ELOGE
AITZHAKRABIN
Source :
pierrekanuty.blog.nouvelobs.com
en ligne le 8 novembre
Rabin nous manque
15 ans déjà... 15 ans déjà que Yitzhak Rabin a été assassiné par un extrémiste israélien. L'ancien héros des guerres d'Israël était devenu un héros de la paix des braves dont le symbole avait été la poignée de main avec l'ennemi d'hier, Yasser Arafat sur la pelouse de la Maison Blanche sous les auspices de Bill Clinton.
C'était un week-end. Je rentrais d'un bar dans la nuit et je constatais que France Info émettait un journal en dehors des horaires habituels, donc il se passait quelque chose. On ne tarda pas à savoir : le Premier ministre travailliste avait été victime de coups de feu.
Le climat de haine anti-Rabin à cause du processus de paix était alors nourri en Israël par l'extrême droite, les intégristes religieux et le Likoud. Il faut se souvenir qu'à cette époque, les manifestants de droite arboraient des affiches avec Rabin grimé en Arafat et en officier de la SS, comme ils le firent quelques années plus tard contre Ehud Barak... Tout ça pour qu'un jour deux peuples vivent en paix.
L'assassinat de Rabin par un extrémiste de droite fit, d'une certaine manière, entrer Israël un peu plus dans la normalité des Etats. La barbarie n'épargne décidément aucune nation.
Ceux qui connaissent bien Israël savent que la société est très violente et pas seulement à l'égard des citoyens arabes ou des Palestiniens. Il n'y a qu'à lire la presse qui est plus dure avec la politique du gouvernement qu'on ne l'est ici parfois.
Rabin et Arafat avaient connu la phase la plus dure de l'Histoire de leurs deux nations respectives. D'ailleurs l'Internationale socialiste avait été, durant les années 70 et 80 l'un des très rares lieux où israéliens et palestiniens pouvaient se parler et travailler ensemble à la perspective de la paix dans la régions.
Depuis 1995, il y a eu beaucoup de poignées de main, d'avancées et aussi de reculs. Les héros sont morts ou fatigués. Arafat est mort et Peres a quitté la gauche.
Aujourd'hui la situation est paradoxale. Les conditions de la paix sont connues. Les moyens d'y parvenir ne sont pas introuvables. Alors pourquoi on n'y arrive pas ?
Rabin disait qu'il fallait lutter contre le terrorisme sans cesser de lutter pour la paix et qu'il fallait lutter pour la paix comme s'il n'y avait pas de terrorisme. Si, comme le disent les défenseurs du Mur, il n'y a plus de terrorisme en Israël, pourquoi alors la paix piétine-t-elle ?
La mort de Rabin a traumatisé les amis de la paix et dans le monde car, avec le recul, on perçoit qu'il n'y a plus de grand leader israélien, dans le sillage du vieux soldat capable de proposer au pays une vision et un chemin pour la paix. Certes, ce sont les circonstances qui souvent font les destins politiques. Reste à se montrer digne de l'héritage de Rabin qui, clairement, manque cruellement. La gauche israélienne a besoin d'un leader et d'un nouveau projet, les Palestiniens ont besoin d'un partenaire honnête et la région a besoin d'un militant de la paix et de la solidarité entre les peuples.
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