ISRAËL
CONFRONTE
ALAVIOLENCEDES
COLONSJUIFS
Source : lepoint.fr en ligne
le 16 décembre 2011
Israël : la dérive des "jeunes des collines"
De jeunes colons religieux refusent de quitter leurs installations illégales. Ils s'en prennent désormais à l'armée israélienne.
On les appelle les "jeunes des collines", en hébreu "Noar Ha Gvaot". Ce sont des adolescents juifs entre 15 et 17 ans ou plus vieux, entre 20 et 30 ans, qui étudient dans les écoles talmudiques les plus radicales du mouvement de colonisation. Certains habitent ce que les autorités israéliennes appellent des "avant-postes". Ces nouveaux points de colonisation construits en Cisjordanie sans autorisation du gouvernement. Là, ils se regroupent à quelques dizaines, vivant dans des caravanes délabrées, des maisons faites de panneaux agglomérés. Ces filles et ces garçons se réclament tous de l'enseignement de rabbins ultranationalistes. Pour eux, l'installation de Juifs sur l'ensemble de la terre d'Israël - et donc en Cisjordanie - est un événement messianique et toute évacuation par l'armée de colons juifs irait à l'encontre de la volonté divine.
Problème, la loi internationale telle qu'elle est interprétée par les juristes israéliens n'autorise l'installation de colonies que sur des terres domaniales et interdit la construction sur des terrains privés. Saisie par des propriétaires palestiniens, la Haute Cour de justice a donc ordonné la destruction d'un certain nombre de ces "mini-colonies". C'est une hérésie pour les "jeunes des collines", qui luttent contre toutes les tentatives de détruire tout ou partie d'un avant-poste, en faisant, selon leur expression, "payer le prix aux Palestiniens" : mosquées profanées, voire incendiées, oliviers déracinés, villageois molestés. Rien ne les a arrêtés dans leurs opérations de représailles, d'autant plus que très peu parmi les auteurs de ces attaques ont été traduits en justice.
Officiers visés
Depuis quelques mois, ils ont franchi un nouveau seuil et ne s'en prennent plus seulement à la population palestinienne. Désormais, ils attaquent des bases militaires. Au début du mois de septembre, près de Ramallah, ils ont saboté 13 véhicules militaires. Une quinzaine de jours plus tard, dans une autre caserne, sur le même mode opératoire, jeeps sabotées et murs tagués avec cette simple inscription "Ramat Migron", le nom du point d'implantation où des militaires étaient venus détruire quelques bâtiments. Le scandale, surtout médiatique, avait duré à peine 24 heures. Les Israéliens avaient d'autres chats à fouetter, et notamment la demande d'adhésion à l'ONU de l'Autorité palestinienne contre laquelle le gouvernement Netanyahou avait mobilisé toutes ses forces.
En revanche, depuis mardi matin, l'émotion s'est emparée du pays et de ses responsables politiques, députés ou ministres. Une poignée de jeunes s'est infiltrée dans une base située près de Naplouse et ne s'est pas contentée de vandalisme. Elle a attaqué à coups de pierres des militaires, y compris des officiers supérieurs, dont l'un a été légèrement blessé. Insupportable profanation d'un des symboles les plus forts de l'État d'Israël ! Depuis, la polémique ne cesse d'enfler. Avec comme première cible des critiques : le gouvernement et le système judiciaire. Le premier accusé d'avoir laissé le champ libre aux extrémistes de droite, que ce soit pour des raisons idéologiques ou pour des calculs électoralistes. Les tribunaux et la police sont, eux, vivement critiqués pour leur indulgence envers les suspects juifs.
Soutien de l'extrême droite
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : sur 642 plaintes déposées par des Palestiniens contre des colons depuis 2005, 91 % ont été classées sans suite, par faute de preuves ou en raison de l'impossibilité d'identifier les délinquants. Ceux qui ont finalement été jugés n'ont subi que des condamnations légères, des peines avec sursis ou des amendes. L'extrême droite accorde un soutien sans faille à ces activistes qui, lorsqu'ils sont arrêtés, bénéficient d'une assistance juridique gratuite et d'une aide financière. Il y a aussi ce fascicule publié par Noam Federman, un ancien d'un mouvement raciste interdit en Israël dans le cadre de la loi antiraciste. Sous le titre "Connais tes droits", le livret contient des consignes précises sur le comportement à avoir lors des interrogatoires de police ou face aux enquêteurs du Shabak, la sûreté générale.
Selon des sources proches des services de sécurité, la "jeunesse des collines" compterait près de 1 500 sympathisants et un noyau dur de 300 membres bien organisés. Leurs noms seraient connus, mais, selon la législation en vigueur, le Shabak ne peut pas les transmettre à la police aussi longtemps que ce mouvement ne sera pas décrété "organisation terroriste". À ce stade, il n'est pas question pour le gouvernement d'adopter une telle mesure.
Armée critiquée
Alors, "des terroristes" ? "Des hooligans" ? "De jeunes anarchistes isolés qui ne reflètent en rien le mouvement des colonies" : depuis mardi dernier, les politiques s'empoignent sur la façon de qualifier l'extrémisme juif ! Mais la tempête atteint aussi les rabbins du mouvement nationaliste religieux. Certains accusent le gouvernement d'être responsable de la situation, faute de légaliser les avant-postes dont la destruction a été ordonnée par la Haute Cour de justice. D'autres leaders religieux parlent de petits groupes d'irresponsables qui portent atteinte à l'immense majorité du mouvement religieux nationaliste. Des généraux de réserve ont, eux, critiqué l'armée : aucun des jeunes colons lors de la dernière attaque contre une base militaire n'a été capturé. Que se serait-il passé si les assaillants avaient été palestiniens ?
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