisie, peu ou prou connu pour ses revendications ou son agitation sociale, a accompli ce qu’aucun pays maghrébin n’était, jusque-là, parvenu à réaliser. Sonnant le glas d’un régime dictatorial et mafieux, le peuple tunisien, si souvent accusé de laxisme et de désinvolture, a clamé sa soif de liberté et renait aujourd’hui de ses cendres après tant d’années de souffrance tacites.


Le spectateur non averti n’a pu qu’être surpris de la rapidité et de la tournure des évènements : en une semaine, c’est un Ben Ali qui a perdu toute sa superbe et son arrogance qui a fui rejoindre la terre des wahhabites, tendance idéologique qui l’a pourtant horripilé durant ses années de règne durant lesquelles la lutte contre l’islamisme était la clé de voûte de sa politique. Belle ironie du sort. Puis une succession d’évènements politiques des plus déconcertants : un Mohammed Ghannouchi — ex-premier ministre sans charisme ni envergure qui a toujours été une marionnette de l’Ancien Régime — nommé président par intérim, puisant une légitimité plus qu’usurpée dans l’article 56 de la Constitution qui ne s’applique qu’en cas d’« empêchement provisoire » du Président. Manque de chance, les Tunisiens ne considérant pas que le départ précipité et risible de Ben Ali soit provisoire, mais bel et bien définitif, c’est un autre article (57) de la Constitution qui est utilisé, et un nouveau président par intérim, Fouad Mbazaa (ex-Président de l’Assemblée Nationale) qui assurera ces fonctions.

C’est dit, l’odeur enivrante du Jasmin a recouvert les miasmes moribonds de la dictature et les Tunisiens se sont libérés de leurs chaines et ont brisé le tabou qui planait sur les exactions innommables commises par le clan des Trabelsi largement soutenues par Ben Ali, qui ont ensemble, main dans la main, accumulé une fortune s’élevant à plusieurs milliards de dollars selon le magazine Forbes, renfloué par le lourd tribut que les Tunisiens ont dû payer.

Il s’agit néanmoins, malgré l’euphorie de ces moments historiques que nous vivons, d’avoir un minimum de recul. Ben Ali est tombé, mais les « 40 voleurs » peinent à suivre. Je ne rentrerai pas dans des détails que toute personne intéressée par les évènements a suivi avec engouement, mais en tant que Tunisienne résidant à l’étranger et regrettant très ardemment de ne pas avoir pu prendre part aux manifestations de protestation ni avoir pu laisser éclater ma joie à l’avenue Bourguiba, je tiens à dire à quel point je suis fière de mon peuple qui a su prouver avec éclat comment la dictature n’est qu’éphémère, que la Liberté a un prix que le peuple a lourdement payé, mais plus encore, que les pays maghrébins ou moyen-orientaux ne sont pas éternellement condamnés à vivre dans un carcan autocratique et ployer l’échine devant les dirigeants avides de pouvoir, quitte à écraser quiconque élèvera la voix.

Toute instrumentalisation de cette révolution sera balayée par le peuple tunisien et le spectre de l’islamisme, loin d’être une chape de plomb inévitable, n’est qu’un mirage sans fondement que nombre d'intellectuels bien-pensants se sentent dans l’obligation d’agiter. Je le dis et le répète : il y a en Tunisie autant d’obstacles à l’islamisme que d’habitants. Le Code du Statut Personnel, qui garantit les Droits inaliénables de la Femme, y est tout autant respecté, voire adulé, que ne l’est la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen en France.

Quand le doux vent de la Liberté souffle dans les rangs de mes compatriotes, il ne s’arrête pas là, générosité et sens du partage obligé. Force est de constater que du Maroc au Yémen en passant par l’Algérie et l’Égypte, la population trépigne et les gouvernements ont tous, sans exception, pris des mesures afin de calmer d’éventuels soulèvements de la population. Mais nous, tunisiens, avons un destin lié à tous ces peuples frères, et nombre de dirigeants sentent la rancœur et la colère populaire gronder et s’élever inexorablement.

Alors un conseil aux gouvernants de toutes contrées qui se sont assis sur un « trône » et œuvrent par tous les moyens à y demeurer, quitte à bafouer toutes les libertés individuelles au passage : votre trône se transformera en siège éjectable alors ne suivez pas l’exemple de notre si peu regretté Ben Ali et prêtez une oreille attentive aux attentes de votre Peuple, avant qu’il ne soit trop tard. Nos pays regorgent de jeunes talents qui ne demandent qu’à s’exprimer librement et participer avec ardeur à la construction de leur pays. Ni les États-Unis ni vos prétendus alliés européens ne vous tendront la main ou ne vous accueilleront à bras ouverts sur leurs terres lorsque vous vous retrouverez dos au mur, ou à bord d’un avion sans destination connue, errant dans les cieux et se heurtant au refus d’un Sarkozy ou d’un Obama, perdu entre la Sardaigne et Jeddah…

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