MONTEE
DELANTISEMITISME
ENEUROPE
Source : le site de Jean-Marc Morandini
en ligne le 6 février
Antisémitisme:
la TV flamande au centre d'une polémique
La chaîne de télévision publique flamande VRT se retrouve au centre d'une controverse après une succession d'émissions qui lui valent des accusations d'antisémitisme, pour véhiculer des clichés très douteux, et des protestations de la communauté juive. Vendredi dernier, le programme satirique "Man bijt hond" (Un homme mord un chien), a diffusé un sketch d'une quarantaine de secondes intitulé: "Les juifs sont encore fâchés".
La séquence entendait dénoncer les réactions, jugées excessives par leurs auteurs, de la communauté juive après des propos du ministre de la Culture de Flandre - la région néerlandophone du Nord de la Belgique- comparant les victimes d'une tuerie récente dans une crèche à Termonde, en Flandre, et celles de l'offensive israélienne à Gaza.
Avec le ton propre aux actualités cinématographiques des années 40 ou 50, un présentateur y détaille la liste des "gens, institutions et objets contre lesquels la communauté juive n'est pas encore fâchée: l'Association pour l'Amitié judéo-américaine, le Mouvement pour l'Amitié entre les Juifs et Israël, la Communauté juive en général, les sociétés Rolex et Rolls-Royce, la conseil anversois du diamant...".
Un dessin montre d'abord un Juif barbu, le visage crispé dans un rictus de colère, tendre la main vers un gros diamant. Ensuite, des images en noir et blanc montrent des Juifs orthodoxes dansant, une montre et une voiture de luxe, puis un diamantaire examinant une gemme.
Terry Davids, la directrice de Joods Actueel, la revue de la communauté juive anversoise, se dit atterrée par l'émission. "Ces gens ne sont absolument pas sensibles à notre... sensibilité. C'est comme s'ils voulaient nous chercher, nous provoquer. Nous sommes indignés, choqués", a-t-elle expliqué à l'AFP. Du côté de la VRT, on revendique le "droit à la satire et à l'humour".
"Du moment que c'est placé dans le juste contexte et que l'on ne s'en prend pas plus à une partie de la population qu'à une autre, il ne peut pas y avoir de tabou", explique un porte-parole de la télévision publique, Bjorn Verdoodt.
Dans le monde politique, seul le député libéral flamand Claude Marinower s'est élevé contre un programme digne d'un "journal négationniste", selon lui.
"A chaque fois, on pense que le niveau le plus bas a été atteint, mais à chaque fois, le pire est encore à venir", a-t-il dit. Fin octobre, un jeune chef cuisinier flamand avait lancé la polémique en se donnant pour ambition d'apprendre aux téléspectateurs de la VRT à cuisiner une truite au beurre, la soit-disant recette préférée d'Adolf Hitler.
Face aux protestations, la direction de la VRT avait retiré le programme in extremis, mais la polémique n'a depuis lors jamais cessé entre la chaîne publique néerlandophone et la communauté juive de Belgique, en particulier celle d'Anvers (nord), composée d'environ 15.000 personnes, pour la plupart de tendance orthodoxe.
Le 1er janvier, la VRT a diffusé une séquence extraite d'un spectacle de l'humoriste Philippe Geubels, dans laquelle celui-ci déplorait que l'on ait déprogrammé l'émission sur la truite d'Hitler et jugeait que les Juifs "exagèrent un peu".
Il s'interrogeait ensuite: "Que vont-ils faire s'il y a une grosse fuite de gaz ici à Anvers? Poursuivre la ville pour provocation?".
Le président du Centre de coordination des organisations juives de Belgique, Joël Rubinfeld, a dénoncé les "dérapages" d'une télévision flamande qui "semble penser que multiplier les provocations antisémites sur un ton soi-disant humoristique contribuera à accroître son audience".
Par Philippe SIUBERSKI
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