LESRELATIONS
FRANCE-ISRAËL
GLACIALES
Source : nouvelobs.com en ligne
le 3 décembre 2011
France-Israël:
le grand froid
Il faut se méfier des Mémoires. Les diplomates rompus au silence professionnel dévoilent rarement leurs sentiments. Mais Francis Huré a l'esprit frondeur.
Francis Huré reçoit Ben Gourion à l'ambassade de Tel-Aviv, en 1970. (Coll. personnelle Francis Huré - Editions de Fallois) Francis Huré reçoit Ben Gourion à l'ambassade de Tel-Aviv, en 1970. (Coll. personnelle Francis Huré - Editions de Fallois)
Il faut se méfier des Mémoires. Les romanciers romancent. Les hommes politiques sélectionnent. Les diplomates rompus au silence professionnel dévoilent rarement leurs sentiments. Mais Francis Huré a l'esprit frondeur. Diplomate de carrière, longtemps ambassadeur, il a souvent rêvé d'oublier les précautions et les non-dits du langage diplomatique.
Il raconte librement, à sa manière, ce qu'il a vécu, ressenti, compris quand il était en poste et qui ne passait jamais dans ses dépêches au Quai-d'Orsay. Il adore repérer le détail qui tue, décrire un visage qui s'assombrit, noter la phrase qui fera date. Se souvenir d'un moment d'émotion. Et s'amuser, au passage, des épisodes triviaux ou glorieux d'une vie d'ambassadeur.
Pour régler le dilemme entre l'exactitude historique et son indépendance, Francis Huré a choisi la distance et l'humour. De 1968 à 1973, il est ambassadeur de France en Israël. Une époque passionnante: l'après-guerre de Six-Jours. De Gaulle parle d'un «peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur». Embargo français. Fuite des vedettes israéliennes bloquées à Cherbourg. Un froid glacial gèle les relations franco-israéliennes. L'ambassadeur de France reste en Israël, mais le voilà au chômage technique. Pour une longue durée. Il en profite pour découvrir Israël. Il voyage, s'émeut à Tibériade, dans les ruelles de Safed...
Il rencontre aussi beaucoup de monde. Voici Golda Meir, «mère atrabilaire et possessive» qui ne dit pas «mon peuple» mais «mes enfants» et demande seulement, après le raid israélien sur l'aéroport de Beyrouth: «Les garçons sont-ils bien rentrés?» A Sde Boker, son kibboutz du désert, Ben Gourion, vieux chef pathétique et désabusé, s'inquiète: comment est mort de Gaulle? A Paris, le nouveau président Georges Pompidou confirme, «avec l'oeil noir et sévère du maître d'école», que la politique de la France vis-à-vis d'Israël ne changera pas.
Ce récit à la fois ironique et brillant éclaire et explique, sous un angle nouveau, un moment clé de l'histoire compliquée des relations franco-israéliennes.
Josette Alia
Martin en Israël,
par Francis Huré,
de Fallois,
156 p., 18 euro
Revue de presse, panorama du monde, blog de lutte contre l'antisémitisme et le racisme, ouvert au dialogue, l'autre image d'Israël, la culture juive à la rencontre de toutes les cultures, le monde juif tel qu'il est.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire