PASSERELLE
Source : lemonde.fr via l'AFP
L'Allemagne va ouvrir aux historiens
un vaste fonds d'archives de la Shoah
Berlin a accepté, mardi 18 avril, d'ouvrir aux chercheurs et historiens l'un des plus importants fonds d'archives sur les victimes des nazis pendant la seconde guerre mondiale, après en avoir limité l'accès pendant soixante ans.
"Je suis heureuse de pouvoir vous annoncer aujourd'hui que l'Allemagne a changé d'avis et acceptera de réviser rapidement les accords de Bonn" datant de 1955, qui règlent la gestion d'archives de 30 millions de documents, a ainsi annoncé la ministre de la justice allemande, Brigitte Zypries, à Washington, après une rencontre avec la directrice du musée de l'Holocauste de la capitale américaine, Sara Bloomfield. Celle-ci a estimé que "ces archives d'une signification historique immense rendront un service énorme aux chercheurs pendant plusieurs générations". Environ la moitié des documents ont été numérisés, selon un historien du musée.
Connues sous le nom de Service international de recherches (International Tracing Service en anglais), ces archives comprennent des documents très détaillés des nazis sur les camps de prisonniers, les travailleurs forcés et autres victimes du régime. Le fonds comprend, outre ces pièces saisies en 1945, des documents ensuite établis par les Alliés, sur les réfugiés.
"PROTECTION DE LA VIE PRIVÉE"
Placé sous la supervision de onze pays depuis la guerre, l'accès à ces données a été restreint essentiellement à la Commission internationale de la Croix-Rouge, qui l'a utilisé pour aider les familles à retrouver leurs disparus. Mais les historiens et le public n'avaient pas accès à ces données, l'Allemagne bloquant apparemment leur ouverture, en invoquant le respect de la vie privée.
Selon le site Internet du Service international de recherches (SIR), les informations contenues dans ces archives sont éminemment personnelles et peuvent être "extrêmement sensibles", portant notamment sur "des maladies héréditaires", des "expériences pseudo-médicales", des "catégories de motifs d'incarcération (assassins, ou homosexuels notamment)", ainsi que "des enfants illégitimes". "Le SIR est tenu, aux termes de l'article 5 de l'accord de 1955, de prendre toute précaution pour éviter la divulgation de données susceptibles de porter préjudice aux anciens persécutés ou à leurs familles", indique le site, précisant que ces documents concernent plus de 17,5 millions de personnes.
"Notre point de vue est que le respect des données personnelles est parvenu à un niveau suffisant pour assurer... la protection de la vie privée des personnes concernées", a déclaré Mme Zypries mardi. Les historiens de l'Holocauste avaient critiqué l'absence d'ouverture du fonds, faisant valoir que l'étude des documents permettrait de compléter l'image du régime nazi et du massacre de millions de juifs, homosexuels ou Tziganes.
La décision finale de l'ouverture des archives sera prise formellement lors de l'assemblée annuelle des onze pays concernés, le 17 mai à Luxembourg.
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