"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

mercredi, septembre 26, 2012


LENORDDUMALI
SOUSLACOUPEDESDJIHADISTES

TRANSFORME
ENVASTECAMPDECONCENTRATION
Source : la newsletter de rue89.com distribuée
le 26 septembre 2012




Charia au Nord-Mali :
« Il a coupé ma main
comme s’il tuait un mouton »


Human Rights Watch



Alors que la France se dit prête à soutenir une intervention au Mali, dont près de la moitié du territoire est aux mains d’Aqmi (Al Qaeda au Maghreb islamique), Human Rights Watch publie un document sur les exactions dont est victime la population.

L’ONG a interrogé une centaine de témoins qui ont fui les régions tenues par les groupes islamistes, ou y sont restés. L’organisation humanitaire suit au plus près la situation depuis des mois, s’efforçant de recueillir la parole de la population sans parti pris.

Nous publions de longs extraits de ces témoignages, qui ont valeur de document, non d’article ni de tribune. Et vous invitons à lire l’intégralité du travail fourni par l’organisation.

Les trois groupes rebelles [qui contrôlent le nord du Mali, ndlr] – Ansar Dine, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et Al Qaada au Maghreb islamique (Aqmi) – ont enrôlé plusieurs centaines d’enfants dans leurs forces, perpétré des exécutions, des flagellations et au moins huit amputations en guise de châtiment, et ont détruit systématiquement de nombreux sites religieux d’une grande importance culturelle et religieuse. En avril 2012, les groupes rebelles ont renforcé leur contrôle sur les régions de Kidal, Tombouctou et Gao, dans le nord du pays.

« Les groupes armés islamistes sont de plus en plus répressifs alors qu’ils resserrent leur emprise sur le nord du Mali », a expliqué Corinne Dufka, chercheuse senior sur l’Afrique à Human Rights Watch :

« Les lapidations, les amputations et les flagellations sont devenues courantes dans une tentative évidente de forcer la population locale à adopter leur vision du monde. Pour imposer leur interprétation de la charia, ils ont également organisé une parodie de justice tragiquement cruelle et ont recruté et armé des enfants dont certains n’avaient que 12 ans. »



1Amputations

Les amputations à Ansongo et Gao ont été réalisées à l’issue de ce que les victimes ont décrit comme un « procès islamique ». Almahmoud, dont la main a été coupée le 8 août, a décrit son supplice à Human Rights Watch :

« Je suis marié et j’ai trois enfants, âgés de 6 ans, 4 ans et quelques mois. Je viens d’un village proche d’Ansongo. En juillet dernier, un pick-up rempli d’hommes armés est arrivé chez moi. Les hommes ont expliqué qu’ils enquêtaient sur un vol de bétail et que leur enquête avait révélé des traces de moto près de l’endroit où les animaux avaient été volés et qui conduisaient à ma maison.

Ils m’ont ordonné de partir avec eux. Ils m’ont installé, moi et ma moto, sur un camion avec cinq hommes armés. Ensuite, ils m’ont placé dans leur prison à Ansongo où je suis resté pendant deux semaines. Pendant ma détention, je n’ai jamais été interrogé, pas une seule question sur l’affaire.

Le 8 août, vers 10 heures du matin, ils m’ont emmené dans un bâtiment de bureaux qui leur sert de palais de justice. J’y ai trouvé une dizaine d’hommes non armés assis en cercle sur des tapis. Ils m’ont demandé de m’asseoir au milieu et de leur raconter les faits. J’ai dit que j’étais innocent et j’ai expliqué ma version des faits.

Le chef du Mujao à Ansongo, a annoncé qu’ils devaient appliquer la charia, après quoi ils ont discuté de mon cas entre eux. Ils parlaient en arabe, mais leurs propos étaient traduits en grande partie en tamashek afin que je puisse comprendre. Aucun d’entre eux n’a présenté de preuve solide. Sur les dix hommes, trois étaient contre l’application de la charia, mais les autres ont gagné.

Vers 15 heures, ils m’ont conduit sur la place publique, qui était pleine de monde. Ils m’ont lié les mains, les pieds et le torse fermement à une chaise ; ma main droite était attachée avec un cordon en caoutchouc. Le chef a lui-même coupé ma main comme s’il tuait un mouton. Il a mis deux minutes environ pour me trancher la main, en criant “Allah akbar” [Dieu est le plus grand, ndlr].

Je n’ai reçu aucun médicament avant, seulement quelques pilules dans la cellule, une fois l’amputation terminée, données par l’homme qui a fait mon pansement.

Je suis resté dans la cellule pendant une semaine sans voir un médecin. Je partageais la cellule avec deux autres hommes accusés de vol... Les islamistes ont dit que leur jour arrivait.

Plus tard, ils m’ont donné de l’argent pour réparer ma moto et pour acheter du thé, du sucre et des vêtements, et ils m’ont ramené à la maison. Je suis innocent : je n’ai pas volé ces animaux. »

Sur les cinq amputations réalisées le 10 septembre à Gao, une avait lieu sur la place de l’Indépendance alors que les quatre autres avaient eu lieu quelques heures plus tôt dans un camp militaire à plusieurs kilomètres de là.

Le Mujao a indiqué aux médias que le crime supposé des suspects, banditisme de grand chemin, exigeait de couper la main droite et le pied gauche. Un sage ayant eu connaissance de l’incident a raconté à Human Rights Watch :

« Ils ont été jugés et condamnés le même jour qu’ils ont été amputés. Il y avait cinq juges, y compris des étrangers et un Arabe mauritanien du nom de Hamadi. Aucun avocat n’était présent au procès. Les juges ont posé des questions avant de rendre leur verdict.

Dans cette affaire, le jugement a eu lieu le matin et ils ont immédiatement procédé à l’amputation. Hamadi lui-même a publiquement prononcé la sentence sur la place. »

Un autre témoin de l’amputation a raconté :

« Vers 13h20, alors que je travaillais au marché, j’ai entendu le Mujao appeler la population à se rassembler sur la place. Environ 60 personnes se sont réunies et quelques minutes plus tard, le Mujao est arrivé à bord de dix Land Cruiser. A l’intérieur de l’un des véhicules se trouvaient le commissaire de police, Aliou Mahamar Touré, et un jeune homme.

Vers 13h45, Aliou a demandé à un islamiste de fixer une chaise à un pilier en béton à l’aide d’une corde. Alors que le jeune homme était encore dans la voiture, il a reçu deux injections. Dix minutes plus tard, Aliou a demandé au jeune homme de se couvrir le visage, puis deux de ses gardes du corps l’ont fait descendre de la voiture et l’ont attaché à la chaise. D’abord la main droite, puis le pied gauche et enfin le torse.

Aliou a pris deux couteaux de boucher, les a placés sur une pièce de caoutchouc noir et a clamé “Allah akbar”, que les autres islamistes ont répété. Puis il a posé un couteau, et avec l’autre, a coupé la main du jeune homme : cela lui a pris dix secondes. Il a soulevé la main pour que tout le monde la voie. Un autre islamiste avec une barbe a saisi le second couteau, a crié “Allah akbar” et a coupé le pied.

Les membres du Mujao ont commencé à prier et ont dit qu’ils faisaient ce que Dieu leur demandait de faire. Aliou a ordonné de détacher l’homme et en même temps, il a demandé qu’on lui apporte un sac de sa voiture. Le sac contenait les quatre pieds et les quatre mains amputés aux autres voleurs. Il y a placé le pied et la main tout juste coupés et tous ont crié “Allah Akbar”.

Plusieurs islamistes ont transporté le jeune homme jusqu’à l’hôpital. Le Mujao, dont environ 40 membres étaient présents, avait confisqué les téléphones portables pouvant prendre des photos et des vidéos aux spectateurs avant l’opération et les leur ont rendus après. Personne n’a osé parler. Nous étions choqués et ils étaient lourdement armés. »

A deux reprises au moins, les résidents du nord du Mali ont protesté contre les amputations planifiées. A Gao, ils ont d’abord obtenu gain de cause. Un témoin a décrit comment le 5 août, la police islamique conduisant plusieurs hommes vers la place pour des amputations a été prise à partie par « des centaines de résidents leur criant d’arrêter et leur jetant des pierres. Ils ont complètement bloqué l’accès à la place de l’Indépendance. Les islamistes ont tiré plusieurs fois en l’air mais la foule était trop nombreuse. Elle a pu contrecarrer les projets des islamistes ».


2Flagellations et passages à tabac

Cigarettes

Plusieurs témoins ont décrit avoir vu des hommes et des jeunes hommes battus pour avoir fumé ou vendu des cigarettes. Le 13 août, selon les propos d’un témoin, un forgeron qui fumait à l’intérieur de sa maison, a été « battu sérieusement par un groupe d’islamistes qui l’a vu alors qu’ils passaient en voiture. Ils sont descendus de voiture, ont pénétré dans la maison et l’ont fouetté. Mais suite à l’intervention des voisins, ils l’ont seulement conduit au poste de police et, à la fin de la journée, ils l’ont libéré. »

Un vendeur sur le marché a expliqué qu’un homme âgé et malade pris en train de fumer sur le marché et frappé par un adolescent membre de la police islamique « s’est uriné dessus au bout de cinq coups ; le châtiment pour avoir fumé est dix coups, c’était trop pour lui. »

Depuis juillet, un professeur de Gao a vu dix hommes battus en public sur la place publique de Gao pour avoir fumé. Un autre témoin a décrit les coups et la détention arbitraire en juin d’un homme âgé de plus de 60 ans qui avait refusé de jeter sa cigarette :

« Ils lui ont ordonné de jeter sa cigarette, mais il a refusé en disant : “J’aime fumer. Je fume aujourd’hui, je fumerai demain... En fait, je fumerai jusqu’au dernier jour de ma vie. Est-ce la volonté de Dieu de battre des personnes qui fument ?”

Ils sont devenus si furieux qu’ils ont commencé à lui donner des grands coups et un islamiste de 15 ans l’a traîné jusqu’au poste de la police islamique, où il a été forcé de passer la nuit.

Imaginez, faire cela devant son petit-fils ! J’ai vu le vieil homme le jour suivant ; il fumait toujours. »


Alcool

Un maçon qui avait été accusé de boire de l’alcool à la mi-juin dans une ville du Nord a été menotté et détenu jusqu’au lendemain au poste de la police islamique avant d’être, plus tard, soumis à 40 coups avec un fouet en peau et poils de chameau. Il a insisté en disant qu’il était victime d’un ennemi travaillant pour le compte des islamistes, mais il a dit :

« J’ai finalement accepté [les coups] parce qu’ils n’étaient pas près de renoncer. Ils ont appelé les personnes présentes dans le camp pour qu’elles regardent ; c’est le chef qui a administré les coups de fouet. Il m’a frappé 40 fois, en comptant en arabe, en remontant des jambes vers le haut du corps. C’était terriblement douloureux, j’ai eu de nombreuses zébrures. »


Voile

Près de quinze résidents de Tombouctou, Goundam et Gao ont vu des femmes se faire battre pour avoir refusé de se couvrir la tête de manière adéquate. Un marchand ambulant qui travaille sur le marché de Tombouctou a vu « beaucoup, beaucoup de fois » la police islamique flageller des femmes sur le marché parce qu’elles refusaient de se couvrir. Il a expliqué à Human Rights Watch :

« Par exemple, en juillet, j’ai vu trois membres de la police islamique frapper une vendeuse de poisson parce qu’elle n’était pas suffisamment couverte. Parmi eux, il y avait un Sénégalais, un homme important dans la police, qui l’a frappée plusieurs fois jusqu’à ce qu’elle se couvre la tête, jusqu’à ce qu’elle pleure.

A peu près au même moment, ils ont dit à une femme d’âge moyen qui vendait des mangues de se couvrir, mais elle a refusé. Ils ont commencé à la frapper ; elle a essayé de se protéger le visage, tout en répétant sur un ton de défi : “N’y comptez pas... Vous avez pris le village et vous avez fait décliner nos activités, c’est vous qui devriez être soumis à la charia.” Ils l’ont frappé cinq, dix, vingt fois, mais elle n’a pas cédé. »


Musique

Les autorités islamiques ont interdit, sous peine de châtiments sérieux, aux résidents d’écouter tout type de musique à la radio, en concert ou sur les sonneries de téléphones portables, en insistant sur le fait que les résidents doivent uniquement écouter des enregistrements des versets du Coran.

Un jeune homme qui vit près du siège de la police islamique à Tombouctou a raconté comment un jeune homme a été battu jusqu’au sang pour avoir répondu avec insolence aux autorités islamistes qui lui avaient demandé de leur remettre son téléphone portable après que la sonnerie jouant de la musique malienne a retenti :

« Il a désespérément tenté d’appuyer sur le bouton “décrocher” dans sa poche. Ils lui ont dit de venir mais le jeune a répondu avec insolence ; deux islamistes l’ont fouetté jusqu’à ce qu’il saigne, en disant : “Si nous faisions partie de l’armée malienne, tu ne nous parlerais pas comme ça !” »


Téléphone

Certains résidents ont affirmé que la police islamique jetait les téléphones des résidents sur le sol ou retirait les cartes SIM et les leur rendait quelques jours plus tard chargées de versets du Coran. Un ancien organisateur de voyages a confié à Human Rights Watch :

« Un après-midi, je buvais du thé en écoutant de la musique ivoirienne avec six amis. On a toujours fait ça : discuter des événements de la journée autour d’un thé.

Soudain, un pick-up avec des hommes armés de la police islamique a freiné brusquement et quatre d’entre eux sont descendus. L’un d’eux, parlant arabe, a dit que la musique était condamnée par Dieu. Nous étions effrayés, ils avaient des pistolets et étaient agressifs. Ils ont retiré la carte mémoire du lecteur audio et, trois jours plus tard, ils me l’ont rendue. Ils avaient effacé la musique et enregistré des versets du Coran. »


Foot

Plusieurs autres résidents du Nord ont parlé des restrictions concernant les rassemblements publics. Un homme a confié :

« En mai, nous étions assis dehors pour regarder la demi-finale de l’UEFA Champions League à la télé. Nous nous amusions, chacun encourageant son équipe et hurlant des “Allez !” Mais les islamistes sont venus et nous ont dit qu’il était interdit de regarder la télé en public. »


Jeux d’enfants

Les autorités islamistes ont même interdit à beaucoup d’enfants de jouer. Un homme a expliqué que, le 4 août, plusieurs parents en colère ont fait irruption dans le poste de la police islamique de Gao pour se plaindre du fait que leurs enfants âgés de 8 à 13 ans avaient été battus pour s’être baignés dans la rivière : « Les islamistes disent que maintenant c’est interdit, en particulier si les garçons et les filles sont ensemble », a conclu l’homme.

Un homme qui a fui Tombouctou avec sa famille au début du mois d’août a raconté qu’en juin, les autorités islamistes lui ont ordonné de rentrer deux tables de babyfoot car « elles ont une mauvaise influence sur les enfants. Les garçons doivent prier au lieu de jouer dans la rue. »


Parfum, bijoux

Des femmes de Gao, Kidal, Aguelhoc et Tombouctou ont mentionné les restrictions subies dans le Nord. Une femme de Tombouctou a été arrêtée et interrogée par une patrouille de la police islamique car elle portait du parfum. Un officier lui a demandé si elle était mariée et l’a réprimandée :

« Si tu es mariée, pourquoi cherches-tu à attirer d’autres hommes ? »

Plusieurs témoins ont décrit comment la police islamique intimide, flagelle ou frappe les femmes pour leur manière de s’habiller, pour le port de bracelets, de bagues ou d’autres bijoux. Plusieurs résidents ont précisé que la lapidation à mort du couple à Aguelhoc a entraîné la fuite de nombreuses femmes enceintes non mariées du Nord par crainte d’un destin similaire



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