"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

vendredi, septembre 16, 2005


TRIBUNE JUIVE
N° 10
SEPTEMBRE 2005

ARIEL SHARON,
L'HOMME DE L'ANNEE





INEDIT


MéDiaTiC




IVAN LEVAÏ :
MEDIATTITUDES



*Ivan Levaï, journaliste audiovisuel de renom, animateur de la nouvelle émission de France-Inter "Intermédia", directeur de la publication du mensuel Tribune Juive, accorde à notre blog une interview inédite, après la sortie de son numéro de septembre et son grand retour sur les ondes.

Vous avez consacré l’essentiel de votre numéro de Tribune Juive de septembre à Ariel Sharon. Pour quelles raisons l’avez-vous désigné l’homme de l’année ?

Et bien. Nous avons cherché. Et il y avait un homme qui de par son attitude, ses prises de positions, ses actes, méritait ce titre. C’est un titre journalistique. La presse considère que tel ou tel chef d’Etat ou de gouvernement mérite d’avoir, par exemple, la première page de Newsweek et d’être considéré comme l’homme qui a fait le plus dans l’année parmi les chefs d’Etat. On a regardé. On a cherché. Au-delà de Poutine, Tony Blair ou George Bush, au-delà de ses actes normaux de chef de gouvernement, Ariel Sharon nous est apparu comme celui qui avait fait le plus. D’abord en tenant sa promesse, faite en 2004, de se désengager de Gaza, c'est-à-dire laisser libre d’exister, à leur guise, 1 300 000 Palestiniens. Nous avons considéré que d’ici le mois de décembre, il n’y aurait pas beaucoup de concurrents pour Ariel Sharon. Par son courage, qui lui a valu quelques déboires vis-à-vis de ses propres amis politiques, nous avons considéré qu’Ariel Sharon méritait ce titre. Nous avons tenu à être les premiers à le lui attribuer et je verrais bien d’autres journalistes faire de même. Je connais peu de gens qui ont pris autant de risques avec les siens. Je dirais même qu’avec son image de brute, de guerrier, d’homme qui voulait ruser et dominer jusqu’au bout, dans l’interview qu’il donne à Tribune Juive, il montre bien qu’il est un grand politique.

Après Moshe Katsav, en février 2004, on a vu l’événement de la venue d’Ariel Sharon à Paris, à la veille du désengagement de Gaza. Vous l’aviez d’ailleurs annoncé en mai dans Tribune Juive. Pour vous, quelles en ont été les répercussions sur le paysage politique français et sur la communauté juive de France ?

Depuis plusieurs années pour ne pas parler de décennies, la communauté juive de France avait le sentiment d’être oubliée, mal comprise. Quand elle protestait contre la flambée de l’antisémitisme, beaucoup, mezzo vocce ou à voix haute, disaient qu’elle se faisait des illusions, qu’elle cultivait le pessimisme post-Shoah. D’autres, lorsque la communauté juive disait que la politique française au Proche-Orient n’était pas très équilibrée – c’était le moins que l’on puisse dire –, lorsque des Juifs disaient qu’il leur apparaissait que la démocratie israélienne n’était pas vue du quai d’Orsay comme une petite sœur – beaucoup plus qu’une cousine donc – de la République française. Les Juifs auraient voulu que cette démocratie qui, comme nous, pratique l’alternance, respecte les droits de l’homme, mérite autre chose que cette espèce de bout de table auquel on la mettait en considérant que décidément les Israéliens ne comprenaient rien, qu’ils étaient des colons, des dominateurs, incapables d’un acte de compréhension des malheurs palestiniens. Il me semble que ces derniers mois, on a eu des réponses des deux côtés. Du côté du président de la République et du gouvernement français et du côté israélien. On a cessé de se regarder en chiens de faïence. Avec Tribune Juive mais aussi beaucoup de nos concitoyens et pas seulement des Juifs de France, je fais partie de ceux qui ont considéré que Paris et Tel-Aviv se regardaient autrement. On avait été séduits par la manière dont le gouvernement français avait reçu le président Katsav. On attendait le deuxième événement, qui a eu lieu sous nos yeux et au bon moment du calendrier, puisque Ariel Sharon a été reçu à Paris comme vous le savez. Pas très bien, d’ailleurs. Mais, on a le sentiment qu’un mur est tombé. J’emploie le mot mur à dessein. Un mur d’incompréhension entre le président Jacques Chirac et le Premier ministre israélien Ariel Sharon. Et c’est très bien. J’ai également eu le sentiment que nos concitoyens français découvraient un Sharon qui ne ressemblait pas tout à fait au portrait tracé par la presse de droite ou de gauche.

Et, selon vous, est-ce ce qui a motivé une visite aussi empressée du ministre des Affaires étrangères français au Proche-Orient ?

Oui. Mais, j’essaie de donner du temps au temps et de considérer que Philippe Douste-Blazy, l’actuel hôte du quai d’Orsay, n’assume cette fonction que depuis cent jours avec Dominique de Villepin. Son prédécesseur, Michel Barnier, avait eu le temps de bien comprendre le dossier du Proche-Orient. C’est un dossier compliqué. Et je ne suis pas le premier à le dire. Je propose donc de laisser du temps à Philippe Douste-Blazy. Mais je trouve très intéressant qu’au bout de cent jours, sa visite au Proche-Orient, qu’il a effectuée des deux côtés et qui s’est, semble-t-il, bien passée est un signe positif pour l’avenir. Après tout, Philippe Douste-Blazy est un homme du centre et quelque chose me dit qu’au Proche-Orient il ne faut pas une politique centriste mais une politique d’équilibre. Je ne constate qu’une chose, que pour comprendre les deux souffrances et les deux inquiétudes israéliennes et palestiniennes, il faut des personnes dotées d’une grande lucidité, d’une grande clairvoyance et d’une grande intelligence. Je vais vous faire une confidence. Je suis sur ce point où je rêve d’être sur la même ligne et d’avoir la même lucidité que Avraham B. Yehoshua.

L’écrivain israélien ?

Lui-même. Que la presse française a bien compris et qui a écrit deux livres magnifiques dont Le directeur des ressources humaines* qui est un roman sur la réalité mais aussi sur le concept et notamment sur l’abstraction. C'est-à-dire que bien sûr qu’à Jérusalem il y a des Juifs et des Palestiniens, mais il y a aussi des personnes qui sont à Jérusalem parce que c’est leur ville. Quand Avraham B. Yehoshua dit qu’il y a un droit pour les sionistes, né du désespoir, j’aimerais que tout le monde comprenne ce droit-là et qu’on puisse à la fois envisager un autre droit qui ne devrait pas, non plus, être fondé sur le désespoir. Et pourtant, c’est le droit des Palestiniens à un Etat.

C’est un message plein d’espoir. Il faut encourager tout le monde à lire son livre.

Voilà. C’est ce qu’il faut.

Vous avez titré votre dossier sur Gaza « Gaza, le retrait tranquille ». Est-ce pour contrebalancer le battage médiatique français qui a rythmé l’été et qui était, disons-le, à l’affût de la moindre anicroche ?

Oui. Bien sûr. Mais Dieu merci, on oublie. On oublie vite ce qu’on entend à la radio, ce qu’on voit à la télévision et ce qu’on lit dans les journaux. Qu’est-ce qu’on a entendu ? Que cela allait mal se passer. Que cela devait mal se passer. Et qu’est-ce qu’on a découvert ? Et bien que ce retrait s’est accompli dans les moins mauvaises conditions possibles n’en déplaise aux amateurs de violence, hypocrites ou pas. Je crois que ceux qui consciemment ou inconsciemment rêvent de brutalité et de violence avaient oublié qu’Israël est une démocratie et que Tsahal n’est pas une armée putschiste. On a effectivement vu des scènes très douloureuses. Et on a vu des soldats israéliens obéir aux ordres et s’adresser aux réfugiés avec beaucoup d’humanité. Parce que ceux qui devaient s’en aller étaient des réfugiés. Pardon de cette comparaison mais s’agissant d’une image de brutalité, on voit aujourd’hui l’image de soldats américains patrouillant dans une Louisiane inondée. Et l’on voit l’image de soldats de Tsahal demandant à des rabbins, à des Juifs installés à Gaza depuis 1967, et peut-être avant, de tout quitter. Et il me semble que l’humanité était au Proche-Orient. L’humanité, ou alors je ne la vois pas. Si. Je la vois dans la Croix-Rouge et chez certains bénévoles. Mais je ne sais pas pourquoi, elle n’apparaît pas à l’Ouest. C’est ma grande déception.

Pensez-vous que c’est parce que l’Ouest a jusqu’à présent été relativement préservé des catastrophes sur son propre territoire ?

Je ne sais pas. J’ai le sentiment que les Noirs restés en Louisiane qui geignent et souffrent, ont été d’entrée considérés comme des gangsters et des pilleurs de magasins. Cette armée les a déconsidérés. Je vous le dis cette brutalité des gestes ne correspond pas à l’humanité des gestes qu’on a pu voir lors du retrait de Gaza. Encore pardon pour cette comparaison, mais je dirais que ce qu’on voit en Louisiane justifie notre titre de « retrait tranquille » parce que je ne titrerais pas « sauvetage tranquille » en Louisiane. Et je le regrette.

Vous avez aussi mis l’accent sur l’investissement immobilier français en Israël. Est-ce pour signifier qu’il existe une frénésie du retour à Sion chez les Juifs français ?

Non. Pas forcément. Je voulais parler des faits. Face à tout ceux qui doutent de l’avenir d’Israël et qui parlent de déclin, de pessimisme, c’est une manière de leur dire « regardez, il y a beaucoup de Français qui ne doutent pas puisqu’ils investissent intelligemment. Et peu importe ce qu’ils feront de cet appartement. C’est cet immobilier qui est leur investissement de rêve. Si c’est un rêve sioniste et bien c’est un rêve sioniste. Si ce n’est seulement qu’un rêve de vacances et bien c’est un rêve de vacances. En tout cas il existe. Et bien on le montre ». C’est aussi une façon de dire qu’il n’y a pas que l’armée en Israël. Il y a une société avec une économie, une industrie, une recherche, une agriculture. Et la bulle immobilière n’affecte pas seulement les pays considérés comme tranquilles. D’ailleurs, entre nous, est-ce qu’il y a encore des pays tranquilles quelque part sur la planète, aujourd’hui ?

Ivan Levaï, rapprochons-nous maintenant de l’homme de radio que vous êtes. Vous êtes resté six ans fidèle à France Musiques. Vos adieux émouvants à vos auditeurs en juillet dernier ont transpiré d’un départ à contre cœur. Peut-on assimiler votre départ de France Musiques à un divorce ?

Non. Ce n’est pas un divorce. Je ne sais pas comment cela se passe dans un couple quand monsieur ou madame dit au compagnon ou à la compagne « Bon, et bien tu es gentil mais le 30 juin tu me remettras les clés. Ne reviens pas au mois de septembre ». C’est un peu ce que m’a dit le directeur de France Musiques. Il ne faut pas vous étonner si après on ne s’aime pas tellement. J’ai pris mes cliques et mes claques, surtout que je n’avais pas le moyen de faire autrement. C’est ainsi que cela fonctionne dans l’audiovisuel. Celui qui a le pouvoir administratif a la possibilité de gérer le saltimbanque comme il l’entend. Je n’étais que le saltimbanque face au directeur de France Musiques, un géomètre, qui m’a dit qu’il avait d’autres intentions éditoriales. Bien sûr, je n’ai pas été très content. Selon moi, quand on vire quelqu’un, on le lui dit en face. C’est ainsi que j’agis. Je lui dirais « Ecoutez, voilà, on va se séparer ». J’étais donc dans la situation d’un monsieur qui rentre chez lui et qui découvre que sa femme a changé la serrure. Donc, je n’ai pas été très content. Et ce pour une raison simple, c’est que j’avais fini par considérer que je remplissais une fonction, sur les radios, qui dépassait ma petite personne. Je disposais d’un quart d’heure pour donner aux gens ma lecture des journaux. C’est un privilège inouï et je fais cela depuis près de 35 ans. Il faut bien arrêter un jour. J’aurais voulu avoir des successeurs. Or, je vois qu’aucune revue de presse ne dure ce temps-là. Maintenant, c’est une revue des titres. Et je dis que le pluralisme n’est plus tellement mis en vitrine sur les radios, ni sur les télévisions et c’est dommage pour la presse dans son ensemble. Et je dirais même, c’est dommage pour la République. C’est un constat. Pour le reste, j’ai été fâché tout l’été et maintenant, c’est l’automne. Et je lis les journaux pour moi. Comme le président Cluzel a eu l’élégance et la bonne idée de me proposer d’intégrer France Inter, je dispose maintenant d’une heure le samedi, de 11h à 12h, sur France Inter.

Mais alors, vous avez rejoint une radio que vous connaissez déjà ?

Oui, puisque j’ai été chef d’orchestre de cette radio. Alors, je retrouve les musiciens de l’orchestre et d’autres qui s’y sont ajoutés. Aujourd’hui, j’y reviens en musicien. J’ose à peine la comparaison, mais je vais quand même la faire. Barenboïm est un chef d’orchestre mais aussi un excellent pianiste. Alors quelques fois, il dirige l’orchestre, et d’autres, il est au piano. Et bien voilà, je suis au piano le samedi sur France Inter. On verra bien. J’espère que si je joue faux, on criera « oh la la, il n’est pas très bon au piano, donnez-nous un autre virtuose ». Mais je ferai des efforts. Et comme je n’ai pas cessé de faire des gammes...

Alors votre émission s’appelle Intermédia. Quelle est sa ligne éditoriale ?

L’idée, c’est le parallèle entre Intermédia et Intermédiaire. Je trouve qu’aujourd’hui il y a une offre médiatique considérable. Mais curieusement, allez savoir pourquoi, les contenus sont très bien-pensance, voire langue de bois. Cela mérite examen. Alors on va regarder et on va essayer de voir pourquoi les médias ont tendance à se regrouper – ce qui n’est pas grave – mais à finir par dire la même chose. On ne regarde pas forcément des choses différentes mais on va essayer de comprendre. On va aussi tenter de comprendre pourquoi certains jours les papiers plus à gauche sont dans Le Figaro et ceux plus à droite dans Libération. Il y a du boulot.

Aujourd’hui, vous êtes pianiste mais vous jouez à quatre mains ?

Et oui, puisqu’il y a une autre soliste, qui s’appelle Sophie Loubière et qui a marqué une formidable émission de France Inter qui s’appelait « Dernier parking avant la plage ». Vous savez qu’en 1968, on disait « sous les pavés, la plage », « dernier parking avant la plage »… On va sonoriser le parking.


Propos recueillis par
Marie Mokraoui
*Editions Calmann-Levy
Copyright photo ALAIN AZRIA

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