LACOLONISATION
DESTERRITOIRES
PARISRAËL
ENQUESTION
Source :le blog de Georges Mabrunot en ligne le 20 juillet
Le clash est-il encore évitable
entre Américains et Israéliens?
Par Georges Malbrunot
C’est LA pomme de discorde entre les deux alliés. Depuis son installation à la Maison Blanche en janvier dernier, Barack Obama répète qu’Israël doit « geler totalement » la colonisation des territoires palestiniens occupés.
A cette exigence, le premier ministre Benjamin Nétanyahou répond en finassant : « pas de nouvelles colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-est. En revanche, nous ne pouvons pas arrêter la croissance naturelle dans les colonies existantes ». Ce qui revient dans les faits à voir la population de colons augmenter encore et toujours.
Elle atteindrait près de 500 000 en Cisjordanie et à Jérusalem-est. Elle a triplé depuis qu’Israéliens et Palestiniens ont lancé le processus de paix en 1994. Avec plus d’une centaine de colonies éparpillées en Cisjordanie – sur l’équivalent seulement de deux départements français - l’état palestinien à venir n’a aucune chance d’être viable.
Jusqu’à présent - derrière les Etats-Unis de George Bush en particulier - la communauté internationale avait opté pour la politique de l’autruche. Quelques condamnations molles, mais rien de plus.
Ce silence – fut-il parfois gêné - semble révolu. Outre Barack Obama, Joe Biden, son vice-président, Hilary Clinton, la secrétaire d’Etat, pourtant sympathisante d’Israël, mais aussi George Mitchell, son envoyé spécial au Proche-Orient, ont chacun à leur tour réitéré l’injonction faite à l’Etat hébreu. Lequel n’en a pas tenu compte, puisque la semaine dernière encore, Israël a annoncé un projet de construction de 20 logements juifs à Jérusalem-est.
Face à l’entêtement israélien, deux scénarios sont désormais possibles. Le premier est celui de l’inévitable clash entre les deux alliés.
Ses tenants avancent l’argument suivant : « Les Etats-Unis sont allés trop loin dans leurs demandes. C’est un risque politique de dire ce qu’Obama et Biden ont déclaré haut et fort. Ce n’est pas possible qu’ils prennent un tel risque, s’ils n’avaient pas en tête l’idée de sanctionner Israël », fait remarquer un diplomate, qui suit ce dossier. Pour lui, revenir en arrière constituerait une humiliation pour les Américains.
Une fuite, ce lundi, dans la presse israélienne est venue apporter de l’eau à leur moulin. Un quotidien économique, Calcalist, révèle que les Etats-Unis pourraient réduire d’un milliard de dollars les garanties bancaires accordées par le Trésor américain à des emprunts qu’Israël devait effectuer.
En 2003, le Congrès avait accordé des garanties bancaires d’un montant de 9 milliards de dollars pouvant être utilisées par l’Etat hébreu pour lever des emprunts dans des conditions avantageuses sur les marchés financiers américains. Sur ce total, il reste une tranche de 2,8 mds de dollars à utiliser avant 2011. Mais l’administration américaine pourrait retrancher un milliard de dollars correspondant aux investissements publics israéliens effectués au-delà de la « ligne verte », c’est-à-dire dans les colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-est.
Aucun redémarrage des négociations de paix n’est possible sans un gel de ces colonies, illégales au regard du droit international. C’est ce que l’Autorité palestinienne et les pays arabes répètent à Barack Obama.
En 1991, l’administration Bush père avait eu le courage de geler des garanties bancaires octroyées à Israël. L’objectif à l’époque était de convaincre Tel Aviv de participer à la conférence de paix de Madrid. Le bâton avait produit ses effets, pendant un certain temps du moins.
Washington, qui octroie chaque année plus de 3 milliards de dollars d’aide civile et militaire à Israël, a les moyens d’amener l’Etat hébreu aux gestes indispensables pour recréer la confiance avec les Palestiniens. Tout est affaire de volonté politique.
Second scénario : Israéliens et Américains s’entendent sur un gel temporaire de la colonisation – quelques mois seulement, le temps de relancer les pourparlers de paix avec les Palestiniens. Un accord, en fait, bancal, qui ne serait pas respecté, à l’image des promesses faites dans le passé par l’Etat hébreu.
« Techniquement, estime un autre diplomate, c’est très difficile de faire appliquer un gel total de la colonisation. Vous devez allez vérifier dans chaque colonie qu’il n’y a pas de nouveaux arrivants : qui va le faire ? Les Israéliens ? La communauté internationale ? », se demande ce diplomate, au fait des capacités d’Israël de peser sur la politique américaine. Quoi qu’il en soit, sur cette question brûlante, les mois à venir seront déterminants.
commentaire
ViP 20 juillet 2009 17h27
Je ne comprends pas bien en quoi Obama et Biden seraient allés trop loin. Selon un sondage de J Street du mois de mai, ils ont le soutien de la communauté juive américaine - si le problème venait de là.
De plus, en Israël, 52% sont pour le gel des colonies contre 43% contre, selon un sondage de Yedioth Aharonoth de début juin. Certes, d'un autre côté, 54% sont en faveur de l'extension des colonies dans le cadre de la croissance naturelle. 42% s'y opposent.
Je pense qu'on n'arrivera pas à un clash, car les Israéliens savent très bien que leur relation avec les Etats-Unis doit être entretenue. Toutefois, il faudrait un certain temps pour Netanyahu avance, car ses concessions ne sont que des poignées de sable pour le moment.
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