TROUBLES
AUPARTITRAVAILLISTE
ISRAELIEN
Source : Guysen International News
en ligne le 25 décembre
Les travaillistes (encore)
en bouleversement et quête
de crédibilité
Par
Roxane Tran Van
pour
Guysen International News
La musique commence à devenir habituelle et lassante pour les militants du parti travailliste israélien : guerre des chefs, éternels comebacks et aucun progrès sur la crédibilité de son programme. Dernier épisode en date : le probable retour de Amram Mitzna récemment libéré de ses fonctions de directeur du Conseil Régional de Yéhoram. Une idée qui n’enchante pas tout le monde et dont chacun essaie de tirer profit.
Amram Mitzna, ancien dirigeant du parti travailliste, a déjà été sollicité par certains responsables politiques. Paradoxe: c’est celui qui l'a évincé de la direction en 2003 qui lui demande aujourd'hui de venir réunifier le parti. En effet le ministre de l'Industrie, Benyamin Ben Eliezer, a considéré que M. Mitzna était le seul à pouvoir sortir le parti de l'impasse dans laquelle il se trouve actuellement.
Les luttes personnelles pour le pouvoir paralysent le parti qui se trouve divisé entre les partisans de ses différentes personnalités phares: le ministre des Minorités M. Braverman, le ministre des Affaires sociales M. Herzog et le dirigeant du parti, M. Barak. Dans le même temps, les sondages prédisent une défaite historique de la formation politique qui a dirigé le pays, presque sans partage, pendant ses trente premières années.
Ayant quitté la politique nationale pour se concentrer sur le Conseil régional de Yéhoram, au sud de Beer-Sheva, M. Mitzna ne dispose d'aucun soutien au parti travailliste. Bien que le ministre de l'Industrie en appelant au retour de celui-ci cherche à montrer à ses partisans la marche à suivre, il n'est pas certain que ces derniers soient prêts suivre les consignes.
M. Mitzna avait essuyé l'un des plus importants échecs du parti face à Ariel Sharon lors des élections de 2003. Plusieurs militants lui en tiennent d'ailleurs rigueur et estiment que s'il a déjà échoué une fois, cela se reproduira. Ce retour provoquerait une véritable "catastrophe" selon ces derniers. S'il venait toutefois à reprendre les commandes du parti, ce serait le résultat d'un "vote sanction" à l'encontre de M. Barak et non pas une volonté des travaillistes de le voir à leur direction, estiment-ils.
Pour le ministre des Minorités Avishaï Braverman, la réapparition de M. Mitzna à son ancien poste desservirait le regroupement politique. "Le parti travailliste ne peut pas tant se pencher vers la gauche, il risquerait ainsi de perdre ses électeurs centristes, qui constituent la majorité de l'opinion publique", a-t-il précisé.
De son côté M. Herzog, ministre travailliste des Affaires sociales et qui dispose comme A. Braverman d'un large soutien au sein du parti, ne s'est pas montré réticent face à la candidature de M. Mitzna. Il a cependant déploré les manœuvres de MM. Ben Eliezer et Barak pour favoriser son retour.
De plus, des membres du parti contactés par Guysen soutiennent, sous couvert d’anonymat, que son action au Conseil de Yéhoram ne prouve en rien ses capacités de leader de parti. Il existe en effet une différence colossale entre la direction d'un Conseil Régional et celle d'un parti qui a vocation à diriger le pays. Le Conseil de Yéhoram administre d'ailleurs une très petite région. Ainsi M. Braverman déclarait : "M. Mitzna est un homme très bien (…) mais je ne pense pas qu'il ait les capacités nécessaires pour s'imposer sur l'échiquier politique".
M. Mitzna peut toutefois se targuer d’avoir eu le mérite de s'être consacré quatre ans durant au développement d'une petite ville du Sud au détriment de la politique politicienne.
Si son bilan à Yéhoram reste largement satisfaisant, les habitants de Haïfa sont encore mitigés face à l'action de l'ancien maire de leur ville : M. Mitzna n'a pas réussi à préserver l'environnement de la localité selon les citadins. Ils lui reprochent notamment d'avoir accordé de trop nombreux permis de construire à des hôtels sur le littoral et d'avoir ainsi "bétonné" la ville.
Pour certains, la crise que traverse actuellement le parti travailliste est une affaire d'hommes. Mais pour d'autres il s'agit d'un véritable problème de fond. Le principal problème reste que le rassemblement politique n'a aucun programme de gouvernement et ne représente donc pas une alternative crédible face à la droite.
Le parti travailliste a en effet eu à subir la difficile épreuve de faire partie d'un gouvernement majoritairement à droite ce qui l'a discrédité auprès de ses électeurs. Nombreux sont ceux qui ne pardonnent pas ce choix. Selon ces militants, après que la liste conduite par Ehoud Barak ait perdu les élections, elle aurait plutôt dû rejoindre les rangs de l’opposition, comme les électeurs en avaient décidé.
A l’époque, ces mêmes militants avaient reproché à E. Barak de vouloir rester au ministère de la Défense afin de ne pas avoir à affronter des élections internes à son parti si celui-ci rejoignait l’opposition parlementaire. Des primaires auraient en effet très probablement sonné la fin de son leadership.
Par ailleurs le parti s’est également discrédité en raison du bilan de son action : rien de ce qui devait être accompli ne l'a été. Traditionnel partisan de l'aide aux défavorisés et militant pour le processus de paix, il n'a réussi à atteindre aucun de ses objectifs.
Des analystes présentent pour leur part la volonté d'Ehoud Barak de faire revenir l'ancien dirigeant comme une manière de réagir à l'interruption des pourparlers entre Israël et l'Autorité Palestinienne en donnant l’illusion d’un retour des ‘‘colombes’’ au sein du parti.
Le comeback de M. Mitzna serait ainsi un moyen de détourner l'attention des électeurs de l'échec des négociations. Mais si Ehoud Barak fait les yeux doux à Amram Mitzna, il n’est en revanche pas disposé à lui céder sa place de numéro un.
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