"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma  Ed Universlam


CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

mardi, juillet 26, 2011

ENMARGE
DUMASSACRE
AOSLOLEXPANSION

DELEXTRÊME-DROITE
DANSLERHÔNE
Source : lenouvelobs.com en ligne
le 26 juillet 2011



Lyon :
comment l'extrême-droite
tisse sa toile


EXTRÊME DROITE.


La ville de Lyon, de tradition plutôt centriste, connait son lot d'illuminés. Un militant antifasciste, impliqué dans la lutte contre l'extrême droite locale, nous raconte comment les franges les plus radicales de la droite nationaliste tissent leur toile, entre violence et flair médiatique.

Sélectionné et édité par Maxime Bellec

Vous avez entendu parler du film La Vague ? Aujourd'hui à Lyon, une bande de jeunes excités renouvelle l'expérience.



Lyon, théâtre de multiples agressions



Lyon a un temps été l'épicentre d'une extrême droite intellectuelle ancrée dans le traditionalisme, avec de nombreux négationnistes. Mais, alors qu'on croyait les traditions remises en cause par un nouveau FN new look, avec Marine Le Pen comme égérie, les vieux démons resurgissent.


Petit aperçu d'un certain "dynamisme militant" à Lyon :

- 22 janvier 2010 : une manifestation d'organisations de gauche opposées à la venue d'Eric Besson à la Préfecture à l'occasion du débat sur l'identité nationale est attaquée par une dizaine de militants d'extrême droite cagoulés criant "la France aux Français" avec un drapeau national, et au moins une chaine de vélo. Résultat : des coups échangés et une jambe brisée.

- 6 mars 2010 : agression de trois militants syndicalistes par une douzaine d'individus dans le Vieux Lyon à la sortie d'un restaurant. Bilan : une dizaine de jours d'ITT pour le plus atteint.

- 18 juin 2010 : à la suite du match Algérie-Angleterre lors de la Coupe du Monde, une soixantaine d'individus défilent dans le Vieux Lyon aux cris de "One, two, three, retourne en Algérie" derrière un drapeau à croix celtique. La police intervient, alors qu'ils ne s'attaquent à des commerces.

- 8 décembre 2010 : après dispersion du défilé des "Petits Lyonnais", association-écran des identitaires, un jeune homme portant un pin's Che Guevara est attaqué dans le vieux Lyon, 45 jours d'ITT.

- 15 janvier 2011 : à la sortie d'un concert, un couple est attaqué par un groupe de hooligans lyonnais pour des raisons politiques. Les deux victimes cumulent plus d'une centaine de jours d'ITT. C'est l'agression la plus violente répertoriée.

- 9 avril 2011 : à la suite d'une manifestation contre le fascisme, des amis se retrouvent pour boire un coup à Saint-Jean et sont attaqués place du Change, à deux pas du local identitaire par une quinzaine de personnes armées de barres de fer. L'une des victimes écope de 21 jours d'ITT.

- 14 mai 2011 : à la suite d'une manifestation des identitaires dans le vieux Lyon, trois kebabs sont attaqués, de nombreux slogans racistes et néo-nazis sont entonnés. La police intervient sur 80 manifestants. Dans la soirée, de nombreux lieux alternatifs et des personnes sont attaqués au hasard. Au moins trois personnes finissent à l'hôpital. A ce jour, aucune inculpation n'est en cours.


Certaines mauvaises langues insinueront qu'il s'agit là de quelques affrontements isolés. Il faut cependant sortir des sentiers battus de l'information.



Dans l'analyse du cas lyonnais, il est important de distinguer deux noyaux militants.



1. Les Identitaires, formation radicale mais médiagénique



Les Identitaires à St-Jean sont indéniablement LE phénomène médiatique. Connus à Lyon sous plusieurs noms : les Jeunesses identitaires, ou Rebeyne pour les intimes, Bloc identitaire pour les plus âgés. Cette mouvance a plusieurs facettes :

- Côté cour : ils se présentent comme des jeunes attachés à l'identité de leur ville, sportifs et engagés pour la défendre contre la marchandisation (vous savez, les fast-food) et à l'avancée de l'islam (déjà là, il commence à y avoir anguille sous roche). Ils ont une facilité étonnante à communiquer dans les médias, l'été 2010, le Progrès leur accordait même une Une (retirée de leur site depuis) qui en faisait de gentils boyscouts.

- Côté jardin : ces jeunes motivés s'avèrent en réalité être des xénophobes et islamophobes virulents, de véritables ethno-différencialistes (vous savez, l'équivalent moderne du racisme), qui veulent relocaliser les populations, chaque peuple ayant sa terre, chacun chez soi et Dieu pour tous. Et face aux agressions dont ils seraient l'objet de la part de la "racaille", ils s'entraînent à la boxe et au self-défense. L'adversaire désigné : l’étranger ou l’antifasciste. On remarquera que l'implantation de leur local, montée du change, est dans le quartier Saint-Jean, où se sont déroulées la plupart des agressions.

- Enfin, ils théorisent la métapolitique : concrètement, la multiplication des associations-écran pour organiser des évènements culturels, avoir de nombreux sites internet etc. Cela leur permet de couvrir le cœur de leur organisation, et de bénéficier de plusieurs façades.



2. Lyon dissident, la fraction la plus extrême


Lyon Dissident est la structure la plus opaque selon nous, mais aussi la plus dangereuse.

Ce groupe est aussi connu des supporters lyonnais, et son noyau dur est connu sous le nom de Bunker Korps Lyon. Déclaré en préfecture sous le nom Rock’n’Gone, il louait un local à Gerland, impasse de l'asphalte.


Leur local, fermé depuis, abritait un groupe de supporters politisés qui se sont diversifiés petit à petit : des banderoles et de la retransmission des matchs pour les interdits de stade, ils sont passés aux concerts de RAC ou RIF, rock identitaire ou anticommuniste, virulents, souvent racistes. Le noyau dur de supporters s'est enrichi d'un groupe de musiciens appelé "Match retour", très proches de Blood and Honour.

Même s'ils nient énergiquement leur caractère néo-nazi, ils s'affirment patriotes et entretiennent des liens avec d'autres locaux très marqués : le Local à Paris, tenu par Serge Ayoub, alias Batskin, national-révolutionnaire à la réputation sulfureuse ayant même l'honneur d'une page Wikipédia ; le Vlaams Huis, maison identitaire lilloise très "réputée" dans la métropole ; ou encore avec le Front Comtois. Toutes ces organisations sont présentes au Comité du 9 mai, lors d'une marche annuelle en l'honneur de Sébastien Dezieu, où se rend la crème des skinheads français.

La particularité de ce groupe est d'être aussi très proche de "marginaux" du FN ou du FNJ : le plus célèbre est Alexandre Gabriac, élu régional FN (exclu depuis pour une bête photo de soirée), adhérent à l'Oeuvre Française (groupuscule d'extrême droite antisémite, fascisant, proche du pétainisme et des phalanges espagnoles).

Mais ce n'est pas tout : on a ainsi pu voir sortir il y a quelques mois sur certains blogs une photo de Marine Le Pen avec deux crânes rasés habitués du local, l'un serait batteur du groupe Match Retour, l'autre portant un sweat avec une totenkopf...

Ce groupe épaule régulièrement les jeunesses identitaires dans leurs actions de rue. Leur devise : "Lyon le Melhor", à la fois devise et blason de Lyon Dissident, et adresse internet des jeunes identitaires.

Le Bunker Korps Lyon a été suspecté dans de nombreuses agressions, dont la plus importante à Villeurbanne (80 jours d'ITT pour chacune des victimes) a donné lieu à divers rebondissements.

La force de ces deux groupes est d'avoir réussi à brouiller les pistes : alors que sur le terrain ils coopèrent, ils ont parfois des différends. En vérité, les Identitaires sont plutôt ceux qui ont le vent en poupe, qui recrutent grâce à leur stratégie de "polissage", tandis que les autres entretiennent la flamme radicale et violente.

Derrière ce constat de terrain, il y a aussi un héritage : celui de François Duprat (mort en 1978, co-fondateur du FN), pour qui derrière un mouvement d'extrême droite - même dé-fascisé -, l'ensemble de la grande famille de l'extrême droite, chaque groupuscule peut progresser.

C'est cela qui justifie toutes les coopérations entre les différents groupes sur le terrain. Cette coopération se ressent aussi sur internet.

La difficulté est de prouver les liens entre la violence politique et raciste constatée à Lyon depuis deux ans, et ces deux groupes. A mon sens, l'un ne va pas sans l'autre.



Un contexte plutôt propice aux débordements

Ces actions s'inscrivent dans un climat assez particulier, où la droite tente d'occuper le terrain de l'extrême droite pour régénérer sa force électorale.

Il y a d'abord eu ce débat sur l'identité nationale, qui a peu à peu débordé, jusqu'à ce que les responsables du débat reconnaissent leur échec et arrêtent le carnage. Étrangement, la première action violente spectaculaire de l'extrême droite à Lyon a lieu à ce moment-là...

Ensuite, on découvre que le conseiller politique de Sarkozy le plus écouté en cette période pré-électorale, est un ancien rédacteur de Minute, journal d'extrême droite (à ne jamais confondre avec 20 minutes...). Enfin, nos ministres se lâchent un peu sur les "Auvergnats", ou ont des problèmes de statistiques.


Quel est le lien, me direz-vous ?

C'est vrai qu'entre des bastonneurs et l'UMP, le lien n'est pas évident, seulement voilà : il y a une convergence au moins symbolique entre la droite et l'extrême droite. L'apéro saucisson-pinard des Identitaires a fait son entrée à l'Assemblée grâce à la "blague" et l'humour de quarante de nos députés.

L'initiative de la Droite populaire à l'Assemblée est une démonstration de plus, selon moi, de la manière dont l'UMP et ses satellites recyclent l'extrême droite racialiste... Des thèses ethno-différentialistes qui abreuvent le discours des Identitaires, qui continuent à réfuter toute forme de multiculturalisme.

Bien sûr, la plupart de nos concitoyens ne connaissent que le Front national et sa dynastie Le Pen : ils ont même une tendance à faire de plus en plus confiance au FN depuis son processus de lissage idéologique.

Et comme l'UMP s'attèle à "blanchir" ses idées, les digues cèdent une à une. L'UMP joue avec les allumettes, et se rapproche de la flamme comme un insecte aveuglé par la lumière. Le phénomène n'est pas spécifiquement français, mais européen.

Il y a aussi une infiltration des milieux politiques "classiques" qui est inquiétante : cela est particulièrement visible dans le documentaire Europe, ascenseur pour les fachos. On y voit une volonté d'entrisme dans la droite traditionnelle, le caractère martial des Identitaires, associés aux néo-fascistes italiens.

De plus, Bruno Larebière, l'un des conseillers en communication de Frédéric Nihous (CPNT, associé à l'UMP) est un (ancien?) dirigeant du Bloc identitaire. Plus grave, un des invités de l'UMP du colloque sur l'immigration, Jean-Paul Gourévitch, était aussi présent à la tribune des "Assises de l'islamisation" (organisées par les Identitaires). Réunion qui a failli être interdite par son caractère incitatif à la haine raciale.


La frontière entre les deux droites s'effrite

Mon inquiétude réside dans le fait que la droite, plutôt que d'opposer un barrage à l'idéologie d'extrême droite, préfère lui courir après pour mieux lutter contre... Là où le bruit et l'odeur était une anecdote truculente entre le fromage et le dessert, un large pan de la droite parlementaire fait montre d’une obsession sur les binationaux, l'islam et l'immigration, ou encore les jeux de mots et autres manipulations statistiques ministérielles. Là où la droite prenait autrefois une longue cuillère pour dîner avec le diable, Sarkozy et l'UMP lui courent après.

Je pense donc que nous devons tous - de droite ou de gauche - rester vigilants face à cette vague de repli identitaire.

Leurs méthodes ont beaux être différentes, les idées restent identiques et néfastes. Il faut maintenir les digues qui nous protègent de ce genre de vague, sous peine d'accidents sociétaux graves.

Il est temps de sortir du silence, sinon ils se chargeront un jour de nous faire taire. L'actualité norvégienne est venue nous le rappeler. Ce n'est pas que l'acte d'un déséquilibré : son idéologie se cache derrière les bons mots d'une droite plus populiste que populaire.


No pasaran ! Ni aujourd'hui, ni demain.



Auteur parrainé par Maxime Bellec

Aucun commentaire: