LAPOLITIQUE
AMERICAINE
FACEALIRAN
Source : lacroix.com en ligne le 3 mars
Les Etats-Unis tâtonnent face à l’Iran
L’Agence internationale de l’énergie atomique vient d’affirmer que l’Iran possède plus d’une tonne d’uranium faiblement enrichi, mais l’administration Obama hésite sur les conclusions à en tirer
Hillary Clinton est pessimiste sur la volonté de l’Iran d’ouvrir un dialogue avec son pays. En marge de la conférence des donateurs pour la bande de Gaza, qui s’est tenue lundi 2 mars en Égypte, la secrétaire d’État américaine « a dit qu’elle doutait que l’Iran réponde » aux ouvertures, selon un haut responsable américain ayant requis l’anonymat. « Elle a dit qu’elle n’était pas naïve au sujet de l’Iran, qu’elle n’avait aucune illusion. »Cette appréciation est venue s’ajouter à des signaux contradictoires émis par l’administration américaine ces derniers jours.
Dimanche 1er mars, en quelques heures, deux opinions très différentes sur la capacité de l’Iran à produire rapidement une bombe atomique ont été émises par deux très hauts responsables militaires. Le secrétaire à la défense, Robert Gates, s’est montré plutôt prudent sur les réserves d’uranium faiblement enrichi que Téhéran détiendrait déjà et qui seraient susceptibles d’être transformées en uranium très enrichi, nécessaire pour construire une arme. « Ils ne sont pas près d’avoir une arme à ce stade », a-t-il commenté.Peu de temps auparavant, le chef d’état-major interarmées, l’amiral Michael Mullen, s’était exprimé de façon beaucoup plus dramatique.
Interrogé pour savoir si l’Iran détenait assez de matériaux nucléaires pour une bombe, il avait répondu : « Tout à fait franchement, nous pensons que oui. ».
Les alliés des États-Unis s’inquiètent
Selon le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), un organisme de l’ONU dont le conseil des gouverneurs se penche depuis lundi sur le dossier iranien, l’Iran dispose actuellement de 1 010 kg d’uranium faiblement enrichi à 4,5 %, fabriqués dans son centre de Natanz.Certains experts estiment que cette quantité est suffisante pour obtenir la masse nécessaire à la fabrication d’une charge explosive embarquée sur un missile à longue portée. D’autres jugent qu’il faut en avoir 1 700 kg.Les déclarations contradictoires américaines reflètent le débat en cours au sein de la nouvelle administration. Vendredi dernier, le président Barack Obama, dont le prédécesseur avait toujours refusé de renoncer à l’option militaire contre l’Iran, a promis une nouvelle approche diplomatique. « Les États-Unis vont poursuivre à l’avenir une politique de dialogue soutenu et fondé sur des principes avec tous les pays de la région (du Moyen-Orient) et cela inclut l’Iran et la Syrie », a-t-il assuré. Il avait auparavant manifesté sa volonté de tendre la main si le régime de Téhéran « desserre le poing ». Mais le détail de cette politique n’est toujours pas déterminé.Or en attendant que les arbitrages se fassent, les alliés des États-Unis s’inquiètent.
En Israël, le futur premier ministre Benyamin Netanyahou désigne l’Iran comme le principal danger pour son pays. « Le temps presse, pour nous, face à la menace iranienne », a affirmé de son côté le ministre de la défense sortant Ehoud Barak, jeudi dernier. « L’administration américaine s’apprête à dialoguer avec l’Iran. Nous sommes convaincus que ce dialogue doit être de courte durée et que, dans le même temps, les sanctions contre l’Iran doivent se durcir. »
"L’administration américaine tend la main à l’Iran : enfin !"Bien que moins angoissé, c’est aussi le message des trois pays européens, France, Grande- Bretagne et Allemagne, engagés depuis plus de trois ans dans une stratégie visant à contraindre l’Iran à suspendre l’enrichissement d’uranium. « L’administration américaine tend la main à l’Iran : enfin ! s’exclame un diplomate français de haut rang s’exprimant sous le couvert de l’anonymat. Nous n’avons jamais cessé de le recommander à l’administration Bush. Mais le dialogue doit aller avec la fermeté. La politique de sanctions produit actuellement d’autant plus d’effets que la chute du prix du pétrole met en péril le budget iranien, établi sur un prix moyen de 80 dollars le baril alors qu’il est actuellement à 40 dollars ».Les Européens plaident donc pour un renforcement des sanctions, afin de donner encore plus de poids à l’offre d’ouverture américaine.
« Nous devons nous préparer à imposer de nouvelles sanctions si l’Iran maintient sa position fermée à tout compromis », afin que la main tendue américaine « soit une main renforcée », a récemment expliqué le ministre allemand des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier. Lundi, le directeur général de l’AIEA, Mohamed ElBaradei, a exhorté Téhéran à « débloquer la situation » et à « mettre en œuvre toutes les mesures nécessaires pour instaurer la confiance dans la nature exclusivement pacifique de son programme nucléaire ». Il s’est une nouvelle fois plaint de l’absence de coopération iranienne sur ces questions clés.
Jean-Christophe PLOQUIN
Revue de presse, panorama du monde, blog de lutte contre l'antisémitisme et le racisme, ouvert au dialogue, l'autre image d'Israël, la culture juive à la rencontre de toutes les cultures, le monde juif tel qu'il est.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire