"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

samedi, avril 25, 2009

LEVIOLON
RESCAPE
Source : israelvalley.com en ligne le 21 avril



SHOAH ET VIOLON

UN TEMOIGNAGE BOULEVERSANT.
INTERVIEW AVEC AMNON WEINSTEIN,
MAÎTRE-LUTHIER ISRAELIEN.
A LA RECHERCHE DES VIOLONS
DE LA GUERRE PORTANT L'ETOILE DE DAVID


Rencontre avec le célèbre Maître Luthier israélien.


Je suis parti à la recherche de ces violons de la guerre, des violons à l’étoile de David, des violons des klezmer”.


Par Mati Ben-Avraham
à Jérusalem



Mardi soir à Jérusalem, à l’initiative de la Loge des Bnei Brit Robert Gamzon, sera projeté le film du journaliste Ugo Rankl ” le voyage d’Amnon ” le célèbre Maître-Luthier israélien qui, au terme de longues quêtes et au prix d’une méticuleuse restauration, a littéralement ressuscité des violons ayant appartenu à des musiciens juifs disparus dans les camps de concentration nazis.
La projection, en présence d’Amnon Weinstein et Ugo Rankl, sera suivie de la prestation d’un jeune prodige israélien, David Strongin, 14 ans, qui interprétera quelques extraits de musique sur l’un de ces violons restaurés.


AMNON WEINSTEIN, MAÎTRE-LUTHIER : ” A TRAVERS LE VIOLON, C’EST A LA RECONSTITUTION D’UN PAN IGNORE DE LA SHOAH QUE JE ME SUIS ATTACHE.”


Par
Mati Ben-Avraham



Amnon Weinstein est télavivien. D’origine lithuanienne. Son père, violoniste, fit partie, dans la Vilna des années trente du siècle dernier, de l’orchestre de Chambre qui s’inscrivit dans le courant initié en 1909 par quelques jeunes compositeurs juifs du Conservatoire impérial, courant qui développa, pour la 1ère fois dans l’histoire de la musique, un style conçu comme un style national, intégrant des éléments du folklore de l’Est et de la musique liturgique. En 1938, le voici à Tel-Aviv. Une rapide analyse de la situation le convainquit que son avenir de violoniste était bouché. Il était bon musicien, mais comme le dit son fils Amnon, l’orchestre philarmonique créé par Bronislaw Huberman était composé de musiciens de très haut niveau… Il s’orienta donc vers la lutherie, ayant appris les rudiments du métier auprès de Yakov Zimmermann, à Varsovie. Après différentes péripéties, il a ouvert un atelier au bout de la rue Rambam, en face du souk Hacarmel en 1939 et, en 1952, l’atelier s’est installé dans la maison actuelle.



Amnon Weinstein :
J’ai donc débuté comme apprenti chez mon père. Ensuite, j’ai perfectionné mon savoir auprès de luthiers célèbres, Pietro Sgarabotto à Crémone, Etienne Vatelot à Paris. Et voilà. Mon fils travaille avec moi. Il représente la troisième génération de cette saga familiale de luthiers.


MBA :
Et comment en êtes-vous venu à vous intéresser à ces violons rescapés de la destruction des Juifs en Europe par les nazis?


Amnon Weinstein :
Presque par hasard. J’avais un apprenti allemand archetiste qui, pendant deux ans, passez-moi l’expression, m’avait cassé les pieds pour que je fasse une conférence sur les violons et l’holocauste. Il faut savoir que les musiciens juifs arrivés en Palestine-Israël dans les années trente, qui jouaient dans l’orchestre philarmonique créé par Gutman et Toscanini, disposaient d’instruments de tout premier choix, œuvres d’artisans allemands. Et la relation, avant la guerre, entre musiciens juifs et luthiers, archetiers allemands était exceptionnelle. Je connais des histoires bouleversantes de musiciens juifs ayant échappé à l’enfer grâce à cette relation. Mais après la guerre, nombre de rescapés n’ont plus voulu toucher aux violons, aux archets des artisans allemands. Ils ont détruit, brûlé violons et archets. Ou s’en sont débarrassés, les ont vendus, comme à mon père par exemple. Et j’ai donc une collection très, très intéressante de ces instruments.

Finalement, j’ai cédé et j’ai donné une conférence, strictement professionnelle, de deux heures et demie sur le sujet, illustrée par 250 diapos. C’était voici un peu plus de dix ans. Ce fut un choc pour le public, que de découvrir un impact ignoré de la Shoah. Après, suite à une émission radio, je fus contacté par deux personnes. La première m’a apporté un violon en piteux état ayant appartenu à un jeune prodige, Motélé, tué par les Allemands – une histoire exceptionnelle. La seconde, d’une famille de Jérusalem, m’a apporté un violon et, en l’examinant, je découvre une étiquette, en yiddish, disant que ce violon a été fabriqué en 1928, à Varsovie, par le Maître-Luthier Yakov Zimmermann, le professeur de mon père. Ce fut pour moi le déclic. D’autant plus que ce violon était marqué de l’étoile de David. Je suis parti à la recherche de ces violons de la guerre, des violons à l’étoile de David, des violons des klezmer. Car il s’agit de deux choses différentes. Ici, les violons nobles, arrivés en Israël entre 1936 et 1939, dus aux meilleurs maîtres-luthiers allemands et là, les violons qui ont vécu dans les ghettos, dans les camps de la mort, propriété de ces violonistes populaires, ces violonistes de rues, d’événements familiaux heureux…


MBA :
…Comment les reconnaissez-vous?


Amnon Weinstein :
A la table d’harmonie, la partie supérieure de l’instrument. Si elle est fanée, sous l’effet du soleil, de la neige, de la pluie et que le dos (partie inférieure) est resté intact, on sait alors que l’archet résonnait dans les mains d’un klezmer, d’un musicien de rue, de ceux qui vivent d’aumône et de charité. Car jouer dehors, par tous les temps, c’était jouer par nécessité. Là aussi, j’ai recueilli des histoires bouleversantes qui se sont déroulées dans les ghettos, ou aux abords immédiats. Et, de recherche en recherche, j’ai déniché des violons, dont j’ai pu reconstituer l’histoire de certains, mais pas de tous, hélas. J’ai un violon qui porte 5 étoiles de David, ce qui est exceptionnel, que j’ai reçu en morceaux, entièrement démoli. Il était passé de mains en mains, avait joué pour accueillir les déportés, à l’entrée d’un camp. Un camouflage horrible utilisé par les nazis pour faire croire aux malheureux qu’ils arrivaient dans un lieu paisible alors que, deux cent mètres plus loin, les chambres à gaz les attendaient… Horrible.


MBA :
Les faire parler ces violons ne fut pas une mince affaire…


Amnon Weinstein :
Je suis luthier. J’ai presque 70 ans. J’ai fréquenté les meilleures écoles, de par le monde. J’ai, donc acquis un certain savoir-faire, une pratique, mais en travaillant sur des violons qui n’ont pas traversé de pareilles épreuves. J’ai donc inventé mes recettes de restauration, en fonction de l’état propre à l’instrument lui-même. C’est difficile. C’est une longue patience. Je possède aujourd’hui douze violons à l’étoile de David. Certains ont retrouvé une identité, c’est-à-dire leur histoire. D’autres sont restés anonymes. En raison, souvent, du rejet de l’instrument survenu après la guerre. C’est compréhensible. Il y a, à Yad Vashem, des photos bouleversantes comme celle où, à Dachau, qui montre ce musicien contraint à accompagner des personnes vers leur mort. Peut-on encore jouer après? A travers le violon, c’est à la reconstitution de ce pan de l’histoire de la Shoah que je me suis attaché. Et, pour moi, l’un des moments les plus forts de ma vie, ce fut lorsque Shlomo Mintz, à Birkenau, a joué comme il n’a jamais joué de sa vie, sur l’un de ces violons de klezmer rescapés de la Shoah. C’était dans le cadre du film ” le voyage d’Amnon”. J’étais malade. Tout le monde était malade. C’était incroyable…incroyable.—

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