QUELSLEADERS
POURCEMONDE
TOURMENTE?
DIASPORABLOG
accueille...
PHILIPPE MEYER
Directeur de publication
de la revue
"INFORMATION JUIVE"
Crises de leadership
par Philippe Meyer
Dix ans après les attaques du 11 septembre, onze ans après le déclenchement de la deuxième intifada, dix ans après l'éclatement de la bulle internet, six ans après le rejet du projet de Constitution européenne, le monde ne tourne plus comme avant. Les crises de toute sorte se sont multipliées, et l'histoire semble s'accélérer. Terrorisme, scandales financiers, crise des finances publiques, catastrophes écologiques, guerres et conflits, etc., chaque jour les médias nous alimentent avec des images fortes, et les discours politiques se revendiquent des crises pour légitimer leurs promesses de changement. Mais les résultats tardent à venir.
Aux Etats-Unis, l'administration Obama est empêtrée avec une impuissance qui fait peur dans une crise économique qui ne faiblit pas et dans une gestion pour le moins hésitante et hasardeuse de révolutions arabes qui ont certes sanctionné des leaders contestables, mais qui ont dans le même temps laissé un vide sidéral et à hauts risques.
Et que dire de l'Europe qui n'en finit pas de se noyer dans une crise de la dette publique sans précédents ? Au-delà des rustines qui sont posées ici ou là, la vraie solution est politique, et elle ne vient pas. Que de réunions d'urgence et sommets exceptionnels qui n'ont pas réussi pour l'instant à ne sauver que l'un des plus petits pays de la zone euro et éviter une implosion de tout l'édifice européen face aux égoïsmes et aux frilosités. En vain.
Le Proche Orient pour sa part n'est pas en manque de faiblesses politiques qui empêchent le retour à une stabilité et une sécurité attendues depuis si longtemps. Du coté palestinien, la lâcheté, le double langage et l'ambigüité empêchent toujours la crédibilité et la légitimité d'une vague autorité palestinienne face un pouvoir criminel du Hamas qui demeure puissant et droit dans ses bottes. Mais la démocratie israélienne, qui doit lutter sans faiblir contre une montée inquiétante des menaces à ses frontières, souffre également d'un pouvoir contesté de l'intérieur et qui ne pourra sortir que plus affaibli d'une crise sociale sans précédent dans l'histoire du pays.
Quant à l'initiative palestinienne à l'ONU, quelle que soit son issue encore incertaine à l’heure actuelle, comment imaginer une seule seconde qu'elle eut été possible avec un pouvoir américain fort, respecté et charismatique d'une part, et avec un pouvoir européen uni, responsable et insensible à des pressions démographiques ou des intérêts économiques d'autre part ? Même si des efforts de dernière minute et le veto américain au Conseil de sécurité permettront très certainement de bloquer la réalisation effective de cette folie, la faiblesse des uns et la lâcheté des autres auront fait courir des risques majeurs pour l'existence même de l'Etat d'Israël. C'est là une leçon vitale qu'il faudra tirer pour l'avenir.
Bien des crises sont le résultat d'une accumulation de décisions ou d'erreurs humaines qui, par un concours de circonstances, se transforment en une crise. Mais c'est le devoir et la responsabilité des dirigeants que de trouver les solutions qui s'imposent et de les appliquer, aussi douloureuses soient-elles. Le mot crise vient du grec Krisis qui signifie choix, jugement, débat. Dans les situations de crise, on espère qu'un leader saura prendre les choses en main. Mais le leadership peut être lui-même la source d'une crise, comme il peut ne pas en être le miracle attendu.
Les crises de leadership n'ont pas commencé hier et reflètent l'évolution des sociétés. Ici, une démographie vieillissante, s'installant dans une paix considérée comme acquise et qui devient plus soucieuse d'un conformisme et d'un conservatisme plutôt que de réformes et d'audaces. Là, des populations fatiguées par des années de conflits et de terreur et dont le degré d'exigence montre des failles. Partout, des alternances politiques qui se sont accélérées et qui, face aux contraintes de la réalité d'un monde de plus en plus complexe et interdépendant, ont finalement gommé des différences de perspectives et de moyens pour les atteindre. Or ce sont ces divergences qui obligeaient à la rigueur, l'imagination et la qualité. Quand les enjeux d'un choix politique deviennent moins criants, les résultats de la compétition s'en ressentent.
Ce ne sont plus les discours qui doivent compter, mais les actes. Ce ne sont plus les démagogies qui doivent prévaloir mais la vérité. Ce ne sont plus les petits calculs politiciens qui doivent l'emporter mais la vision stratégique. Et sans compter que cette crise des leaderships menace de s'étendre aux autres échelons de la représentation de la société, qu'elle soit politique, économique ou associative.
Alors même que les incertitudes et les peurs ont rarement été aussi grandes, le courage, la responsabilité, et la vérité doivent rester au cœur de l'action. Sinon, il y a danger.
Dans un monde où le savoir circule vite et partout, les peuples ont soif de propos et de décisions crédibles et rassurantes. S'ils ne les obtiennent pas des élites choisies pour les représenter et les guider avec légitimité et fierté, c'est la démocratie elle-même qui sera en risque. A l'approche d'échéances politiques majeures tant en Europe qu'aux Etats-Unis, gageons que le sursaut ne tardera pas trop.
Revue de presse, panorama du monde, blog de lutte contre l'antisémitisme et le racisme, ouvert au dialogue, l'autre image d'Israël, la culture juive à la rencontre de toutes les cultures, le monde juif tel qu'il est.
1 commentaire:
voici l'analyse qu'on fait outre Atlantique, faites en ce que vous en voulez. Oui bien sur on a besoin de parler vrai Et d'un leadership courageux prêt a s'opposer au populisme. Il faut remettre de l'ordre dans l'Europe car l'UE Elargie est ingouvernable dans sa structure actuelle. Elle est le fruit dune illusion politique qui n'a pas de base économique viable. Deux choix possibles: soit depasser nos réticences et s'unir en une seule entité politique et économique soit se séparer des pays ayant un trop grand écart économique. Un choix difficile et impopulaire. Cela peut se passer maintenant, calmement et sans violence, ou quand tous seront epuises
Enregistrer un commentaire