DEVOUSAMOI
LA FRANCE DE 2005 GRELOTTE
La France de 2005 qui s'achève est à l'image de cet hiver rude, sec et vif qui la revêt. Une France frileuse, méfiante d'elle-même, repliée sur elle-même, dominée par ses craintes d'un monde ouvert, sans frontière, de flux et de reflux. 2005 fut l'année de toutes les peurs et de toutes les contradictions. Peur de l'Europe, peur de l'empire américaine, peur d'une Chine triomphante, peur d'un Islam conquérant, peur de sa jeunesse, peur de son passé. Face à ces peurs intérieurisées, viscérales, la France de 2005 n' a trouvé, dans son placard à remèdes, pour seule réponse à ses convulsions, qu' une potion du "tout contre", véritable poison pour son environnement, politique, social et économique. Ce sont toutes ses peurs, ses doutes et par voie de conséquence, ses échecs qui ont miné, voir plombé, ses espoirs, ses ambitions. La mécanique qui fait qu'une société avance s'est grippée. Elle est en passe, si on n'en prend pas, après analyses sérieuses et synthèses, rapidement toute la mesure, en même temps que toutes les vraies bonnes mesures pour mener à bien sa guérison, de se décomposer, de se vider, de "boire la tasse". Tous les symptômes d'une société en rupture, pas celle qu'attend le Présiddent de l'UMP, Nicolas Sarkozy, sont présents. On en voit les fissures, les craquèlements. Partout.
Le fossé entre la France d'en-bas et la France d'en-haut ne cesse de s'élargir. Pour la première fois, cette année, la grève de masse, soutenue par la majorité de la population, n'a pas eu lieu, comme les syndicats l'avaient souhaitée. On a plutôt vu des grêves se radicaliser, activées par des élèments d'extême-gauche (SNCM, SNCF,...), mais réduites à la stricte expression corporatiste et donc éloignée des préoccupations des français. La gauche, les syndicats, ont perdu la bataille de l'opinion, sauf sur le référendum sur la Constitution européenne. Mais là encore, plus encore que la victoire de la gauche et de l'extrême-gauche "alliée" objective de l'extrême-droite, ne s'agit-il pas de cette peur qu'ont les Français de l'inconnu, d'un continent qui les envahirait?
Jamais la France, depuis la fin de la guerre froide, ne s'était plongée, aussi profondément, dans une atmosphère de trouble, d' incertitude où tout est sujet à caution, à remise en question jusqu'à sa propre Histoire. Rien ne trouve grâce à ses yeux. Pas même les cadeaux de Noël.
La France de 2005 a perdu ses réperts. La France de 2005 perd aussi une partie de ses attributions morales. La France n'est plus l'exemple idéal à suivre. Le débat fait place, ici, à la polémique gratuite et stérile. On s'envoit des mots d'une rare violence, en lieu et place du débat idéologique, la vindicte populaire comme corde de potence.
La France de 2005 est une France divisée, cassée en mille morceaux, qui fait de chaque individu l'ennemi de l'autre. On s'épit. On se mesure. On mesure son pouvoir, son poids dans l'opinion, son influence en politique. On compare les crimes au crimes, au nombre de victimes. Seule l'Histoire doit être égal pour tous. On confond. On amalgame. On hiérarchise par là. On mélange par ci. Une vraie cacophonie. La France est devenu cette nébuleuse, embuée dans sa complexité et dans son complexe de ne pas avoir grandi très vite, d'avoir des longueurs de retard sur la plupart de ses partenaires ou ses voisins, de n'avoir pas su s'éléver, suffisamment, à sa dimension adulte. Toujours à la traîne. Une France qui grimpe, qui grimpe, sans voir le bout du bout du sommet.
Telle quelle, La France nous renvoie d'elle même une image de désolation, affligeante. Si on devait s'en tenir qu' à ce descriptif, constat pourtant bien réel, il n'y aurait plus qu'à jeter l'éponge et à laisser ce pays se débattre dans ce vaseux marécage.
Mais, non! On n'aurait plus tendance à vouloir le secourir, car, reconnaissons-en l'augure, la France de 3è millénaire possède un tel réservoir, en homme, en nature, en culture, en science, en technologie, en agriculture, qu'on ne peut, ni ne veut imaginer, une seconde, la voir sombrer corps et biens
Pour cela, elle a besoin de regagner sa propre confiance, de croire, à nouveau, en elle-même, de penser que chaque être est une part de l'autre, partage la culture de l'autre, de savoir que chacun d'entre nous, d'où qu'il vienne, quelque soit son bord, quelque soit son origine , quelque soit sa sensibilité, est actionnaire, à part égale, de cette France que nous aimons quand elle sait être fière d'elle et forte de sa diversité, de son pouvoir d'animer, d'entraîner.
Diversité, oui! Mais pas adversité, comme quelques uns cherchent à vouloir nous l'imposer.
Qu'en 2006, la France cesse enfin de grelotter, de gémir et qu'elle revienne à plus de vitalité et d'énergie, et de volonté de conquète de l'esprit et des mentalités, si elle veut redevenir le laboratoire de l'intelligence.
Le repli sur soi, le mépris de la différence, se faire peur pour faire peur aux autres, n'ont jamais permis à une nation de se construire ou de se reonstruire.
Bernard Koch
Revue de presse, panorama du monde, blog de lutte contre l'antisémitisme et le racisme, ouvert au dialogue, l'autre image d'Israël, la culture juive à la rencontre de toutes les cultures, le monde juif tel qu'il est.
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