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Source : lefigaro.fr en ligne le 5 février


Nétanyahou durcit le ton
pour reconquérir la droite


De notre correspondant à Jérusalem,
Adrien Jaulmes



Favori des sondages, Nétanyahou avait adopté une stratégie en retrait. Il vient de revenir à une campagne électo­rale plus active. Menacé par Lieberman, le patron du Likoud promet d'«en finir » avec le Hamas.

Benyamin Netanyahou se contentait d'attendre le pouvoir avec un sourire en coin. À quelques jours des élections législatives de mardi prochain, il vient de revenir à une campagne électo­rale plus active, durcissant son discours à l'attention des franges radicales du Likoud et multipliant soudain ses apparitions sur le terrain.

Favori des sondages, Nétanyahou avait adopté depuis plusieurs mois une stratégie électo­rale en creux. Silencieux pendant l'opération contre le Hamas à Gaza, ne donnant aucune interview, le chef du Likoud se contentait d'attendre son heure, comptant sur l'érosion de la popularité de Kadima, le parti au pouvoir.

Sur son site Internet de couleur bleu ciel, au design manifestement inspiré de celui de Barack Obama, il menait une campagne essentiellement virtuelle, limitant ses interventions à des commentaires publiés sur son blog. Pas de rencontres avec les militants, pas de serrage de mains sur les marchés, Nétanyahou pensait déjà au lendemain de l'élection. Dix ans après sa défaite cuisante face à Ehoud Barak, et une longue éclipse derrière l'écrasante personna­lité d'Ariel Sharon, celui qui fut le plus jeune premier ministre d'Israël se voyait déjà de retour à son poste, maître de ses alliances électorales.

L'essor d'Israël Beitenou (Israël notre maison), la formation du tribun populiste Avigdor Lieberman, qui dépasse à présent le Parti travailliste, et la remontée de Kadima dans les sondages ont un peu ébranlé son assurance.
«Paix économique»

Nétanyahou, comme il l'avait confié en décembre dernier au Figaro, reconnaissait avoir commis une erreur en s'alliant avec l'extrême droite pendant son précédent mandat, entre 1996 et 1999. Il affichait son intention de gouverner cette fois à la tête d'une coalition de centre droit. Le retour de plusieurs membres de Kadima au Likoud, une alliance passée avec Ehoud Barak lui promettant de conserver son poste de ministre de la Défense, tout semblait favoriser ce nouveau plan. Il lui suffisait de savourer sa revanche sur Tzipi Livni et Kadima.

La montée de Lieberman, dont le discours musclé séduit une partie de l'électorat du Likoud, est venue changer la donne, et risque de faire de lui, en cas de victoire, l'otage de l'extrême droite laïque et religieuse. Nétanyahou tente à présent de convaincre les électeurs de droite qu'un «Likoud fort est la garantie d'un gouvernement stable» et que Lieberman aura un «ministère important» dans son cabinet. Sortant de sa réserve, il a multiplié ces derniers jours les déclarations destinées à rallier ses partisans.
«Un gouvernement du Likoud maintiendra Jérusalem unie sous la souveraineté d'Israël», a-t-il lancé en début de semaine pendant une visite dans la vieille ville de Jérusalem.

Sans s'opposer ouvertement à la création d'un État palestinien, ce qui le mettrait en porte à faux avec l'administration américaine officiellement en faveur d'une partition, Nétanyahou a aussi répété son souhait d'une «paix économique» avec les Palestiniens, décrétant nulles et non avenues les promesses d'Ehoud Olmert en faveur d'un retrait de Cisjordanie.
Sortant de son silence sur l'opération contre le Hamas, il a aussi critiqué implicitement le gouvernement actuel pour l'avoir suspendue sans avoir renversé le parti islamiste palestinien. «Il faut faire tomber le pouvoir du Hamas à Gaza», a-t-il déclaré pendant une visite à Ashkelon, à l'endroit où une roquette a explosé avant-hier. «Nous agirons en sorte de le faire tomber et d'en finir avec la menace que font peser les roquettes sur les localités du sud du pays. (...) Ces dernières années, la politique aveugle de Kadima nous a amenés là où nous nous trouvons aujourd'hui. Il faut un changement de politique !»