LECANTIQUE
DESCANTIQUES
VUPARDEUXPEINTRES
DEXCEPTION
Source : lacroix.com en ligne le 24 décembre
Double regard
sur le Cantique des Cantiques
A travers les interprétations de Chagall et de Kupka, le Musée Marc-Chagall de Nice souligne la dimension universelle du poème biblique
CHAGALL, KUPKA,
DEUX VISIONS
DU CANTIQUE DES CANTIQUES
Musée Marc-Chagall,
Nice
L’un est juif et croyant, l’autre anarchiste et hostile aux religions. Pourtant les peintres russe Marc Chagall (1887-1985) et tchèque Frantisek Kupka (1871-1957) ont un point commun : leur passion pour le Cantique des Cantiques.
Jusqu’au 14 mars, le musée niçois Marc-Chagall met en perspective leurs visions contrastées de ces 117 vers, intégrés à la Bible bien que le nom de Dieu n’y soit pas mentionné. Un texte dans lequel une bien-aimée, la Sulamite, et son amant chantent leur amour, dans un langage érotique.
La tradition juive y décèle une allégorie de l’alliance entre Dieu et son peuple, les chrétiens y voient celle du Christ et de son Église.
Les femmes dansent au son d’une harpe
Au musée Chagall, ces deux interprétations se juxtaposent plus qu’elles ne s’opposent, la version amoureuse de Frantisek Kupka éclairant celle, plus religieuse, de Marc Chagall.
Soixante-deux dessins, prêtés par le musée parisien d’art et d’histoire du judaïsme font découvrir l’intérêt méconnu de Kupka pour ce texte. Précurseur de l’art abstrait, il l’illustre dès 1905, à l’occasion de la mise en scène théâtrale de Jean Bonnefon. Avant de s’atteler à une traduction française, puis hébraïque, aux aquarelles colorées, calligraphiée par ses soins, parue en 1931.
Le graphisme célèbre le désir, la sensualité, le culte de la femme. Les images entremêlées au texte content une vie hédoniste dans le palais du roi Salomon, au décor assyro-babylonien richement orné de motifs géométriques. Voilés de vêtements transparents, les nus féminins abondent. Les femmes dansent au son d’une harpe.
Assis sur son lit, le roi Salomon, nu, convoite une Sulamite au regard songeur. Le rouge souligne les seins des femmes, le luxe des décors, le vert l’abondance de la nature.
L’universalité d’un texte inclassable
Chez Chagall, point de chronologie mais une évocation exaltée de l’amour humain et divin à travers cinq tableaux (Le Cantique des Cantiques I à V), peints de 1957 à 1966. Seuls dix-huit des 40 dessins préparatoires (crayon, pastel ou encre de chine) sont exposés.
Fragilité des pastels oblige, l’ensemble défile sur un écran, affaiblissant le propos. Entre traits épurés et essais de couleur, Chagall tâtonne. Les masses jaunes, oranges ou mauve cèdent la place au rose et au rouge, symboles de la passion.
Ces épreuves esquissent les formes rondes de la composition et des références religieuses finales : l’âne, intermédiaire divin qui transporte les amants, la mariée, symbole du lien amoureux sanctifié par Dieu, les toits de Jérusalem. À travers ces interprétations variées ressort l’universalité d’un texte inclassable.
Corinne BOYER
Exposition jusqu’au 14 mars à Nice, musée Marc-Chagall. Ouvert de 10 heures à 17 heures sauf mardi. Fermé le 25 décembre et le 1er janvier.
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