"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

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de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

samedi, août 15, 2009

LADECISION
DUNSECONDPROCES
DUGANGDESBARBARES

ETSESREPERCUSSIONS
SURLACOMMUNAUTEJUIVE
Source : marianne2.fren ligne le 15 août


A propos d’Alexandre Adler, du Crif
et de l’antisémitisme



Maurice Szafran


Marianne


Edito de Maurice Szafran,
paru dans le numéro 642 de Marianne.



Affaire Fofana:
le CRIF va trop loin



Dans une récente chronique publiée dans Le Figaro, l’excellent Alexandre Adler a délaissé son habituel registre – la vaste explication diplomatico-stratégico-cosmique – pour mettre sévèrement en cause une « certaine presse hebdomadaire » (le Nouvel Observateur et Marianne, pour être précis) accusée de faire le jeu d’un « antisémitisme insinuant ».
Diantre, rien que ça !

Quelle ignominie avons-nous commise ?

Aurions-nous, à l’exemple de l’ultra-gauche et de son philosophe star, Alain Badiou, que nous n’avons cessé l’une et l’autre de combattre, mis en cause l’existence de l’Etat d’Israël ? Evidemment pas. Nous ne sommes pas tombés sur la tête. Depuis un quart de siècle, dans les colonnes de L’Evénement du Jeudi, puis dans celles de Marianne, nous militons – militer : oh, quel gros mot au yeux des constipés du journalisme – pour le droit à la sécurité des Israéliens et la nécessité vitale pour les Palestiniens d’un Etat avec la plénitude de ses attributs. Nous n’avons jamais varié.

Ce n’est donc pas la guerre israélo-palestinienne qui pourrait nous valoir les foudres d’Adler, pas plus d’ailleurs que la moindre complaisance idéologique envers Badiou. L’été dernier, je publiai ici même un article sur le stalinisme assumé du penseur nouvellement idolatré.

Aurions-nous alors accordé des circonstances atténuantes au crime antisémite de Youssouf Fofana ? Aurions-nous, sans compassion pour la victime et sa famille, exonéré le tueur et ses complices en raison de leurs origines sociales, ethniques ou culturelles ? Jamais, nous ne sommes tombés dans ce piège pseudo-moralisateur. Avec L’Express et Le Figaro, nous fûmes d’ailleurs les premiers, il y a une décennie déjà, à dépeindre les ravages de l’antisémitisme parmi les Beurs et les Blacks des banlieues. La gauche, dans un réflexe de bêtise pavlovienne (les damnés de la terre ont toujours raison…), ne supporta pas ces reportages. Où Alexandre Adler a-t-il bien pu dénicher cet « antisémitisme insinuant » ?
L’affaire est simple : nous avons eu l’audace insensée, qui vaut condamnation à mort idéologique, de nous en prendre à un intouchable de la République, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF).

Nous avons eu l’impudence de relever, avec une grande sérénité de ton, qu’en vitupérant aussi fort les verdicts prononcés à l’issue du procès Fofana, le Crif commettait deux erreurs lourdes de conséquences. Dénonçant la « clémence » des réquisitoires et du jury populaire (rappelons que l’assassin Fofana a écopé de la peine quasi maximale), le Crif conteste le principe même dudit jury populaire, conquête de la République. Est-ce seulement raisonnable ?

Plus grave encore : d’un claquement de doigts, relayé par le président de la République lui-même, le Crif a obtenu que la ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, fasse appel du jugement. En gonflant ses biceps, en faisant jouer sa force, son influence, la crainte qu’il provoque, le bras politique des juifs de France a mis en place une implacable machine à fabriquer de… l’antisémitisme. Que va-t-on une nouvelle fois fantasmer, dans les cités et ailleurs, sur l’influence juive, sur la puissance juive, sur ce pseudo-lobby juif qui obtiendrait du pouvoir politique ce qu’il veut, quand il veut, jusqu’à faire annuler une décision de justice rendue au nom du peuple français ? Pourquoi prendre le risque insensé de mettre ainsi le feu à la maison commune ?

Nous pouvons entendre qu’Alexandre Adler, et d’autres d’ailleurs, ne partage pas notre compréhension du procès Fofana, de ses conséquences. Le débat mérite d’être poursuivi, amplifié. Mais l’enjeu va bien au-delà de ce jugement, aussi symbolique soit-il.

Oui, nous sommes radicalement hostiles à la communautarisation de la société française qui entraînerait, à coup sûr, la désintégration du tissu national. Oui, le Crif a franchi un pas supplémentaire en communautarisant notre justice. Après une agression contre un gay, la communauté homosexuelle estimera que, forcément, la punition est insuffisante. Au lendemain d’une ratonnade, la communauté maghrébine considérera que, par définition, police et justice lui sont défavorables. Et ainsi de suite… Jusqu’où ?
Mais en quoi cette divergence, il est vrai importante, justifie-t-elle qu’Alexandre Adler accable, même indirectement, Le Nouvel Observateur et Marianne de l’infamante accusation d’antisémitisme, serait-il « presque invisible » ?

Il se trouve que, dans l’esprit d’Adler, nous avons commis un autre péché, impardonnable celui-là : nous nous en sommes pris au président du Crif, Richard Prasquier - « l’honneur » de la communauté juive de France, précise, non sans emphase ni une pointe de ridicule, le chroniqueur du Figaro. Or, il faut rappeler à nos lecteurs que le sieur Prasquier s’est singulièrement distingué : le numéro un du Crif a insinué que le magistrat Philippe Bilger, avocat-général du procès Fofana, avait fait preuve de mansuétude envers les accusés (ce qui est faux) parce que… fils d’un collabo condamné à la Libération. L’antisémitisme véhiculé par les gènes ! L’antisémitisme transmis de père en fils ! Adler espérait-il notre silence complice face à pareille exécution morale ? S’attendait-il à ce que nous ne renâclions pas à ce concept de culpabilité héréditaire qui puise dans la tradition totalitaire ?

N’aurait-il pas été indispensable qu’Alexandre Adler, du haut de son influente tribune, dénonce une dérive aussi pernicieuse, aussi dégradante ? Le président du Crif, précisément parce que l’histoire des juifs dans ce pays est si particulière, à la fois exaltante et tragique, ne peut pas se lâcher comme un vil politicien de foire.
Parce que nous avons une haute idée du judaïsme français, de sa place dans le République, nous tenions à ces quelques précisions.

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