LEVISAGEDUJUDAÏSME
RADICALENPLEINE
EXPANSIONENISRAËL
Source : israelvalley.com en ligne
le 19 décembre à 14h 35
sur Diasporablog à 14h 45



EXCLUSIF -
TRIBUNAL ANTI INTERNET
A JERUSALEM
PANORAMA DES MEDIAS JUIFS
ULTRA-ORTHODOXES



Par
Mati Ben Avraham
à Jérusalem


L’autorité des leaders spirituels des grands courants de l’ultra-orthodoxie religieuse israélienne est-elle menacée par Internet? La menace semble sérieuse qui a vu, chose rarissime, le " Tribunal spécial aux affaires liées à l’utilisation de l’ordinateur" publier une sévère mise en garde contre le développement intempestif des sites ultra-orthodoxes sur Internet.

Publié dans la presse ultra-orthodoxe, l’avertissement dit, entre autres, " Ces temps derniers, les sites Internet qui se réclament de nous multiplient les informations et racontars, mensonges et médisances qui donnent une image négative de ce qui se passe au sein de nos communautés." Et de rappeler que:…l’usage d’Internet dans les foyers est strictement interdit, et que son usage est limité, par code d’accès, sur les lieux de travail. Aussi, les autorités rabbiniques interdisent à quiconque de se brancher sur ces sites, de ne pas collaborer avec eux. Cet interdit touche également toute publicité sur ces sites, à titre individuel ou de société commerciale. Tous les interdits fixés par les Grands de la Tora quant aux télévisions sont étendus à ces sites."

Pour comprendre ce qui se trame, un bref panorama du monde des médias ultra-orthodoxe s’impose. Et de prime abord, il faut préciser que les journaux, stations de radio et de télévision laïques sont purement et simplement exclues de ce milieu-là. De même que toute publicité basée sur un corps ou visage de femme, dans les journaux, sur les flancs des transports publics, dans les abri-bas, sur les murs.

Les médias de l’ultra-orthodoxie, qui s’adressent à une population d’environ 800000 âmes, se divisent en quatre secteurs d’importance et de qualité inégales, à savoir : et d’un, l’affichage traditionnel des avis, sur les murs des quartiers, portant interdictions, exclusions, appels à des cours, aux manifestations, à des excursions, des fêtes religieuses; et de deux les quotidiens de type communautaire, qui fourmillent d’abréviations qui laissent le profane pantois; et de trois, plus récente, une presse indépendante des différents courants, qui traient aussi de sujets profanes, comme la politique ou l’économie, ouverte à la publicité; et de quatre enfin, deux stations de radios principales, l’une, " Radio Kol Hai" ashkénaze et l’autre, " Kol Bérama" s’identifiant avec l’orthodoxie sépharade.

C’est dans ce contexte médiatique, effervescent mais conformiste, que les sites Internet ont commencé à fleurir. A l’initiative d’hommes d’affaires ultra-orthodoxes qui ont flairé le potentiel économique lié à ce média. Trois sites se disputent aujourd’hui le marché ultra-orthodoxe. Le dernier en date " Kikar Shabbat " a copié le modèle Ynet du quotidien numéro un du pays " Yediot Aharonot", diffusant 20h sur 24, employant des dizaines de rédacteurs, administrateurs, qui traitent de tous les sujets, (hormis le sexuel) avec un esprit journalistique de bon aloi et une liberté de ton qui…détonne!

Ces sites échappent au maître-mot qui sous-tend toute information touchant à l’ultra-orthodoxie : filtrage. Et c’est bien ce qui a provoqué le courroux des leaders spirituels des différents courants de l’ultra-orthodoxie religieuses, au point de leur dicter une conduite commune, eux dont les chamailleries font les délices des médias profanes.

Face à la mise en garde lancée par le Tribunal spécial, comment vont réagir les propriétaires de ces sites? Risquer l’exclusion de leur communauté respective? Ou mettre fin à une ouverture sur le monde? La réponse de Meni Ghra, directeur du site “Orthodoxes” : " Notre succès est indéniable. Ce qui témoigne d’une attente certaine d’une évolution. Avant d’ouvrir le site, nous avons consulté nos rabbins. Nous avons agi en fonction de leurs recommandations. Nous nous tournerons à nouveau vers eux. S’ils nous disent de fermer, nous fermerons."

L’aventure va-t-elle s’arrêter là? Peut-être bien. A moins que les leaders spirituels de l’ultra-orthodoxie religieuse israélienne prêtent attention aux mots d’un des surfeurs attitrés : " C’est une déclaration de guerre, a-t-il écrit, mais dans cette guerre les autorités rabbiniques n’ont aucune chance de vaincre. Il est préférable qu’ils repensent leur position, avant de perdre leur mainmise sur leur public, tant il est vrai qu’il est impossible d’arrêter le progrès."