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Source : le site universalis via Rue89.com
en ligne le 28 novembre
Utopia revient sur sa décision
de déprogrammer un film israélien
La décision du réseau de salles de cinéma Utopia de déprogrammer le film israélien « A cinq heures de Paris » de Leon Prudovsky, pour protester contre l’offensive de Tsahal contre la flottille de la paix, a provoqué stupeur et incompréhension dans le monde du cinéma. Pourquoi refuser de diffuser un film sans aucune portée politique au seul prétexte de sa nationalité ?
Anne-Marie Faucon, co-responsable d’Utopia, avait ainsi justifié le boycott :
« Notre démarche est un appel à la réflexion et à la liberté. C’est aussi un message aux réalisateurs israéliens, pour les inciter à réfléchir à ce qui se passe dans leur pays. Les cinéastes qui travaillent avec des fonds israéliens cautionnent, dans un sens, la politique de leur pays. »
A la place du film initialement prévu, Utopia avait reprogrammé « Rachel » de Simone Bitton, une enquête sur les circonstances de la mort de Rachel Corrie, militante américaine tuée dans la bande de Gaza en 2003.
« Marga » et « A cinq heures de Paris » seront diffusés
Profondément heurté par cette décision, le réalisateur Ludi Boeken, dont le film « Marga », l’histoire de Justes allemands, était programmé dans ces mêmes salles, a d’abord décidé de l’en retirer. Dans un communiqué datant du 7 juin, il écrit :
« La décision de ce réseau de salles d’exclure un film israélien en raison de la politique de son gouvernement est d’autant plus injustifiable que le public français a pu voir, depuis dix ans, les œuvres courageuses et contestataires réalisées par les cinéastes israéliens. Tout le contraire de films de propagande.
Ces films sont financés en partie par un fond public (Israel Film Fund) attaqué sans cesse par la droite israélienne et encore récemment pour avoir financé le film “Ajami”. »
Pourtant, après une « longue » discussion avec les responsables d’Utopia, Ludi Boeken a accepté de revenir sur sa décision. « Marga » sera bien diffusé dans les salles d’Utopia comme… « A cinq heures de Paris », le fameux film déprogrammé.
« Est-ce qu’on a bien fait ? Je n’en sais rien »
Contactée par Rue89, Anne-Marie Faucon explique qu’Utopia n’a jamais eu l’intention de déprogrammer définitivement le film de Leon Prudovsky et évoque une mauvaise compréhension de la décision de le retirer des salles :
« C’était une réaction à chaud par rapport à ce qui se passait en Israël. A chaque fois qu’on fait un débat sur le Proche-Orient, personne n’en a jamais rien su. A une autre échelle, quand l’ONU prend des résolutions, tout le monde s’en tape !
Là, on s’est dit qu’il fallait se faire entendre. Ça a marché. Est-ce qu’on a bien fait ? Je n’en sais rien, mais c’est la première fois, en trente ans, que la presse se mobilise pour quelque chose qu’on fait.
On ne boycotte pas le cinéma israélien, on bloque ponctuellement un film pour des raisons médiatiques. »
Dans un texte co-signé par Utopia et Ludi Boeken, Anne-Marie Faucon reconnaît avoir retiré le film un peu rapidement :
« Il nous a semblé que, citoyens de base, animateurs d’un cinéma, le seul moyen pacifiste et visible qui était à notre portée pour attirer l’attention et dire notre désapprobation était la déprogrammation d’un film, là par hasard, produit avec l’aide de l’organe de production officiel d’Israël.
Ce que le réalisateur de “Marga” nous a appris, c’est que la droite et l’extrême droite israéliennes s’attaquent à ce fond et contestent la trop grande liberté d’expression des réalisateurs. Il est probable que la connaissance de cet état de fait aurait pu influer sur notre décision… »
Un débat sur le cinéma israélien sera organisé bientôt par Utopia. Une occasion de voir plusieurs films israéliens, dont « A cinq heures de Paris ».
Zineb Dryef
Rue89
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